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Entre Gilets et jaunes et préfecture, la hache de guerre est loin d'être enterrée

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:57

Depuis plusieurs mois maintenant, le ton est rude entre les services de l'État et les Gilets jaunes de Haute-Loire. Dernier exemple en date avec l'annulation de la manifestation nationale, qui devait se tenir au Puy le 1er juin, ce qui n'a pas empêché les services de l'État de maintenir leur dispositif de sécurité. L'interpellation de certains membres des Gilets jaunes, au réveil, devant femme et enfants, ne devrait guère permettre d'adoucir le ton. Des actions en justice sont d'ailleurs très fortement envisagées par les Gilets jaunes de Haute-Loire qui ont adressé une lettre au nouveau préfet du département, missive que Zoomdici s'est procurée et dont vous pouvez découvrir les grandes lignes ci-dessous. En réaction, nous avons sollicité le directeur de cabinet du préfet Franck Christophe.

"Vous ne voulez rien entendre que ce soit nos revendications, nos demandes ou même une annulation de manifestation. Offrant ainsi un spectacle grotesque ce samedi dans les rues du Puy"
Voici les grandes lignes de la lettre adressée au préfet : "Nous sommes arrivés à un point de non retour. En effet nous constatons que tout dialogue est impossible. Nous avons demandé une rencontre qui nous a été refusée, nos communiqués ne sont pas pris en compte comme ils devraient l'être; la révélation de la répression policière devient diffamation...
Nous ressentons le même mépris de votre part que celui affiché par notre président, sans le moindre effort de dissimulation. Vu la situation actuelle il a de quoi regretter certains gestes et paroles.
Vous ne voulez rien entendre que ce soit nos revendications, nos demandes ou même une annulation de manifestation. Offrant ainsi un spectacle grotesque ce samedi dans les rues du Puy. Des camions de CRS à n'en plus finir, un canon à eau, des équipes en civil. Pour cette foire, vous avez voulu nous pousser à l'erreur. Provoquant ainsi un affrontement inévitable. Mais vous avez oublié que nous, Gilets Jaunes, respectons tout d'abord le travail des artisans, commerçants, agriculteurs et autres qui sont concernés par beaucoup des revendications que nous défendons. Mais surtout nous veillons à la sécurité de chacun, qu'il soit manifestant ou non".

"Certains préfèrent risquer la sécurité de tous pour montrer l'étendue de leur force, d'autres agissent avec sagesse pour montrer la force de leurs convictions"
"D'où cette annulation au regard du contexte de cette foire. Certains préfèrent risquer la sécurité de tous pour montrer l'étendue de leur force, d'autres agissent avec sagesse pour montrer la force de leurs convictions. Chacun sa stratégie, chacun son éthique. Force et obstination qui ont surtout permis de mesurer le ridicule de la situation.
Soyons honnête vous avez délibérément maintenu un tel dispositif, sachant que l'annulation est bien parue dans les presses locales dès le début de semaine. Vous avez jugé cette déclaration non officielle. Cette situation ce samedi, cet argent dépensé aux yeux de tous, cette image que vous avez donné de notre ville et de notre région, est entièrement due à votre entêtement qui vous a clairement desservi".

"Nous sommes toujours ouverts à l'échange, mais dans le cadre des règles républicaines"
Voilà pour l'essentiel de la missive des Gilets jaunes. Du côté de la préfecture, le directeur de cabinet Franck Christophe s'étrangle à la lecture du courrier : "dire que le dialogue est impossible n'est pas de circonstance : de nombreuses délégations ont été reçues jusqu'en décembre et le jour où le feu a été mis à la préfecture, l'après-midi même, nous avons reçu des représentants des différentes délégations alors on veut bien avoir le dos rond, mais là, c'est trop nous demander".
Quant à la demande d'entretien évoquée, il s'agissait du 9 mai avec environ un millier de manifestants pour défendre la fonction publique au Puy, et seule l'intersyndicale avait été admise à la table du préfet, comme Zoomdici s'en était déjà fait l'écho. "Nous n'avons reçu aucune demande de réception au préalable", réplique le directeur de cabinet, "si ce n'est celle de l'intersyndicale qui nous avait saisi une semaine auparavant mais les Gilets jaunes ont exigé de voir le préfet seulement sur le pas de la porte et à l'instant T. Nous sommes toujours ouverts à l'échange, mais dans le cadre des règles républicaines comme nous le faisons au quotidien avec divers acteurs. Ce n'est même pas une question de protocole, mais plutôt de courtoisie et de savoir-vivre". 

"Jusqu'à preuve du contraire, on ne peut que très moyennement se fier aux réseaux sociaux"
Pour Franck Christophe, le problème c'est qu'on a "pas de représentants, pas d'interlocuteurs, seulement une coordination avec aucun statut de déposé. Sans oublier qu'il y a presque autant de coordinations que de rond-points". C'est ce qui explique que le dispositif de sécurité ait été maintenu le 1er juin.
"Jusqu'à preuve du contraire, on ne peut que très moyennement se fier aux réseaux sociaux", poursuit-il, "et notre mission est d'assurer la sécurité des biens et des personnes. Nous n'avions aucune garantie qu'il n'y ait pas de mouvement au Puy et on avait été échaudés par les événement de ces derniers mois. On reste prévoyants. On préfère avoir trop de moyens et les libérer ensuite sur d'autres événements, plutôt que l'inverse".

Propos recueillis par Maxime Pitavy

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