"J'ai grandi ici, au pied du rocher", s'amuse Camille Alberni, alias Dege (comme deux jets de peinture), graffeur de 29 ans aujourd'hui reconnu dans le monde du street art au point d'exposer pour l'underground effect lors de l'urban week à Paris, sur le parvis de la Défense, ou encore à Grande-Synthe, à côté de la jungle de Calais, avec une fresque pour la galerie Robespierre de 9 m² sur le thème du Savoir Vivre Ensemble, sans oublier qu'il a participé à l'élaboration de décors de scène pour le groupe de rap IAM lors de son séjour à Marseille, et qu'il exporte aujourd'hui, notamment en Suisse.
Il a également réalisé des oeuvres en Haute-Loire comme cette fresque représentant un martin pêcheur à Costaros. Pour cette année, son agenda est bien rempli, avec des commandes à Paris, à Marseille, à La Rochelle, à Sète ou encore à Ajaccio... mais aussi sur le bassin du Puy, même s'il est encore trop tôt pour en dire davantage.
"J'y ai tellement de souvenirs d'enfance que c'était pour moi une évidence"
"C'est la plus grande fresque que j'ai réalisée", confie l'artiste local, reconnu pour la finesse de son trait et qui surprend par son dessin à la bombe, petit point par petit point, et jamais avec un pochoir contrairement à ce que de nombreux passants pensaient en le voyant élaborer son oeuvre. Un travail de trois semaines environ, la pluie l'ayant un peu retardé.
"Avant, il y avait les terrains de tennis ici", se rappelle-t-il, "on faisait du roller, c'était notre terrain de jeu. J'y ai tellement de souvenirs d'enfance que c'était pour moi une évidence d'accepter l'invitation de la mairie".
"Ce chemin de vie, c'est un encouragement à aller toujours plus loin, à se dépasser"
Le maire justement, Michel Roussel, s'en félicite : "c'est un grapheur de talent et il était pour nous évident de confier ce travail à l'un de nos enfants. On avait le souhait que ce ne soit pas une représentation classique d'une salle de classe avec des tableaux noirs et de la craie, mais quelque chose de plus moderne".
Et l'élu ne peut que se satisfaire du travail accompli : "on a plusieurs éléments propres à Aiguilhe, qui sont des symboles de la commune. Et puis ce chemin de vie, c'est un encouragement à aller toujours plus loin, à se dépasser".
"Pour imager l'envol des enfants vers la vie future"
L'artiste nous dévoile justement la portée symbolique de son graf' : "le thème était celui de l'apprentissage à l'école et on voit deux enfants, de dos, qui partent du noir et blanc et qui se dirigent vers la couleur. C'est l'apprentissage de la vie, qui est colorée. Ils se tiennent par la main pour l'entraide, le vivre ensemble. Les ballons symbolisent le jeu, l'amusement, mais aussi l'envol, comme les canards, pour imager l'envol des enfants vers la vie future".
On aperçoit également le Pont Tordu et la Borne, des éléments de la commune, et la chaîne des volcans au fond qui renvoie au Dyke d'Aiguilhe, cette ancienne cheminée volcanique.
La preuve qu'on peut ici aussi s'intéresser aux arts nouveaux et au street art ?
Camille, selon vous, que la mairie confie ce chantier à un jeune artiste de street art comme vous, c'était un pari audacieux et tourné vers la modernité ?
Maxime Pitavy