"Il faut plus d'humilité et moins d'arrogance de la part de la majorité présidentielle", reproche la députée Isabelle Valentin quand le sénateur Olivier Cigolotti déplore : "bon nombres des revendications portées par les Gilets jaunes, on les avait déjà mentionnées au Gouvernement mais on n'a pas été écoutés".
"Le gouvernement doit répondre aux demandes légitimes des Gilets jaunes", martèle quant à lui le député Jean-Pierre Vigier, dénonçant "le manque de courage politique pour réduire les dépenses et le déficit public" avant de conclure, amer : "ce gouvernement n'écoute pas la ruralité et les corps intermédiaires". Enfin le sénateur Laurent Duplomb dresse un sombre bilan de l'activité présidentielle : "j'ai vu ces 16 derniers mois un gouvernement méprisant, arrogant et cultivant la grande désillusion", un exécutif qu'il juge "trop technocratique et bureaucratique".
Inquiétudes pour la plasturgie et l'avenir des formations en Haute-Loire
Affichant une unité parlementaire pour défendre la Haute-Loire à Paris, les élus ont tour à tour pris la parole, laissant Isabelle Valentin, courtoisie oblige, ouvrir le bal. "On a reçus de nombreux Gilets jaunes, on est allés sur plusieurs rond-points et place maintenant au travail législatif : on va organiser des réunions thématiques et des groupes de travail à l'Assemblée Nationale".
Inquiète quant à l'avenitr de l'apprentissage en Haute-Loire, elle a rappelé que les CFA étaient jusqu'alors bien gérés par la Région avant de lancer : "il faut absolument garder des formations en Haute-Loire, surtout que les jeunes qui font peu d'études sont très peu mobiles".
Enfin, elle a fait état de réunions organisées avec le secteur de la plasturgie (qui emploie 4 000 personens sur le plateau) et de ses vives inquiétudes pour la filière, souhaitant rapidement stopper le "plastique bashing".
Isabelle Valentin, quel sera votre travail parlementaire pour essayer de rassurer ce secteur porteur de nombreux emplois en Haute-Loire ?
Sécurité : "en 2018, six importants attentats ont été déjoués sur le sol français"
Olivier Cigolotti, le seul parlementaire de Haute-Loire à ne pas être encarté Les Républicains (il est UDI), siège à la commission des affaires étrangères au Sénat. Il n'a pas caché son appréhension face aux tensions internationales : "partout où l'on pose son regard sur le globe, on n'a jamais eu autant de tensions que ces dernières années... les conséquences pourraient être dramatiques pour l'équilibre de nos nations".
Dénonçant les montées du populisme en Europe, la dangeroisité du Brexit et "l'axe Washington/Moscou/Pékin" qui "décide de tout", il a rappelé que les dangers sont intérieurs : "en 2018, six importants attentats ont été déjoués sur le sol français".
Quant aux Gilets jaunes, il a souligné qu'ils demandent plus de démocratie participative mais qu'elle n'émane "pas des réseaux sociaux" et qu'il ne "faut pas confondre la rue et le peuple. Il faut certes une concertation, mais ce n'est pas la rue qui décide sur chaque sujet. Nous sommes les représenatnts du peuple, c'est le mandat qu'ils nous ont confié".
"Un gouvernement méprisant, arrogant et cultivant la grande désillusion"
Le sénateur Laurent Duplomb a dénoncé "un gouvernement méprisant, arrogant et cultivant la grande désillusion" et "le décalage entre le discours de Rungis et la loi EGalim", comme il l'avait déjà dénoncé en juillet dernier.
Dénonçant également "le matraquage fiscal", il a déclaré : "on est en France le premier pays d'Europe à prélever des impôts, avec 8 à 10 % de plus que nos voisins européens".
Laurent Duplomb, pour vous ce gouvernement, à travers le "matraquage fiscal" notamment, cultive je vous cite "la grande désillusion" ?
"Le Ministre m'a dit que que je n'avais qu'à prendre un vélo électrique pour me déplacer..."
Jean-Pierre Vigier, député de la deuxième circonscription, a affiché son soutien aux Gilets jaunes, un mouvement qu'il juge "légitime" et qui est parti de la colère contre les taxes sur les carburants "et je rappelle que nous avions fait remonter au gouvernement à plusieurs reprises cette inquiétude car peut être qu'à Paris ils ne le savent pas, mais ici, on prend sa voiture pour se déplacer, pour aller au travail ou emmener les enfants à l'école et la réponse qui m'avait été donnée par le Ministre, c'était que je n'avais qu'à prendre un vélo électrique pour me déplacer... Vous voyez la totale déconnexion !".
Quant au pouvoir d'achat, il faut "davantage valoriser la valeur travail" et une des pistes, c'est de "baisser les charges salariales et les charges patronales pour que les gens qui travaillent puissent décemment boucler leurs fins de mois".
"Quand l'État met 3 € par habitant en ville, pourquoi a-t-on seulement 1 € par habitant à la campagne ?"
Comment permettre aux Gilets Jaunes et aux travailleurs précaires de voir leur pouvoir d'achat grimper sans pour autant laisser les services publics encore plus déserter nos territoires ruraux ?
Quid des élections européennes ?
Une fois les voeux des parlementaires conclus, la presse s'est interrogée sur l'absence totale dans leur intervention d'une référence aux élections européennnes, qui sont pourtant la prochaine échéance électorale (trois des parlementaires LR, un autre UDI).
"Il y a un risque de défouloir et le Brexit va chambouler les équilibres", a mis en garde Laurent Duplomb. "Il ne faudra pas céder à la tentation du vote sanction", ont ajouté Isabelle Valentin et Jean-Pierre Vigier quand Olivier Cigolotti a conclu : "l'enjeu, ce sera de prouver toute l'importance de l'Europe dans notre quotidien".
85 % des Français défiants de la politique : quelle remise en question ?
Dernière interrogation : quelle remise en question des élus de Haute-Loire alors que le baromètre annuel de confiance du Centre d'étude de la vie politique (Cevipof), publié ce vendredi 11 janvier 2019, fait état d'un niveau de défiance envers les politiques jamais atteint en France (ndlr : 85 % des sondés pensent que les politiques ne se préoccupent pas d'eux) ?
"Il faut arrêter de dénigrer les élus", a répondu Isabelle Valentin, "je suis souvent très en colère face aux fausses informations que l'on voit passé sur les réseaux sociaux à notre sujet", alors que Jean-Pierre Vigier rejette la responsabilité sur le gouvernement qui aurait "alimenté la défiance avec le #balancetonmaire" (après que certains élus aient augmenté la fiscalité face à la disparition de la taxe d'habitation).
Les deux sénateurs mettent en garde contre une réduction du nombre de parlementaires, "ce qui pourrait accentuer la fracture territoriale", et rappellent qu'une élection décide tous les cinq ans de leur sort, "selon la volonté du peuple". À tempérer tout de même avec les forts taux d'abstention de ces scrutins.
Maxime Pitavy