La récurrence de dégâts causés par les sangliers sur les cultures a conduit le préfet de la Haute-Loire Yves Rousset à réunir les principaux acteurs concernés : agriculteurs, chasseurs et association des maires, pour partager ensemble un diagnostic de la situation et les mesures à mettre en œuvre.
Aujourd'hui, la population des sangliers est estimée entre 4 000 et 6 000 individus en Haute-Loire, ce qui signifie qu'elle a quasiment triplé en dix ans. Si les indemnisations accordées aux agriculteurs de Haute-Loire étaient supérieures à 200 000 € l'an dernier, pour les sinistrés, les dégâts seraient bien plus conséquents et la FDSEA les chiffrait à un million d'euros en 2013.
L'agrainage dans le collimateur
Principal motif expliquant cette hausse des cochons sauvages : l'agrainage, cette pratique consistant à à nourrir des animaux sauvages dans leur environnement (le plus souvent dans la forêt) en leur mettant à disposition du grain (blé, orge, seigle, maïs…).
L'objectif est principalement de pouvoir ensuite chasser l'espèce (lire notre article sur une battue au sanglier). Problème : une fois la période de chasse terminée, les sangliers rejoignent les exploitations agricoles pour se nourrir. Cette pratique a localement pu contribuer à suralimenter artificiellement une partie de la faune sauvage, en perturbant les équilibres écologique et sylvo-cynégétique.
L’ensemble des acteurs a souhaité condamner fermement les pratiques illégales d’agrainage, qui vise au nourrissage des sangliers. "Des moyens seront mis en œuvre pour identifier et poursuivre les responsables de telles pratiques qui contribuent à une augmentation artificielle des populations", assurent les services préfectoraux.
14 communes du département
Face à l’augmentation constatée de la population de sangliers, tous les acteurs ont convenu de la nécessité d’engager des actions de régulation la population. Ainsi, il a été décidé de mettre en œuvre sans délai des mesures administratives sur 14 communes du département.
Pour ne pas perturber les actions, elles ne seront pas mentionnées mais concernent l'ensemble du département, autant dans le secteur yssingelais que sur le plateau casadéen ou encore au Sud de la Haute-Loire.
----Il a été également rappelé que dès le 1er juin, il est possible sur les communes classées « sensibles » de mettre en œuvre des actions de chasse après autorisation préfectorale, et qu’il est important en cas de dégâts constatés que cette possibilité soit saisie par les détenteurs du droit de chasse.-----Des battues administratives avec le soutien des chasseurs et des tirs de nuit
Ces mesures seront encadrées, soit par les louvetiers des secteurs concernés, soit par des agents de l’ONCFS (office national de la chasse et de la faune sauvage). Les modalités retenues pour la mise en œuvre de ces mesures ont été différenciées selon les territoires.
Ainsi des battues administratives seront mises en œuvre avec le soutien des chasseurs des territoires sur 11 communes. Sur 3 des communes identifiées, le tir de nuit sera mis en œuvre. Si les sangliers sont cantonnés dans les réserves de chasse, alors les opérations pourront s’y dérouler.
L’agrainage de dissuasion : uniquement sur la base d’un consensus
Par ailleurs, s’agissant de l’agrainage de dissuasion, qui a pour objectif de dissuader les sangliers d’approcher les cultures agricoles et qui constitue un des moyens possibles de limitation des dégâts, proposés dans le Schéma Départemental de Gestion Cynégétique, il a été souligné la nécessité de s’assurer de l’application stricte du dit schéma.
En l’occurrence, si le détenteur du droit de chasse souhaite mobiliser ce moyen, il doit le faire en accord avec les représentants agricoles de la commune : l’agrainage de dissuasion doit donc être le résultat d’un consensus.
Un dialogue au niveau local, pour traiter des problèmes locaux
Ainsi, il est demandé aux maires des communes de réunir les représentants de l’ACCA (association communale de chasse agréée) et les agriculteurs de leur commune, pour savoir si les deux parties sont d’accord sur la mise en place de l’agrainage de dissuasion, et préciser la localisation et la durée des opérations, sur la base des sites préidentifiés par arrêté préfectoral.
En l’absence d’accord local, les points d’agrainage seront supprimés. Les différents partenaires soulignent ainsi l’importance de maintenir un dialogue au niveau local, pour traiter des problèmes locaux.
Maxime Pitavy
>> Pour aller plus loin : Pourquoui les sangliers de Bas-en-Basset ont-ils passioné la France ?