Tous les ponots les connaissent, ces sons stridents et grésillants qui sortent des enceintes antédiluviennes accrochées dans les recoins des rues pavées. Depuis longtemps, les 21 baffles ont fait leur temps, poussant comme elles peuvent la chansonnette durant les célébrations telles que Noël ou les Fêtes du Roi de l’Oiseau.
Pour que ces notes écorchées disparaissent à jamais, la municipalité du Puy a écrit une partition sonnante et trébuchante. Ainsi, devant le public du Conseil municipal, Jérôme Eynard, adjoint aux commerces, a demandé aux élus présents de voter l’adoption d’un budget de 150 000 euros HT destiné à équiper le cœur de ville d’un vrai chœur musical.
Deux réseaux sonores qui sillonnent la ville
Techniquement, dans le centre-ville, deux réseaux de sonorisation cohabitent. L’ancien qui appartient à la collectivité. Les 21 haut-parleurs mènent ainsi la danse sur la place du Marché Couvert et Martouret, ainsi que dans les rues Pannessac, Chaussade, Chèvrerie et Portail d’Avignon.
Le second réseau, temporaire, est détenu par la société Ambiance 43. Ce dernier a installé 31 points sur d’autres secteurs et déroulé deux kilomètres de câbles. Le départ et la gestion de la régie se trouvent dans l’ancien tribunal, à proximité de la mairie.
Dans la rue Chèvrerie, ces deux haut-parleurs vont grésiller leurs dernières notes.
Photo par Nicolas Defay
« Une prise de contrôle à distance et un pilotage individualisé du volume de chaque haut-parleur »
La ville compte accaparer tous les points sonores en les équipant d’enceintes à la pointe et d’une table de mixage de compétition. Tout comme Michel Chapuis, maire du Puy-en-Velay, Jérôme Eynard assure que « ce nouveau système permettra d’améliorer non seulement l’esthétique des rues, mais il sera surtout performant et pratique, avec notamment une prise de contrôle à distance et un pilotage individualisé du volume de chaque haut-parleur ».
Il ajoute en ce sens : « Cela permettra une gestion de l’environnement sonore très précise et ainsi, de mieux préserver la tranquillité des riverains. »
« Mais on oublie les principaux acteurs dans l’histoire. Nous, les habitants de ces rues ! »
Mais si les notes de l’annonce apparaissent belles et harmonieuses pour certains, elles s’avèrent dissonantes pour d’autres. Comme pour Celline Gacon, élue de l’opposition : « Vous dites que ces nouveaux haut-parleurs vont accroître l’attractivité dans la vieille ville, lance-t-elle. Mais on oublie les principaux acteurs dans l’histoire. Nous, les habitants de ces rues ! »
Elle développe : « Des chansons nous sont imposées pendant des jours, des semaines entières ! La période de Noël, par exemple, est loin d’être agréable pour nous ! Qui aimerait écouter les mêmes titres qui passent en boucle des heures durant à un volume insupportable, à côté de ses fenêtres ? »
« Se coltiner des chants religieux toute une journée […] c’est simplement insupportable ! »
Jérôme Eynard lui assure que le niveau des décibels respecte la réglementation et que le nouvel équipement pourra ajuster le volume de chaque enceinte. « Peut-être, souffle Celline Gacon, amère. Mais se coltiner des chants religieux toute une journée parce que ça fait partie du folklore du moment, c’est simplement insupportable ! Elle est où, à ce moment-là, la qualité de vie en vieille ville avec ce genre d’animations musicales contraintes ? »
Et, comme le disait le bon vieux Aristote il y a 2 000 ans de cela, la musique adoucit les mœurs. Voici une chanson tout à fait adaptée au sujet. Ou pas... ♫♪♫♫♪
