Ses fromages sont présentés tels de délicieuses pâtisseries dans la devanture de son commerce. Les couleurs nous interpellent et nous mettent l'eau à la bouche rien qu'en les regardant. Alors on pousse la porte d'entrée de la fromagerie, et Fanette nous accueille avec un grand sourire. Sa fromagerie, c'est elle. On s'y sent comme à la maison. Mais avant, d'ouvrir ce commerce, la jeune trentenaire exerçait dans le milieu hospitalier.
"Je m'étais promis de ne jamais travailler dans le monde médical"
Originaire de Dunières dans l'est du Velay, Fanette Mourot a grandi dans une famille exerçant dans le milieu médical. Père médecin, mère aide-soignante, grand-mère infirmière ou encore tante sage-femme, la jeune altiligérienne s'était pourtant jurée de ne jamais suivre les traces des siens. " Je m'étais promis de ne jamais travailler dans le monde médical. Puis j'ai obtenu un job d'été en maison de retraite. je l'ai fait plusieurs fois. J'ai beaucoup apprécié cette expérience", sourit-elle. Elle passe alors son diplôme pour être infirmière et débute sa carrière à l'hôpital. Tout d'abord, au CHU de Saint-Etienne, puis à la maison Nazareth du Puy, ensuite à l'hôpital Emile Roux. Après ces différentes expériences, elle décide de se lancer en libéral. " Je préférais la proximité avec mes patients. Je me retrouvais plus dans cette façon de travailler", continue-t-elle.
"Je ne supportais plus la maladie, la mort.." F. Mourot
Et puis après 10 ans d'activité dans le domaine médical, Fanette perd pied. " L'arrivée de mes enfants a un peu bouleversé ma vie. Je ne me retrouvais plus dans ce métier d'infirmière. Je ne parvenais plus forcément à couper. Je ne supportais plus la maladie, la mort..." ,confie-t-elle. Cette trentenaire fait alors un burn-out. Tout en poursuivant son activité d'infirmière, elle effectue d'importantes recherches pour trouver sa voie. " Au début, je pensais à la petite enfance. Mais tout au long de mon introspection, le fromage se faisait de plus en plus présent dans ma tête", continue-t-elle.
Le fromage, une passion depuis toujours
" J'aime le fromage depuis toujours. Mon beau-père était agriculteur. Il ne transformait pas mais ce milieu m'a toujours passionné.
Mon frère a également suivi une formation pour être fromager. Il avait effectué quelques saisons pour faire du Beaufort en alpage. J'étais allée lui rendre visite à plusieurs reprises. J'étais fascinée par tout ce savoir faire et le maintien de ces traditions qui existent depuis des années. J'ai des amis qui sont producteurs de Saint-Nectaire", livre la fromagère.
Après de longs mois de réflexion, la jeune altiligérienne se lance. Elle suit tout d'abord une formation à l'Ecole Française du Fromage, un cursus en lien avec la fédération des fromagers de France. " Les formateurs sont essentiellement des anciens fromagers ou fromagers en activité", explique-t-elle.
"La Haute-Loire est un terroir très attaché au fromage"
Le fromage, un mets très réputé dans le département. "J'en mange au petit déjeuner, pendant le repas, ou même parfois je fais des repas qu'au fromage", sourit-elle. A cette époque, la jeune femme rêvait d'ouvrir une fromagerie au Puy." A ce moment là, il y avait peu de commerces de ce type dans la ville du Puy. Je voulais saisir l'opportunité", détaille la jeune altiligérienne.
Aidée de sa famille, ses amis mais aussi d'un cabinet spécialisé dans la reconversion, elle a retroussé ses manches et s'est jetée à l'eau.
"Je suis épanouie dans ce que je fais. Je m'éclate", Fanette Mourot
Et puis le 15 décembre 2021, Fanette ouvre sa petite fromagerie blanche et bleue. Un accomplissement pour elle. " Je me sens beaucoup mieux. J'ai de plus grosses amplitudes horaires, je travaille le samedi. J'ai dû m'organiser avec ma famille mais je suis épanouie dans ce que je fais. Je m'éclate", dévoile-t-elle.
Depuis sa petite boutique ne désemplit pas, les clients viennent la voir pour des conseils et découvrir les produits qu'elle propose. " Je travaille avec un affineur de Lyon. Je privilégie surtout les fromages au lait cru pour garder cet aspect traditionnel", poursuit-elle.
Alors elle conseille à tous ceux qui hésitent à se lancer, d'y croire. " Il faut se faire accompagner, ce n'est pas un projet qu'on mène seul. On est souvent perdus. Mais il faut y croire", conclut-elle avec optimisme.