L’Institut Supérieur des Métiers (ISM) en partenariat avec la Maaf vient de publier les résultats d’un baromètre sur l’artisanat en région Auvergne-Rhône-Alpes intitulé : « Emplois, revenus, recrutement : l’artisanat en mutation ». Pour Zoomdici, Catherine Elie, directrice des Études et du Développement Économique à l’ISM, a accepté de se concentrer sur la Haute-Loire. Les données transmises par l’ISM, dressent un tableau plutôt sombre sur la situation de l'emploi salarié artisanal en Haute-Loire et son évolution entre 2015 et 2016.
Le secteur de la fabrication en souffrance longue durée
En effet l’artisanat a perdu sur notre territoire 2 % de ses emplois entre 2015 et 2016, soit 147 postes. Si quelques secteurs s’en sortent plutôt bien, l’alimentation et les services par exemple avec + 3 % chacun, d’autres comme la fabrication (textile, habillement, chaussures, cuir, travail du bois, papier, imprimerie, reproduction, matériaux de construction, chimie, travail des métaux, fabrication des meubles, fabrication d’articles divers, réparation et installation de machines, récupération) sont en souffrance.
Si les chiffres s’arrêtent à 2016, ceux de 2017 ne devraient pas repartir à la hausse en termes d’emplois, selon la directrice des Études de l’ISM. « Le secteur de la fabrication est dans une crise structurelle (de longue durée, Ndlr) et non conjoncturelle. Cette crise qui dure depuis les années 2000 est connexe au phénomène de désindustrialisation. Les entreprises artisanales de moins de 20 salariés ont du mal à tenir face au grands groupes. Donc soit elles ferment, soit elles s’adaptent en se spécialisant » quitte à perdre une partie de leur marché.
----Les zones rurales bientôt désertées ?
Si autrefois l’artisanat était indéniablement assimilé au monde rural, ce n’est plus le cas aujourd’hui. En Haute-Loire, la dynamique artisanale se maintient mais si on regarde à l’échelle régionale, on constate un fort repli autour des grandes agglomérations urbaines, vers le Rhône en ce qui nous concerne.-----Des créations d’entreprises mais pas d’emplois
Si on analyse cette étude en parallèle avec les chiffres 2016 donnés par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de la Haute-Loire, un paradoxe semble émerger alors. Citons en exemple le secteur du bâtiment. « En concentrant 40% des entreprises artisanales, le secteur du bâtiment reste le secteur dominant de l’activité artisanale en Haute-Loire » peut-on lire sur le site de la CMA de la Haute-Loire.
Même s’il s’agit du secteur de l’artisanat le moins dynamique sur le territoire, le nombre d’entreprises dans le bâtiment a augmenté de 5,25 % entre 2011 et 2016. S’il y a création ou installation d’entreprises, l’emploi dans ce secteur devrait être à la hausse. Il n’en est rien. Dans son étude, l’ISM révèle que le bâtiment en Haute-Loire a perdu 114 emplois salariés entre 2015 et 2016 (-4%). « En 2016, nous étions en sortie de crise conjoncturelle. Entre 2012 et 2015, le marché était en crise et le bâtiment a perdu de nombreux emplois salariés. Mais c’est un secteur qui est reparti à la hausse en 2017 » précise Catherine Elie.
Ce paradoxe s’applique à l’artisanat en général. Le régime de micro-entreprise a certes encouragé les professionnels à devenir leur propre patron, mais sans créer une réelle ambition d’embauches.
Stéphanie Marin