Geoffroy Champagnac faisait partie des cheminots en grève présents ce mardi 3 avril 2018 sur le parvis de la gare du Puy-en-Velay à l’occasion de la mobilisation contre la réforme de la SNCF initiée par le gouvernement. Il a, bien entendu, mêlé sa voix au chant des revendications portées par Xavier Bousset, représentant de la CGT cheminots de Haute-Loire. Mais le jeune homme s’est offert un solo sur le thème des a priori que tout un chacun peut avoir sur les salariés du secteur public. Avant de rejoindre les effectifs de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), Geoffroy Champagnac travaillait dans le secteur privé ; d’abord en tant que carrossier-peintre, puis commercial. C’est en 2015, qu’il a fait le choix du secteur public et des rails. Mais cela n’a pas été une mince affaire car, pour une question de performance, il a dû suivre une formation longue de plusieurs semaines ; 50 en tout, à Lille, Marseille et à Bordeaux.
"Des choses que les gens ne voient pas"
« En ce moment, nous sommes les parias de la société, on nous prend pour des privilégiés. Ça ne fait que trois ans que je travaille à la SNCF, mais je peux vous dire que je m’investis autant maintenant que lorsque je travaillais dans le secteur privé, sinon plus », se justifie Geoffroy Champagnac, et de poursuivre : « Quand j’entends tout ce qu’on dit sur le métier, moi, qui suis un Auvergnat de base, qui ait toujours travaillé, ça me fait mal au cœur. » Parmi les 149 métiers représentés au sein de la SNCF, Geoffroy Champagnac a opté pour celui d’agent de la voie. Il est donc en charge de la surveillance et de l’entretien des voies, le tout avec des heures d’astreintes. « L’autre jour, à 4 heures du matin, j’étais en train de casser de la glace dans les tunnels pour que le train puisse circuler. Tout cela, ce sont des choses que les gens ne voient pas. »
La menace…
Parce que le territoire est entouré de lignes 7 à 9 (moyenne inférieure à 30 voyageurs par train), celles qui sont dans le viseur du gouvernement ; Geoffroy Champagnac prend très au sérieux la menace qui pèse sur son poste. « Le gouvernement doit arrêter de se focaliser sur les grandes villes qui elles, auront des trains tandis qu’ici, nous aurons des bus. Il doit respecter le Grenelle de l’environnement. Il faut savoir que depuis 2006, sans compter l’évolution du trafic, c’est plus 1,8 million de camions sur les routes, du fait de la destruction du fret. »
Rappelons que le mouvement de grève pour protester contre la réforme ferroviaire s’étendra jusqu’au mois de juin selon le schéma défini de deux jours sur cinq. Prochaines perturbations à prévoir dimanche 8 et lundi 9 avril.
Stéphanie Marin