On avait quitté les frères Charreyre en plein désarroi en décembre dernier, avec presque l'intégralité du bâtiment détruit et un chômage technique de plusieurs mois pour une dizaine d'employés (voir notre reportage vidéo lors de l'intervention des secours et de la venue des élus).
Aujourd'hui, les travaux de déconstruction se poursuivent sur le site vellave et l'obtention d'un important marché en Inde, avec un contrat de 25 millions d'euros pour l'entreprise de Haute-Loire, cristallise l'ambition d'exporter à travers le monde une technologie brevetée et désormais éprouvée.
Impossible ni de confirmer, ni d'infirmer la piste criminelle
Les conclusions de l'enquête étaient formelles : il n'y a pas de cause accidentelle au départ du feu. L'absence d'explication technique laisse présager d'une action malveillante mais comme pour l'incendie de mai 2011 (voir notre vidéo au coeur de la nuit, entre les flammes avec les pompiers), les enquêteurs ne sont en mesure ni de confirmer, ni d'infirmer la piste criminelle.
"Le problème sur une exploitation comme celle-ci", nous détaille Fabien Charreyre, co-dirigeant du groupe Vacher, "c'est que les plastiques rendent les mêmes analyses de molécule qu'un hydrocarbure, ce qui sature tous les marqueurs et ne rend pas de conclusion pertinente". L'enquête de gendarmerie se poursuit cependant.
Une dizaine de millions d'euros de travaux, dont une grande partie à la charge des assurances
La reconstruction des bâtiments est estimée à environ 2,5 millions d'euros (le contenant) et le matériel est évalué à environ 7 millions d'euros (le contenu). C'est bien cette deuxième partie qui fait la valeur de l'entreprise vellave car c'est là que reposent la technologie brevetée et il s'agit de matériel fait sur mesure, à l'instar d'une cuisine intégrée dans un foyer.
Si les sommes semblent astronomiques, elles sont à relativiser car les assurances devraient prendre en charge plus des trois quarts du total, à la louche, car des négociations sont en cours.
Le calendrier des travaux et les améliorations apportées au futur Altriom
Où en sont les travaux : le calendrier sera-t-il respecté ? On profite également de ces travaux pour apporter quelques perfectionnements sur le dispositif existant ? Et aussi mieux se prémunir d'un éventuel autre incendie ?
Aller au-delà de la réglementation pour se protéger au maximum
"Cette malheureuse expérience doit nous amener à toujours faire mieux", philosophe le co-dirigeant du groupe Vacher, "en analysant ce qui a fonctionné et en réfléchissant à ce qui doit être ajouté pour être encore plus performant si on doit de nouveau faire face à ce type de drame".
Par exemple, le centre de tri de déchets de l'agglo du Puy a des murs coupe-feu, qui sont traversés par un tapis et la législation prévoit qu'ils soient arrosés par un rideau d'eau en cas d'incendie. "On va rajouter le fait que les bandes soient incombustibles, ce qui n'était pas le cas", ajoute-t-il, "si elles l'avaient été, peut être aurions-nous pu éviter une partie de la propagation".
Une reconstruction teintée d'améliorations
L'entreprise du bassin du Puy va également profiter de ces travaux pour gommer quelques imperfections et permettre à l'équipement de gagner en productivité puisque l'outil, recalibré, va permettre de traiter 25 tonnes par heure au lieu de 20 tonnes par heure dans l'ancien dispositif, soit un gain de rentabilité loin d'être négligeable.
autre nouveauté qui devrait être apportée par rapport à l'ancien modèle : un système de pesée continue, avec une pesée en tête puis des pesées à deux ou trois endroits de la chaîne : "on a de la donnée acquise en permanence, ce qui permet d'avoir des jugements sur les performances et optimiser certains procédés", analyse l'entrepreneur.
----Déconstruction sélective
Ça consiste à récupérer les matières, notamment les toits végétalisés car le plastique, la terre et l'acier ne partent pas vers les mêmes filières. Un travail minutieux, loin de l'image stéréotypée que l'on peut avoir de la démolition.-----"L'objectif d'une réouverture avant la fin de l'année me paraît toujours tenable"
La déconstruction du bâtiment sinistré devrait être terminée vers la fin du mois de mars et les travaux de reconstruction pourront débuter en avril. Il y a beaucoup de normes de sécurité à respecter pour ce type d'intervention, très technique, avec notamment des hommes oeuvrant à une quinzaine de mètres de haut.
"On espère avoir bien avancé d'ici début juillet", explique Fabien Charreyre, "et l'objectif d'une réouverture avant la fin de l'année me paraît toujours tenable". S'il avait d'abord été question d'une période de 18 mois, il s'agit en fait de la période où l'assurance couvre la perte d'exploitation mais l'entreprise polignacoise a bon espoir de reprendre son activité plus tôt.
Maxime Pitavy
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