Depuis cinquante ans et plus, des philosophes, des penseurs, des scientifiques, des écologistes, nous mettent en garde contre les sirènes de la modernité et contre cette voie dans laquelle la civilisation occidentale s'est engouffrée la fleur au fusil : celle de la mécanisation généralisée, de la consommation de masse, de la chimie tous azimuts, du pétrole-roi sous toutes ses formes : combustibles, textiles, bitume, plastiques, médicaments…
L'Homme ne pouvait que revenir à la raison...
Dans les années 1970, le penseur-graveur-naturaliste suisse Robert Hainard faisait observer en substance, devant l'urbanisation galopante qui partout faisait reculer la nature : "Ce n'est pas pour la nature que je m'inquiète – elle reprendra toujours ses droits – c'est pour le rapport que l'Homme entretient avec elle, car en ne respectant pas la nature, l'Homme se condamne au malheur". À la même époque, au Japon, le philosophe-paysan Masanobu Fukuoka, quoiqu'effaré par la déferlante des machines et du tout-chimique dans l'agriculture, refusait malgré tout de retirer sa confiance à l'Homme, qui ne pouvait selon lui que revenir à la raison sans tarder. L'eau a coulé sous les ponts depuis, et l'Histoire a montré qu'il s'illusionnait.
(Une sittelle torchepot de Haute-Loire)
Certains scientifiques parlent d' "anéantissement biologique"
D'autant qu'aujourd'hui la donne climatique a changé. De tout temps, c'est vrai, l'Homme s'est plu à annoncer des cataclysmes – c'est en quelque sorte un passe-temps, une inclination naturelle, un tropisme. Mais cette fois, tout de même, les faits sont troublants, et qui plus est scientifiquement avérés… Le dérèglement du climat, que l'on sait pour sûr d'origine anthropique, se traduira, se traduit déjà, par une multiplication des tornades et des vents violents, une alternance de pluies diluviennes et de sécheresses, de canicules et de coups de froid (voir les derniers travaux du GIEC - Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). La biodiversité s'effondre partout, certains scientifiques allant jusqu'à parler d' "anéantissement biologique". La catastrophe du Crétacé, qui a vu la disparition des dinosaures, serait du pipi de chat en comparaison de ce qui se passe en silence aujourd'hui. Selon des chercheurs allemands, 75 % des insectes auraient ainsi disparu en 30 ans en Europe. Que dire de l'état de nos sols, moribonds pour la plupart selon les analyses ? Et de celui de nos forêts, mises en coupes réglées ?
S'acheter une conscience écolo
En France et ailleurs, le greenwashing bat son plein. Politiques, industriels et grandes enseignes se badigeonnent de vert sans vergogne, à grands coups de com', pour s'acheter une conscience écolo à l’improviste. Ne changez rien, continuez à vivre et à consommer comme si de rien n'était, tout est propre désormais ! Simple toilettage cosmétique sans aucun fond pour l'étayer. La solution est ailleurs, elle est en chacun d'entre nous, et ce sera précisément l'objet de cette chronique locale et engagée.
(Une hermine de Haute-Loire)
Le bonheur n'est pas dans l'avoir
Nous parlerons de ces Altiligériens qui, depuis des années souvent, ont choisi une vie simple, proche de la nature, soucieuse des générations futures. Ils pratiquent la "sobriété heureuse", consomment le moins possible (le bonheur n'est pas dans l'avoir, disent-ils), et surtout sans aucun emballage (certains n'ont quasiment pas de poubelle !), limitent leurs déplacements, fuient les zones commerciales, font le marché, se lancent dans la permaculture pour recréer de la biodiversité, plantent des haies comestibles autour de leur jardin, produisent leurs semences eux-mêmes, achètent d'occasion et toujours local, s'émerveillent devant le fabuleux monde sauvage qui peuple leur petit coin de campagne : de l'hermine à la sittelle en passant par le faucon pèlerin, le castor ou l'aigle botté… la Haute-Loire vaut bien tous les documentaires animaliers !
(Un faucon pélerin de Haute-Loire)
Notre attachement viscéral à la nature
Au fil de cette chronique militante, nous évoquerons ainsi nos paysages, nos sites naturels et leurs joyaux, nos marchés de producteurs, notre attachement viscéral à la nature, sans pour autant faire l'impasse sur les sujets qui fâchent : l'éolien, l'urbanisation frénétique, le drainage des zones humides, la tyrannie des machines, l'épuisement des sols, la prolifération des déchets, la disparition des vergers... le tout en nous efforçant d'allier au pessimisme de l'intelligence l'optimisme de la volonté !
Oumpah-Pah