Direction le marché du Puy, un samedi de février, 10h. En se promenant le long des allées. Nous rencontrons tout d'abord Simon, la trentaine, producteur de fruits et légumes dans son exploitation de Retournac, ces fruits et légumes sont un peu plus ternes, certains un peu déformés, tachetés mais tout à fait consommables.
"Tous mes produits ici sont bio même si je n'ai pas fait la demande pour avoir l’appellation , c'est vraiment trop contraignant avec un cahier des charges intransigeant"
Le bio pas de tout repos
"Ne pas utiliser de pesticides c'est avant tout par choix de la qualité, mais faire du bio, cela demande beaucoup plus de travail, je n'utilise pas de substituts à part des préparations biodynamiques comme le purin d'ortie. Le désherbage est lui fait à la main."
Quelques mètres plus loin, Catherine qui vient de St-Agrève et qui tient un grand étal de fruits et légumes aimerait bien pouvoir faire du bio. « Mais aujourd’hui je n’ai pas l’autorisation de panacher mes articles, soit je fais uniquement du bio soit non ». « De plus le bio est plus cher à l’achat et donc moins accessible à tous mes clients »
« En revanche j’essaie de choisir mes produits chez des producteurs qui favorisent la qualité du produit et non le rendement »
Plus loin encore, avec son sac cabas rempli de produits fraîchement achetés Madeleine, 60 ans, qui fait son marché toutes les semaines, s’indigne de cette nouvelle étude sur les pesticides.
L'union européenne en retard
« Ce sont les grands groupes agro-alimentaires qui vendent les pesticides qu’il faut mettre en cause, dans l’union européenne sur la veille sanitaire et la prévention on est vraiment en retard, prenons exemple sur le Canada par exemple »
Quand on lui demande si elle fait attention à ce qu’elle achète, Madeleine nous confie « Je fais très attention, je m’adresse plutôt aux petits producteurs et j’essaie d’acheter du bio au maximum, quand ce n’est pas trop cher » ; elle nous montre alors son cabas plein de sachets marqués du logo AB pour agriculture biologique.
« Nous avons de la chance au Puy, nous avons plein de petits producteurs et plein de produits de qualité, pas que les fruits et légumes d’ailleurs mais aussi la viande, le fromage, le miel... »
Il est vrai que le marché regorge de nombreux étals de produits frais et d’un grand choix.
Robert de St Paulien et Maurice d’Espaly, tous les deux dans la soixantaine, petits producteurs dans leurs potagers et petits éleveurs de (petits) lapins nous montrent leurs pommes de terre cultivées à l’ancienne sans aucun engrais.
Dur dur de faire du bio vraiment bio
Maurice qui a fait pousser et vendu des pommes pendant longtemps, presque toute sa vie même nous révèle « Il est presque impossible de faire du tout bio, pour les pommes en tout cas, le rendement est vraiment faible et c’est vraiment périlleux, car une récolte de perdue à cause d’un parasite par exemple peut couler une exploitation .»
« De plus, faire du tout bio est impossible pour une autre raison, à part si l'on se situe à des kilomètres des plus proches voisins, on est toujours touchés par les pesticides et autres engrais déversés dans les zones aux alentours »
De manière assez globale, nous pouvons voir que les ponots aimeraient consommer et produire uniquement du bio mais plusieurs choses freinent cette envie. Pour les consommateurs, le côut des produits et pour les vendeurs et producteurs, le rendement faible et le cahier des charges très lourd.
En tout cas le marché du Puy propose de tout et le consommateur de bio peut trouver son bonheur facilement.
L.B