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Valorisation des déchets : record de France pour l'agglo du Puy-en-Velay !

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:49

"Par prudence, on va se contenter de dire qu'il s'agit d'un record de France", annonce en préambule Willy Guieau, vice-président de l'Agglomération du Puy en charge de la transition énergétique et de la gestion des déchets, "mais nous n'avons pas trouvé, à travers le monde, de chiffres plus élevés que les nôtres en la matière".
Des chiffres qui émanent de l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) et qui ont été soumis au "contrôle très strict" d'Eco-Emballages, deux organismes agréés par l'Etat. "On a attendu trois ans de fonctionnement pour avoir du recul sur ces chiffres", détaille Willy Guieau, "sans Altriom, on serait à peine à 50 %". Notons que ce sont les chiffres de l'ancien périmètre de l'Agglomération du Puy (28 communes).

Bientôt les autres communes de l'Agglo ? Un coût supplémentaire pour le contribuable ? 
Qu'est-ce que ce record apporte à la collectivité ? Les autres communes de la nouvelle Agglo vont-elles rejoindre le dispositif Altriom ? Cette valorisation des déchets a-t-elle un coût supplémentaire pour le contribuable ? 

"On met fin à la culture de l'enfouissement et de l'incinération de masse"
Ce sont 11 000 tonnes par an qui étaient jusqu'à présent enfouies ou incinérées et aujourd'hui valorisées : "on met fin à la culture de l'enfouissement et de l'incinération de masse", prône-t-il fièrement, alors que l'enfouissement a encore récemment démontré ses limites à Costaros où une ancienne décharge a été déterrée par les inondations.
"Nous avons préfiguré la loi car notre réflexion date de 2009", ajoute le vice-président de l'Agglo, en référence aux objectifs nationaux de la loi Transition énergétique, fixés à 65 % pour 2025. Si le chiffre présenté par l'Agglo est considérable, il reste près de 8 % de déchets non valorisés. "L'idéal serait de conserver les sites d'enfouissement actuels pour les consacrer aux 8 % restants pour les 50 ou 100 prochaines années", avance Willy Guieau. 

----Avec 92,30 %, l'Agglo du Puy est loin devant l'Allemagne (pays numéro un en Europe) et ses 65 % de valorisation, quand la France n'atteint même pas les 40 %.-----"Le dernier maillon structurant pour un territoire 100 % trié, sans hausse de la taxe sur les ordures ménagères"
"Jusqu'à présent, il faut reconnaître que les politiques n'avaient pas très bien fait le travail", pointe du doigt Jean-Paul Vigouroux, le maire de Polignac, "nous avons enfin une solution qui fonctionne à merveille, même si c'est un privé qui l'a apportée".
Un concert de louanges repris en choeur par Michel Joubert, le président de l'Agglo du Puy : "avec Altriom, nous tenons le dernier maillon structurant pour un territoire 100 % trié, sans hausse de la taxe sur les ordures ménagères".

Une vocation départementale pas encore atteinte
Selon les chiffres de 2016, Altriom a valorisé 30 000 tonnes de déchets, dont 28 000 tonnes issues des 28 communes de l'ancien périmètre de l'agglo du Puy, les 10 000 tonnes restantes étant issues de déchets essentiellement industriels.
Mais la capacité de la structure est de 50 000 tonnes, car "la vocation de l'outil est d'avoir un rayonnement départemental", rappelle Mathieu Charreyre, responsable du projet Altriom, "on a la capacité technique et la volonté de le faire". Mais à quelle échéance ? insiste-t-on. "2018-2019 me paraît raisonnable", répond-il.

Pourquoi cette technologie n'a pas encore séduit d'autres collectivités ? 
Pourtant, pour l'instant, les collectivités ne se bousculent pas au portillon. Il y a certes un problème d'inertie (par exemple, pour un projet dans le Var pour 2021, l'entreprise candidate aujourd'hui). La société polignacoise pense également exporter son système à l'étranger avant de le développer en France. Nous avons demandé à Mathieu Charreyre : qu'est-ce qui explique que cette technologie révolutionnaire, aux résultats exceptionnels, n'ait pas encore séduit d'autres collectivités ? 

Condamnées à payer pour ne pas avoir fourni assez de déchets, les collectivités finalement remboursées
En 2016, incapables de fournir assez de déchets, les collectivités avaient été condamnées à payer, comme l'avait révélé Zoomdici. Le président Michel Joubert avait évoqué à l'époque en Conseil communautaire la possibilité de voir le SICTOM Velay Pilat rejoindre le dispositif Altriom, ce qui avait été formellement démenti par Frédéric Girodet, Président de la com' com' Loire Semène.
Interrogé sur les suites de cette affaire, Willy Guieau nous a répondu : "en mars 2017, le bilan a été réalisé et finalement, la collectivité avait fourni 20 700 tonnes (ndlr : engagement minimum de 20 000 tonnes), donc la pénalité de 300 000 euros n'a plus lieu d'être et cet argent va revenir prochainement à la collectivité". Quant aux chiffres de l'année 2017, personne n'a été en mesure de nous les fournir mais l'engagement minimum "devrait être rempli".

Doit-on continuer à trier ? Quels sont les points où l'on doit encore s'améliorer ? 
Cette valorisation des déchets par la technologie Altriom est-elle contradictoire avec le tri et l'éducation des citoyens à la problématique ? Est-ce qu'il reste des matières sur lesquelles on a des progrès à faire ? La réponse de Willy Guieau.

"Diviser par deux les charges pour la collectivité"
Le prix du tri en France est de 180 € la tonne, c'est ce que ça coûte à nos collectivités. L'enfouissement est chiffré à 110 € la tonne, l'incinération à 160 € la tonne. "Notre système permet de tabler sur 50 € la tonne", se félicitaient les deux frères Vacher lors de la venue d'Alain Juppé, "on peut donc diviser par deux les charges pour la collectivité". Dans le cas du site de Polignac, un investissement de 15 millions d'euros a permis la création de 20 emplois pour 40 000 tonnes. 
"Si on reporte ces chiffres au gisement d'ordures ménagères en France (ndlr : 15 millions de tonnes), ce sont potentiellement 7 500 emplois en France pour six milliards d'euros d'investissement, sans compter les importantes économies réalisées", soulignaient Matthieu et Fabien Charreyre.

Où se situe le point de rentabilité pour Altriom ? 
Il s'agit d'un investissement très important alors où se situe le point de rentabilité ?


Maxime Pitavy

  • Pour aller plus loin sur le même sujet : 


* Le passage d'une redevance à une taxe d'enlèvement des ordures ménagères ferait grimper la facture chez de nombreux contribuables. Dans l'agglo du Puy, des élus s'insurgent.

* Avec une levée de fonds de 4,2 millions d'euros, l'entreprise polignacoise vise un développement de sa technologie à l'international. Explications avec Fabien Charreyre, inventeur de la technologie 3Wayste.

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