Les familles monoparentales sont souvent parmi les premières victimes de la pauvreté, qui ne cesse de gagner du terrain en Haute-Loire comme ailleurs. Sandrine, mère de deux enfants, ne travaille qu'en CDD (contrats à durée déterminée), le plus souvent à temps partiel, ce qui ne lui permet pas de sortir un SMIC à chaque fin de mois.
"Je n'ai jamais eu d'impayés", insiste-t-elle fièrement, mais les difficultés abondent lorsqau'il faut régler les factures d'électricité, le loyer et l'essence. Alors un imprévu est toujours très mal venu, et devoir changer la courroie de distribution de son véhicule s'apparente à un parcours du combattant.
----Une facture réduite de 200 €
Au garage solidaire, la main d'oeuvre n'est que de 15 € par heure (45 à 50 € dans un garage classique) et le Secours catholique a fait un don de 174 €, ce qui permet de réduire la facture de 700 € environ à 474 €. L'avance de trésorerie est également non négligeable.-----De quoi mettre -beaucoup - de beurre dans les épinards pour cette famille monoparentale
"Mon travail me fait faire beaucoup de kilomètres", témoigne-t-elle, et on connait tous le problème de la mobilité en Haute-Loire. Elle a donc fait le tour des garages pour faire faire plusieurs devis, "en demandant à chaque fois si je peux payer en trois fois", mais elle a essuyé un certain nombre de refus.
Un des garagistes, constatant la précarité de la mère célibataire, l'oriente vers le garage solidaire de Chadrac. Grâce à l'appui du Secours catholique, elle s'en tire avec une facture minorée de 200 €, de quoi mettre -beaucoup - de beurre dans les épinards pour cette famille monoparentale. Les salariés du garage en ont même profité pour faire un check-up de la voiture et planifier les autres travaux à venir : "ils ont vraiment été très humain, à l'écoute et de bon conseil", ajoute-t-elle.
"C'est la première fois que je demande de l'aide"
C'est ce que confie Sandrine, "je me débrouille toujours toute seule sinon, mais là, j'étais vraiment coincée". Son statut d'animatrice commerciale l'amène à parfois faire 150 km par jour, notamment lorsqu'elle intervient à Saint-Etienne. Pour deux jours (14 heures de travail), elle est rémunérée environ 200 €, mais les frais kilométriques sont compris dans la rémunération. Le gain demeure donc relatif mais "le travail, je le prends où on me le donne", tranche-t-elle.
Une rémunération qui ne lui permet pas de franchir le seuil de pauvreté (846 € mensuels, soit 50 % du revenu médian) mais qui lui assure un minimum d'indépendance. "Avoir une voiture est indispensable", précise-t-elle, car même s'il existe des transports collectifs, ils ne sont pas toujours adaptés aux exigences professionnelles et familales de chacun.
----Quid de la concurrence déloyale ?
"Il n'y a aucun problème car on a des critères très fermés, réservés à un public défavorisé", répond Pierre Bois, Vice-président au Secours Catholique de la Haute-Loire, "les garagistes l'ont bien compris quand on leur a présenté notre démarche et ils orientent parfois des clients vers notre structure".
-----Qui peut en bénéficier ?
Si votre quotient familial est inférieur à 750 € alors vous êtes éligible. Ce garage solidaire est destiné aux personnes en situation précaire afin qu’elles puissent continuer d’être mobiles, où le devenir.
Il est ainsi proposé soit de la location d’un véhicule pour 3€ par jour (2€ pour un deux-roues), soit de l’achat d’un véhicule pour moins de 2 000€, soit la réparation de son véhicule à un faible taux de main d'oeuvre et des pièces négociées à prix coûtant.
Les dons de voitures sont toujours les bienvenus
La moitié du budget du garage est composé d'autofinancement, l'autre moitié d'argent public et de mécénat. Le garage emploie un chef d'atelier, un mécanicien, une secrétaire et un poste de direction à temps partiels.
La fragilité de la structure la pousse cependant à toujours demander de nouveaux dons de voitures : elles doivent être en état de marche et avoir environ 150 à 200 000 kilomètres. Comme n'importe quel don, une fois estimé conjointement avec le garage, il ouvre doirt à une réduction d'impôt. Les personnes souhaitant faire un don doivent contacter Pascal Grand par mail à fit-formation@wanadoo.fr.
Maxime Pitavy