Les mobilisations syndicales se succèdent et ne se ressemblent pas devant les grilles de l'hôpital Sainte-Marie au Puy-en-Velay.
Après avoir dénoncé une violence galopante au sein de l'institution fin septembre, une centaine de salariés était de nouveau réunie ce mardi 7 novembre 2017, en début d'après-midi.
Une perte d'environ 1 300 euros par an pour un salarié atteint d'un cancer
Ils protestaient contre la modification de la prime décentralisée, qui pourrait entraîner une perte d'environ 1 300 euros par an (pour la première tranche) pour un salarié atteint d'un cancer par exemple. Car il n'y a pas de distinction entre une maladie grave et un petit virus, tant que le médecin a établi un arrêt maladie.
Déjà, selon les représentants syndicaux, "les salaires sont gelés depuis 2010", même s'ils concèdent une légère hausse de 0,5 % en 2017. Ils ajoutent : "les salaires sont tellement bas qu'il y a même une prime de rattrappage du SMIC pour certains".
----Prévention plutôt que répression
La CGT demande de travailler sur "la prévention pour réfléchir aux raisons de cet absentéisme plutôt que sur la répression et les coups de bâton".-----"On refuse de stigmatiser les gens malades"
Avec un abattement de 1/60ème sur la prime dès le 7ème jour de maladie, les salariés n'auront aucune prime à partir de 67 jours cumulés sur l'année. "C'est inconcevable", proteste Bernard Carlier, le délégué syndical CGT, "alors que la CGT avait obtenu il y a deux ans l'abandon de l'abattement pour maladie, car on refuse de stigmatiser les gens malades".
Avec ce système, l'établissement ne fait aucune économie car l'argent épargné "sur le dos des malades" est redistribué aux autres salariés, qui n'ont pas été absents. "C'est un moyen de faire culpabiliser les malades et de monter les salariés les uns contre les autres", ajoute le cégétiste, qui estime qu'une "autre redistribution du gâteau est possible".
Un moyen de semer la zizanie entre les employés ? De diviser pour mieux régner ?
Bernadette Tavernier est déléguée syndicale Force Ouvrière à l'hôpital Sainte-Marie au Puy-en-Velay et déléguée syndicale centrale des cinq hôpitaux Sainte-Marie.
Vous estimez que c'est un moyen de semer la zizanie entre les employés et de diviser pour mieux régner ? Quel est le moral des salariés aujourd'hui ?
Une prime homogène quels que soient les revenus
Autre point de revendication : que la prime soit reversée de façon homogène aux employés, et non selon des masses de salaire comme c'est le cas aujourd'hui. Trois classes sont distinctes, en fonction des revenus, et les primes sont proportionnelles.
"Nous souhaitons revenir à une seule masse pour la répartition de la prime", explique le représentant syndical CGT, alors que la première masse, celle aux revenus les plus modestes, représente environ 70 % des effectifs. On compte près d'un millier d'ETP (équivalent temps plein) à l'ensemble Sainte-Marie en Haute-Loire (avec en plus du Puy Saint-Paulien, Cayres, Brioude et Monistrol), pour environ 5 000 employés à travers l'hexagone.
Prêts à durcir le mouvement jusqu'au siège de l'association
Dans toute l'association, il y a des réunions programmées. Aujourd'hui, c'était Rodez et Le Puy, demain ce sera Clermont. Nice et Privas vont suivre et "nous voulons mettre la pression à notre direction générale puisqu'elle est en train de nous proposer un texte qui va être soumis à la signature des syndicats", met en garde Bernadette Tavernier, "et si personne ne signe, c'est le pire qui s'applique, c'est-à-dire cet abattement de notre prime".
Est-ce que cette colère pourrait amener les salariés à durcir le mouvement ? "On attend de voir la réaction de notre direction", répond-elle avant de conclure : "si elle fléchit face à la mobilisation dans les cinq hôpitaux, très bien mais si elle met le feu aux poudres, nous irons peut-être jusqu'au siège de l'association, à Chamalières [Ndlr : dans le Puy-de-Dôme], comme nous avions fait en 2011, où 3 000 salariés étaient présents et nous avions maintenu notre accord d'entreprise".
- La direction a bien évidemment été sollicitée pour une réaction. Sa réponse est attendue.
Maxime Pitavy