"Ça devient irrespirable", selon Bernard Carlier, délégué syndical CGT et représentant syndical au CHSCT et au CE, "on se cache toujours derrière des restrictions budgétaires mais la dégradation de nos situations, c'est avant tout un problème de management".
Effectifs minimums : "40 % du temps en dessous du seuil fixé par la direction"
Pour étayer son propos, il donne l'exemple du travail de nuit. La direction a fixé un seuil, un effectif minimum et de juin à septembre, "on a été 40 % du temps en dessous du seuil fixé par la direction".
Ajoutez à celà des RTT imposés sans réelle concertation, des individus qui ne savent pas s'ils doivent travailler le lendemain ou encore "du chantage, en menaçant de réintroduire l'abattement pour absence sur la prime, introduire les jours de carence en cas de maladie..." ; et vous obtenez une centaine de salariés mobilisés demandant une amélioration des conditions de travail.
Burn-out et démissions en cascade
Dénonçant "autoritarisme, pressions et mauvais choix", le délégué CGT considère que l'établissement a perdu en attractivité, au point de ne plus être capable de fidéliser le personnel : "on assiste à des démissions de médecins en cascade, mais aussi d'infirmiers".
Selon lui, ce ne sont pas seulement "les bas salaires" qui ont conduit à ce constat mais bien les conditions de travail. Et toutes les couches de personnel (techniques, administratifs, blanchisseurs, soignants, logistiques, cadres...) seraient concernées.
Des exemples de violences à l'hôpital ?
Bernard Carlier est le délégué syndical CGT et le représentant syndical au CHSCT et au CE. On évoque des scènes de violences à l'hôpital Sainte-Marie pour les personnels. Vous pouvez nous donner quelques exemples ?
"Depuis le début de l'année, c'est devenu ingérable"
"Il y a des incidents toutes les semaines", nous confient Nelly Delorme, aide soignate et Audrey Monchamp, infirmière, toutes deux syndiquées CGT.
Elles n'ont pas été tant choquées d'apprendre qu'une de leurs collègues avait été agressée tant les conditions de travail se seraient dégradées au fil des ans : "depuis cinq ans environ, c'est compliqué mais là, depuis le début de l'année, c'est devenu ingérable", en référence notamment aux sous-effectifs de nuit.
----Un encadrement de moins en moins cadré
L'équation est simple selon les syndicats : il y a de moins en moins de personnels pour accueillir de plus en plus de patients, ce qui contribue forcément à une prise en charge de moindre qualité. Et le manque de place conduit à "un malsain jeu des chaises musicales entre les diverses pathologies".-----"Avant on pouvait accompagner les patients mais aujourd'hui, notre mission est de plus en plus déshumanisée"
"Des hurlements constants, des cris, des excréments sur les murs... c'est aussi ça notre quotidien", témoignent-elles, "avant, les patients, on pouvait les accompagner mais aujourd'hui, on a trop de tâches et notre mission est de plus en plus déshumanisée".
Résultat des courses : on demande aux patients d'attendre, encore et toujours, sans savoir combien de temps. "Et face à leur colère, que l'on juge légitime, en première ligne, ce sont les soignants qui ramassent", concluent-elles.
Maxime Pitavy