Son père est de Beaux-Malataverne et sa mère stéphanoise allait souvent à Retournac. Les deux jeunes gens se sont rencontrés, puis mariés. Michel Charrel est né à Tarare (69) en 1936, alors que le couple y tenait une Alimentation stéphanoise, qui périclitera, mais sa ville c’est bien Saint-Étienne.
Entre Fort du Fou (1962) et, très récemment, M (2017), Michel Charrel a mis ses faciès et phrasé énigmatiques au service du grand écran et du théâtre. Il jouera notamment dans Fantomas, Le Pacha ou encore Flic Story.
Zoomdici : Comment êtes-vous arrivé dans le cinéma ?
Je suis venu à Paris parce que je voulais faire une école de cinéma, mais j’avais 26 ans et j’étais trop vieux. Comme il fallait bien gagner ma vie, j’ai frappé aux portes pour chercher une place d’assistant réalisateur. Cinq mois après j’avais toujours rien, jusqu’au jour où quelqu’un m’a rappelé pour me proposer un rôle. Je n’étais pas acteur et je le suis devenu du jour au lendemain. Je ferai plus de 200 films, téléfilms ou pièces de théâtre, sans jamais avoir appris ce métier.
Quel a été votre meilleur souvenir de rencontre avec un acteur ou une actrice ?
J’ai pas de mauvais souvenir. Quand j’ai débuté, tout le monde craignais Gabin. Moi il m’a très bien reçu. J’ai fait deux films avec lui, il était très aimable. Je ne comprends pas pourquoi beaucoup de gens l’évitaient. Je crois qu’il n’aimait pas les flatteurs. Moi il m’a dit : « Asseyez-vous là, dans ce métier le plus dur c’est de trouver un siège.» Sur le tournage du film Le Train, j’ai rencontré Burt Lancaster, qui a été très protecteur avec moi.
Et côté réalisateurs ?
Sur les Grandes Gueules (1965) avec Bourvil et Ventura, j’ai fait la connaissance de Robert Enrico. Ce n'était pas un réalisateur dirigiste. On avait un texte, il ne vous reprenait jamais. Et ça, ce n’était pas désagréable parce que ça n’interrompait pas l’action, il ne disait pas "tu devrais faire ci ou ça" : rien. Si un réalisateur corrige un acteur, vient un moment où on en a ras le bol. Ça m’est arrivé, surtout avec les mauvais, et à la fin c’était complètement désincarné.
Vous avez tourné dans quelques films peu glorieux ?
Oui, il en fallait, il y a les fins de mois quand même. Il y a deux choses auxquelles il faut penser quand on est acteur, gagner sa vie et préparer sa retraite. Donc plus vous tournez, même si c’est nul, plus vous faites des points pour la retraite.
Quel est votre plus mauvais souvenir ?
Je n'en ai pas vraiment, j’étais content de tourner, même avec les mauvais…
Et votre meilleur souvenir ?
Peut-être ce premier film que j’ai évoqué tout à l’heure, parce que je découvrais le métier. Léo Joanon m’avait donné pratiquement un second rôle dans Fort du fou. Je lui ai dit que je n’avais jamais joué, mais il m’a dit qu’il se servirait de ce que je lui avais raconté sur mon enfance, mes parents. Tout cela l’avait visiblement touché. J’ai démarré en 1962 par huit semaines de tournage, vous imaginez, débuter avec huit semaines de tournage ?
Dans quel film ou pièce avez-vous eu le rôle le plus en avant ?
Justement dans Fort du Fou, puis dans Boulevard Durand, une pièce d’Armand Salacrou dans laquelle je jouais le méchant.
Y-a-t-il une anecdote particulière qui vous vient à l’esprit ?
Mon père avait fait la guerre de 14 sur le front italien (1917-1918) et parlait souvent d’une bataille sur le « Monte en bas ». Et puis je vais tourner en Italie, sur le lac de Garde. Et en fait, il s’agissait du Mont Tomba. J’étais donc sur les pas de mon père et je tournais un film : L’île au trésor. Comme le lac de Garde quand il fait très chaud, il y a de la brume, on croit que c’est la mer.
J.J.