L’expression de voir le verre à moitié vide ou à moitié plein convient parfaitement à l’état de la retenue d’eau de Naussac pour ce mois de mars 2024.
Pour le côté à moitié plein, c’est ici. D’après le site de l’Établissement Public Loire, gestionnaire du barrage, le lac de Naussac est rempli à 48 %, mercredi 13 mars à 10h25. En quinze jours, ses plages ont perdu trois mètres de hauteur tant les précipitations ont été fournies et rapprochées récemment.
Mais pour l’aspect à moitié vide, c’est là. Malgré cette perfusion venue du ciel, la retenue reste loin de sa moyenne de remplissage pour la même période. « Si on compare aux quarante dernières années, le remplissage de mars 2024 est très bas pour la saison », confirme Benoît Rossignol, Directeur Ressource en eau de l’Établissement Public Loire.
Il précise : « En temps normal, nous devrions être sur un stock d’eau de 150 millions de m³ d’eau en mars. C'est-à-dire qu’aujourd’hui, il manque 60 millions de m³ d’eau. Ce qui est très considérable ! »
« Aucun étiage n’est prévu, car l’Allier est pour l’instant très forte »
Quelles seront alors les conséquences sur les lâchers d’eau dans l'Allier, rivière principalement nourrie par les étiages issus de la retenue de Naussac ? « Ils ne seront pas forcément absents ou même retardés, assure Benoît Rossignol. Cela dépendra du débit d’eau dans la rivière. S’il faut lâcher un peu d’eau pour la soutenir, on le fera. Actuellement et dans les semaines à venir, aucun étiage n’est prévu, car l’Allier est pour l’instant très forte ».
« Il est clair qu’il faudrait urgemment adapter nos modes de vie pour diminuer notre consommation d’eau »
À la question de savoir si Benoît Rossignol envisage un jour la mort de la retenue de Naussac, il répond : « Nous avons fait des études sur les impacts du changement climatique et sur la gestion des ouvrages tel que le barrage de Naussac. Effectivement, la ressource en eau diminue fortement sur l’amont du bassin de l’Allier. »
Avant de nuancer : « Pour autant, nous ne sommes pas non plus sur une disparition totale de cette ressource. Mais il est clair qu’il faudrait urgemment adapter nos modes de vies pour diminuer notre consommation d’eau ».
« La situation d’aujourd’hui (...) est tout de même bien plus favorable que l’année dernière »
Benoît Rossignol espère que ce problème majeur sera discuté avec les principaux acteurs pour que des mesures concrètes soient décidées et mises en place. « Depuis quelque temps, nous traversons des hivers secs, plusieurs années de suite, souligne-t-il. 2021 et 2022 ont été dramatiques sur le sujet. Il faudra tôt ou tard changer nos habitudes ».
Il affirme tout de même que l’hécatombe ne suit pas forcément une courbe ascendante constante. « Nous sommes, au mois de mars 2024, à 48 % du remplissage, rappelle-t-il. Ce ratio était celui de 2023 à la fin du mois de juin. La situation d’aujourd’hui, aussi perturbante soit-elle, est tout de même bien plus favorable que l’année dernière ».
Le barrage de Villerest en pleine forme
Quant à son frère de Villerest dans le département de la Loire (42), son remplissage ne souffre d’aucune carence, affichant un fier ratio de 91 %. Et contrairement au barrage de Naussac qui ne relâche aucune goutte d’eau pour l’instant, celui de Villerest offre 237 m³ par seconde au plus grand fleuve de France.