Il ne se passe pas une semaine sans qu’un nouveau radar se fasse taguer, en ce moment. C’est la troisième fois en trois semaines que l’appareil subit ce sort, même si la couleur de la peinture varie. 2016 sera une année record pour les actes de vandalisme en ce genre.
Un comble, quand on sait que la Haute-Loire se distingue par une sureprésentativité de la vitesse dans les accidents mortels : ils constituent la moitié des morts sur les routes du département, alors que la proportion hexagonale est de l'ordre d'un tiers...
----Toute dégradation ou détérioration d’un radar constitue une infraction punie d’une peine d’emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 75 000 €. En cas de récidive ou de méfait en réunion, la peine grimpe jusqu'à sept ans de prison et 100 000 euros d'amende. Le fait de tracer des inscriptions, des signes ou des dessins sur cet équipement est puni d’une amende de 7 500 € et d’une peine de travail d’intérêt général.-----Un coût élevé, qui n'incombe pas vraiment à la société
C'est une subtilité mais il faut être précis : ces dégradations n'ont pas directement un coût pour la société. En effet, les frais de réparation sont issus du produit des recettes des radars automatiques (voir le détail en bas d'article), dont une partie sert à l'entretien et à la réparation des voiries et des radars automatiques. "Donc malheureusement, ce sont autant de crédits qui ne servent pas à la sécurité routière", déplorait le préfet de Haute-Loire Eric Maire en septembre dernier. Mais ce n'est pas la société qui paie ces incivilités, seulement les automobilistes flashés...
Quant au coût, il varie en fonction de la gravité des faits : elles vont de 600 € (tags et vitres brisés) à 7 500 € (destruction de la porte ou dégradation du câblage). Si l'ensemble de l'équipement doit être remplacé, il faut compter 30 000 €. "Les infractions sont lourdes", rappellait le représentant de l'Etat (voir encadré), "en plus de l'indemnisation éventuelle du concessionnaire".
Eric Maire est le préfet de Haute-Loire. Quelle va être la réaction de l'Etat face à cette augmentation des actes de vandalisme envers les radars automatiques ?
De nombreux antécédents
Zoomdici s'est régulièrement fait l'écho de ces actes de vandalisme, que ce soit par exemple, pour n'en citer qu'une poignée, le 30 mai dernier à Ceyssac (le radar a été détruit par les flammes), le 10 juillet à Bains (des pneumatiques ont été utilisés pour faire fondre le poteau, qui avait été fixé sur un mât, entraînant la chute de la tête du radar) ou encore le 31 août dernier à Saint-Georges-d'Aurac.
La "rentabilité" et les "recettes" des radars fixes automatiques
La rédaction de Zoomdici s'était penchée sur la "rentabilité" et les "recettes" des radars fixes automatiques il y a quelques années. Voici les informations que nous avions récoltées. Si le terme de rentabilité fâche, les radars automatiques ont tout de même rapporté, via les amendes forfaitaires, 470 millions d'euros au niveau national en 2010. Notons enfin que cette somme ne concerne que les amendes forfaitaires payées dans les 45 jours. Les amendes majorées ont rapporté quant à elles en 2010 la bagatelle de 120 millions d'euros, une somme cette fois-ci intégralement reversée au budget général de l'Etat.
Les 470 millions d'euros récoltés via les radars sont ensuite intégralement reversés :
- 45 %, soit 212 millions d'euros, contribuent à l'installation et la maintenance des radars, le traitement des infractions et la modernisation du fichier du permis de conduire ;
- 30 %, soit 130 millions d'euros, permettent le financement par les collectivités locales d'opérations destinées à améliorer les infrastructures de transports en commun et de circulation. Notons que 100 millions d'euros sont reversés aux communes et 30 millions d'euros aux Départements ;
- 25 %, soit 128 millions d'euros, est reversé à l'AFITF (Agence de Financement des Infrastructures de Transport de France), un établissement public de l'Etat qui finance de grands projets d'infrastructures routières, comme c'est le cas par exemple pour la sécurisation des passages à niveau.
Maxime Pitavy