« Parisienne sur mon acte de naissance, je suis Brivadoise de cœur. Brioude est ma patrie de cœur ».
Cet amour inconditionnel pour la cité Saint-Julien, Lucy Abraham l’a transmis à son époux, Maurice Grinberg. Ensemble, se partageant textes et illustrations, ils ont donné naissance à L’alphabet de Brioude, ouvrage unique offert à la Ville en présence du maire, Jean-Jacques Faucher, le 26 novembre dernier.
----Tradition. L’alphabet de Brioude, paru en un unique exemplaire aux éditions Sefarim, est doté d’une « enveloppe prestigieuse », selon les termes de Lucy Abraham. Catherine Treccany a en effet relié l’ouvrage dans les règles de l’art. « Il est important de perpétuer et de partager nos traditions ancestrales de reliure, notre savoir-faire et notre passion », a souligné la relieuse d’art. « Le livre est notre mémoire collective, il a traversé les siècles et continuera à les traverser, même si le livre numérique inonde de plus en plus le marché ».-----Bien plus qu’un simple livre riche de lettrines anciennes et de photos de la basilique, L’alphabet de Brioude est un hommage, un cadeau de remerciement, un témoignage de gratitude. Car si « un lien viscéral » relie Lucy Abraham à Brioude, si son cœur se met à battre la chamade chaque fois qu’elle en approche lors de l’un de ses fréquents séjours, c’est parce que la cité Saint-Julien et ses habitants les ont accueillies, protégées et cachées, elle et sa famille, alors qu’elles fuyaient la barbarie nazie.
« Un lien viscéral me relie à Brioude »
Celle qu’on surnomme Bijou n’était alors qu’une petite fille d’une dizaine d’années, mais elle se souvient très bien de ces heures sombres, dont elle a d’ailleurs témoigné dans son livre autobiographique, Une Auvergnate israélite à Brioude. « C’est grâce à l’hospitalité des Brivadois que nous avons pu échapper aux rafles », a-t-elle souligné avec beaucoup de simplicité avant de partager une lettre que son père, Fernand, lui a adressée le 23 juillet 1969, alors qu’elle se rendait à Brioude en compagnie de son fils et de sa sœur.
« Une cité bénie pour notre famille »
« C’est avec une émotion toute particulière que je trace ces lignes en songeant que vous serez à Brioude, lieu béni entre tous, puisque c’est là que notre famille a trouvé un havre de paix et de sécurité durant les années de persécution des juifs, et cela je ne l’oublierai jamais », écrivait Fernand Abraham. « Sachez que chaque fois que je suis revenu à Brioude, après la guerre, en sortant de la gare, je m’arrête sur la place pour prier et remercier D… de la protection qu’il nous a donnée au cours de ces années terribles de l’ère hitlérienne, et de l’inspiration qu’il m’a donnée de venir à Brioude me réfugier avec tous ceux qui m’étaient chers. […] Considérez Brioude comme une cité bénie pour notre famille ».
Lue dans le silence le plus absolu, cette lettre a ému l’auditoire, à qui Lucy Abraham a confié en conclusion : « mon père a exprimé ce que moi-même je ressens et qui me fait me sentir plus Brivadoise que Parisienne ». En concevant les illustrations de L’alphabet de Brioude, Maurice Grinberg a aidé son épouse à honorer la ville chère à son cœur.
I.A.