Le rendez-vous était donné devant la préfecture à midi ce mercredi 26 octobre. Un préavis avait été déposé en amont par le syndicat Unité SGP Police. Lundi 23 octobre déjà, une dizaine de policiers s'était mobilisée devant le Palais de Justice pour les mêmes motifs. Près de cent personnes sont présentes en soutien aux policiers agressés lors des événements de Viry-Chatillon, mais pas uniquement. Policiers ou simples soutiens ont aussi des revendications quant à leurs conditions de travail.
Des fonctionnaires de police limités par les moyens
L’ambiance est amicale. On discute, on rigole, mais on parle aussi de sujets de fond comme le manque de moyens. Une cinquantaine de policiers sont venus malgré un temps incertain. Soutenue par autant d’inconnus, sapeurs-pompiers, gardiens de prison, personnel administratif…
Un jeune policier ponot se souvient de ses missions à Paris, au sein de la brigade anti-criminalité (BAC) : « Les moyens sont sous-dimensionnés. Ça arrivait de ne pas avoir assez de véhicules et de devoir ramener des interpellés en métro ou en bus ». En arrivant au Puy en 2016, il est passé aux renseignements, le problème n’est pas pour autant résolu : « On est limité par les moyens techniques : on n ‘a pas assez d’appareils photos, de matériel d’écoute… On est aussi bloqué par la loi. Souvent, le temps qu’on fasse des demandes pour telle ou telle procédure, l’individu concerné est déjà parti ». Pour lui, le summum avait réellement été atteint le 13 novembre, lors des attentats : « Avec la date, vous aurez compris… J’étais dans le secteur des terrasses et nous n’avions rien pour agir ».
Trop de violence et des peines pas assez sévères
Plus loin, une femme se joint au mouvement, pourtant, elle n’est pas fonctionnaire de police. « Je viens parce que mon frère est policier. Les choses se sont dégradées. Quand j’étais jeune et qu’on nous disait ‘j’appelle la police’, on avait peur. Maintenant, les gens rigolent », déplore Sylvie. Son frère, en poste à Givors s’est fait agresser il y a deux ans, il a subi un traumatisme crânien dont il n’a, heureusement, pas gardé de séquelle. « On sait quand il part, mais on ne sait jamais s’il va rentrer. C’est pareil pour sa femme, elle est inquiète. » Au Puy aussi, une agression avait eu lieu en 2014. Michaël Hausner, policier avait raconté il y a plusieurs mois : « C'était un guêt-apens, la voiture a été caillassée et un cocktail molotov nous a été lancé dessus. On ne l'a pas ébruité à l'époque pour que ça ne donne pas des idées à d'autres ».
Les réponses pénales ne sont pas assez fortes d’après les fonctionnaires. Lionel Coniasse, secrétaire départemental de l'Unité SGP Police FO, détaille : « On voudrait que quand il y a ne serait-ce qu’un outrage sur un policier, les peines soient en conséquence. Elles le sont quand c’est sur un avocat ou un magistrat , il faudrait qu’il en soit de même pour les policiers ».
Bassin ponot : 100 flics pour 38 000 habitants
Ce mercredi, Sylvie ne vient pas que pour son frère, elle est également solidaire des agents ponots : « Et je les connais bien, mon fils est incarcéré. Les policiers ont toujours été très gentils avec moi ». Gentils : sûrement. Mais surtout pas assez nombreux d’après Lionel Coniasse : « On est une centaine pour un bassin de 38 000 habitants. Avec les roulements pour assurer le 24/24, il arrive que nous n’ayons qu’une seule patrouille de deux personnes sur le terrain ». Une conséquence de la suppression de 12 000 postes sous le gouvernement précédent selon lui : « En sortant de l’école, on est envoyé dans des grands centres. Avec moins de postes, ces centres n’ont pas voulu laisser partir les nouveaux venus donc en province, nous n’avons pas de renfort ».
Emma Jouve