"On s’est senti citoyen, on l’a fait par devoir." Voilà un an que la municipalité de Coubon a eu le déclic d'où est née la volonté d'accueillir une famille de réfugiés. Ce lundi 26 septembre 2016, cela fait deux mois que la famille Disha est arrivée et elle a véritablement été adoptée par les Coubonnais. La municipalité fait le point sur la situation, sur les démarches et les besoins.
"Suha m'a prise dans ses bras sans me connaître"
Cette démarche a nécessité beaucoup d'organisation. Un comité d'accueil a été formé bien avant que la famille n'arrive avec des tâches à accomplir et des référents pour chacune d'elles. Chacun des bénévoles présents ce lundi soir a pris la parole pour raconter son expérience, parfois avec beaucoup d'émotions. "Le 6 juillet, la famille Disha arrivait à l'aéroport Saint-Exupery de Lyon. On entend dire beaucoup de choses sur l'accueil. Mais quand on est à l'aéroport et qu'on les voit, il y a énormément d'émotions. Suha m'a prise dans ses bras sans me connaître", se souvient une bénévole.
Plusieurs associations comme le Kiwanis, les Resto du Coeur, Emmaüs interviennent également notamment pour la nourriture ou aménager le logement prêté par la commune.
----Le reste de la famille en Europe
La belle-soeur de la mère de famille habite à Besançon depuis plusieurs années. Un fils de la famille Disha est en Allemagne depuis deux ans. Ce lundi, tous étaient présents à Coubon.-----Une infinité de remerciements
Les sept membres de la famille Disha sont là, assis à droite de la salle municipale. Régulièrement, Amer, le père de famille se penche vers un bénévole qui parle l'arabe. "Il tient encore à dire merci. Il ne sait pas comment l'exprimer", explique le bénévole avec le sourire. "Son voeu le plus cher, c'est de travailler pour rendre tout ce qu'on lui a donné", continue-t-il. L'homme a déjà essayé d'intégrer une équipe technique de la commune. "On n’a pas pu le laisser faire, explique le maire, Adrien Defix, embêté. Il n’a pas le droit de travailler si jamais il y a un accident... Et puis, ça pourrait être mal interprété, certains auraient pensé qu’on faisait venir une famille pour l’exploiter."
Le président des Resto du coeur de Haute-Loire, Hervé Janvier a réfléchi à la problématique tout au long de la réunion avant de lâcher : "S'il veut venir faire du bénévolat, c'est possible. On se débrouillera avec la barrière de la langue". Amer a accepté sans hésitation, avec un sourire ineffaçable.
Ce qu'ils veulent faire plus tard ? Être Français
Les enfants ont tous été scolarisés. Ohan, 4 ans, Aws, 7 ans et Angel, 10 ans, sont à l'école "les Primevères" de Coubon. Anar, 16 ans, et Aïda, 19 ans, sont dans une section spécialisée du lycée professionnel Auguste Aymard d'Espaly Saint-Marcel. Ces derniers étaient en 2nd et en 1ère avant leur départ d'Irak. "Aïda veut passer un Bac pro et faire du secrétariat, explique sa belle-mère. Les autres veulent surtout obtenir des cartes d'identité et travailler pour la France."
Pour les parents, l'apprentissage de la langue est bien plus difficile : sans le statut de réfugié, ils n'ont pas le droit de bénéficier de cours de Français. La commune cherche donc des bénévoles pour apporter cette aide supplémentaire.
----À la recherche d'activité
Les bénévoles voudraient intégrer les enfants à des activités comme du football... Ils recherchent des clubs et associations pour les accueillir.-----"Je ne juge pas les maires qui disent 'non', je les comprends"
"Si une commune était tentée par l’accueil d’une famille, nous sommes à sa disposition pour lui faire bénéficier de notre modeste expérience. Tout comme nous avons pu bénéficier de l’aide des familles d’accueil de Vals", indique Adrien Defix. "C'était important d'accueillir cette famille après toutes ses souffrances." Avec sa caquette de vice-président de la Communauté d'agglomération du Puy, il a déjà été amené à échanger avec d'autres maires : "Je leur dis simplement comment ça se passe". Le maire coubonnais ne veut par donner de leçon de morale, simplement montrer la réalité de la situation : "Accueillir une famille, ce n'est pas seulement un logement, c'est un accompagnement. (...) Je ne juge pas les maires qui disent 'non', je les comprends. Moi, j’ai été sensibilisé par la lettre du ministère des affaires étrangères : on avait la possibilité de faire quelque chose".
Les démarches ont été entreprises pour que la famille Disha obtienne le statut de réfugié politique. Le délai va d'un mois à un an. Le maire est sûr de lui : "Le statut ne lui sera pas refusée, j’en suis sûre à 110 %. Si on n’accepte pas ce type de réfugiés, on n'accepte personne. On n'est pas dans le cas des migrants économiques". Si cela venait à se confirmer, ce serait une porte ouverte vers une vie normale pour les sept membres de cette famille.
Emma Jouve