Après 5 ans d’études, de concertations et d’ajustements, le projet du Parc Naturel Régional des Sources et Gorges du Haut-Allier essuie un dur revers qui risque bien de lui être fatal. Mais le travail qui a été fait ne sera perdu pour autant, promet la région qui compte s’impliquer dans le développement d’un « projet sur mesure pour le Haut-Allier ».
Petit rappel : un PNR, c’est quoi ?
Les Parcs Naturels Régionaux ou (PNR) ont pour vocation d’asseoir un développement économique et social du territoire, tout en préservant et valorisant le patrimoine naturel, culturel et paysager. Ils ont pour mission de protéger le patrimoine tout en contribuant à la vie locale, au développement économique et à l’aménagement du territoire, ainsi qu’à l’innovation.
Pour qu’un lieu soit classé, il doit répondre à plusieurs critères : qualité et caractère du patrimoine, qualité du projet, et capacité de l’organisme de gestion à conduire le projet. Une charte est alors rédigée. Valable 12 ans et renouvelable, elle fixe les objectifs à atteindre, les orientations de protection, de mise en valeur et de développement du Parc, ainsi que les mesures qui lui permettent de les mettre en œuvre. Elle permet d'assurer la cohérence et la coordination des actions menées sur le territoire du Parc par les diverses collectivités publiques.
Le PNR du Haut-Allier
Le projet est porté par l’Association de Préfiguration du Parc depuis le 21 janvier 2011. Elle rassemble les Régions Auvergne et Languedoc-Roussillon, les Départements de la Haute-Loire et de la Lozère, le SMAT du Haut Allier, les Communautés de Communes du Haut Allier et Margeride est. C’est en tout 88 communes et 12 communautés de communes qui sont concernées. Depuis cinq ans, différentes étapes ont été franchies pour mener à bien ce projet et obtenir le label (définition du périmètre du parc, écriture de la charte, concertations, enquêtes publiques etc…). Mais au début du mois de mai 2016, les Présidents des 3 chambres consulaires du Puy ont manifesté leur opposition au projet, s’interrogeant sur « la création d’une structure budgétivore affichant 1 500 000 € annuels de fonctionnement », déplorant que « le volet environnemental et écologique du parc se fasse au détriment de la vocation économique ».
« Le travail effectué jusque-là ne sera pas perdu »
C’est le message que veut faire passer Laurent Wauquiez aux personnes qui travaillent sur ce projet et qui l’ont porté. Le point faible du parc, c’est son coût : plus d’un million et demi d’euros de coût de fonctionnement chaque année. Pour le Président de la nouvelle grande région, « il vaut mieux concentrer l’argent sur les projets plutôt que sur les frais de fonctionnement administratifs ». Le projet du parc serait donc en passe d’être remplacé par un contrat entre la région et les intercommunalités qui auront un rôle renforcé. « Les élus veulent de ce projet… La région va s’engager pour une période de 6 ans et va s’investir fortement pour le Haut-Allier ». Cette aide sera précieuse puisque près de 2 millions d’euros ont d’ores et déjà été investis dans des études administratives qui n’auront servi à rien si le projet de PNR est définitivement enterré.
Un contrat entre la région et les intercommunalités
C’est ce qui va très probablement remplacé le projet initial. Jean-Pierre Vigier, député de Haute-Loire, nous explique : « il faut choisir entre créer un parc et recevoir 2 millions d’euros qui le feraient fonctionner mais qui ne permettraient pas d’investir… ou alors un contrat avec la région qui apporterait une aide financière forte et permettrait aux intercommunalités d’avoir un plus grand rôle». Autre argument apporté, le fait d’avoir aucun intermédiaire entre les intercommunalités et la région. Le député affiche également sa volonté d’intégrer les compétences et les demandes des chambres consulaires qui s’étaient alors opposées au projet, regrettant de ne pas avoir été entendues. Pour Christian Poulet, maire de Domeyrat et vice-président de la Communauté de communes du Pays de Paulhaguet, « il y a des actions à travailler ensemble comme le tourisme, l’écologie ou encore la culture… Nous devons absolument garder un lien avec les autres intercommunalités et bâtir rapidement un contrat spécifique pour le Haut-Allier ». Les deux hommes s’accordent également sur la nécessité de garder un lien avec la Lozère, même si le territoire concerné se trouve à 90% en Haute-Loire.
Un contrat « sur mesure »
Annoncé et défendu par Laurent Wauquiez, ce contrat « spécifique et sur mesure » pour le Haut-Allier devrait permettre de mettre en valeur le territoire sans passer par un projet de PNR. « Il y aura une personne référente pour la mise en place du contrat que je souhaite mettre en place dès le 1er janvier 2017. Tout le travail réalisé jusque-là sera repris dans le contrat et bonifié », souligne le Président de la région. La balle est désormais dans le camp de l’association.
Prochaine étape ?
Laurent Wauquiez veut aller vite. Une prochaine réunion sera organisée fin mai avec les élus pour expliquer la démarche. Début juin, la région doit organiser une session sur le sujet. D’ici là, les défenseurs du PNR ont lancé une pétition pour maintenir le projet du parc. Les 44 000 habitants qui peuplent le territoire concerné auront sans doute leur mot à dire suite à ce revirement de situation.
A.V