Depuis deux semaines, d’innombrables actions revendicatives ponctuent le département dans les cours de récréations. Au Puy-en-Velay, à Saint-Etienne-Lardeyrol, Saint-Germain-Laprade, Fontannes, Polignac...Les forces vives composées de parents, d’élèves, d’enseignants ou encore d’élus se mobilisent sans relâche pour éviter l’amputation d’une partie de leur école respective.
Alors que 15,5 postes de maîtres et de maîtresses d’école ont été posés sur l’échafaud par l’Inspection académique dans une communication à la fin janvier, et en dépit de toute la colère et l’incompréhension déversées depuis, la guillotine publique a tranché beaucoup de têtes ce vendredi 9 février.
« Si la carte scolaire s'avère moins sévère qu'initialement prévue, c'est un véritable désastre »
« Au terme des réunions du CSA (Conseil Social d'Administration) et du CDEN (Conseil Départemental de l’Éducation Nationale), il a été décidé de la sauvegarde de la classe de l'école de Monistrol Albert Jacquard, informe Laurent Berne, secrétaire départemental du FNEC-FO (Fédération nationale de l’enseignement de la culture et de la formation professionnelle Force ouvrière). Celles de Saint-Jeures et Séneujols sont également épargnées ».
Avant de déplorer : « Toutes les autres écoles seront impactées. Cela représente 12 postes d'enseignants en moins. Si la carte scolaire s'avère moins sévère qu'initialement prévue, c'est un véritable désastre ».
« Les soustractions valent plus qu’un enfant. Et les tableaux Excel de ces bureaucrates assis tranquillement sur leur fauteuil en velours leur parlent plus que la réalité du terrain ! » Un parent d’élève.
« Et si un enfant de 8 ans peut le comprendre, eux, tout là haut, en sont incapables »
Devant l’ambassade altiligérienne de l’Éducation nationale, des parents d’élèves s’y sont rendus à l’aube pour démontrer leur volonté à ne rien laisser passer. Puis face à la préfecture, à partir de midi, d’autres encore ont battu le sable du Breuil, remontés, inquiets et dépités par ces décisions administratives. « Les chiffres sont devenus plus importants que les humains, lance l’un d’eux. Les soustractions valent plus qu’un enfant. Et les tableaux Excel de ces bureaucrates assis tranquillement sur leur fauteuil en velours leurs parlent plus que la réalité du terrain ! »
Il ajoute, les dents serrées : « Ce qu’il se passe dans nos écoles est une représentation parfaite de ce qu’il se passe dans le pays tout entier. Il est dirigé par des personnes si déconnectées de la vraie vie qu’il ne peut que sombrer lentement. C’est mathématique. Et si un enfant de 8 ans peut le comprendre, eux, tout là haut, en sont incapables ».
« Cette attitude n'a qu'un seul qualificatif, c'est du mépris »
Laurent Berne souligne toutefois que « l'Inspecteur de l'académie Hervé Bariller nous a écouté. Il y avait un vrai respect de sa part, contrairement à la DASEN d'avant. Il n'a fait qu'appliquer les mesures du ministère dont il dépend ».
Mais à contrario, il tire à boulets rouges contre le préfet de la Haute-Loire, Yvan Cordier. « Le préfet a pris acte de nos inquiétudes et de nos arguments mais il n'a pas voulu nous entendre, rapporte-t-il devant la foule. Nous nous sommes alors tournés vers les élus présents au CDEN pour boycotter l'entrevue mais ils n'ont pas voulu nous suivre. Ils sont restés dans la salle. »
Il poursuit, tous crocs dehors : « Le comble de l'ironie, c'est que le préfet propose aux parents qui le veuillent de les accueillir la semaine prochaine, autrement dit, une fois que tout a été décidé et signé. Cette attitude n'a qu'un seul qualificatif, c'est du mépris. Cela aura été le CDEN le moins démocratique et le plus rapide de l'histoire. »