Jean-Pierre Macron, ancien député UMP, actuellement Président du Département de la Haute-Loire est venu de près observer un des nombreux projets portés par l'association AVI 43, « Bouge ta frippe » fin mars dernier.
D'abord attentif à la description du magasin faite par le directeur Emmanuel Roux, il n'a ensuite pas caché être conquis par les démarches mises en place autour de cette organisation. « L'endroit est en expansion par rapport à la première fois que je l'ai vu », a-t-il constaté.
« Bouge ta frippe », bien plus qu'une simple boutique
Par un processus de collecte, de revalorisation puis de vente de vêtements et de tissus usagés, cette antenne a non seulement le but de recycler le produit initial mais aussi de recruter des individus en situation précaire, fragile ou compliquée en ce qui concerne leurs divers emplois.
L'ACI (Atelier, Chantier d'Insertion) est un dispositif conventionné (77 % de sorties positives). Par l'activité économique il permet l'accompagnement et l'encadrement technique des salariés.
Certainement pas que des toxicomanes ou d'anciens détenus
Le gérant cherche à combattre une sorte d'idée reçue pouvant faire du tort à son établissement. "Tous ne sont pas des toxicomanes ou d'anciens détenus, quiconque connaît au cours de sa vie un accident de parcours peut être amené à travailler avec nous", précise-t-il.
Depuis 1999, généralement ce sont les chômeurs, handicapés ou victimes de licenciement qui bénéficient d'une réintégration sociale. Arrivé il y a six mois au sein de la structure et ancien boulanger de la ville de Dunières, il confie : « Je suis rentré au fond du trou, je revis désormais. En fait, j'ai toujours exercé et à cause de différents problèmes personnels, je n'arrivais pas à remonter la pente. Là, on me soutient ». Des conseillers spécialisés prennent en charge l'ensemble de la problématique liée à chacun.
Prochain objectif : conquérir la toile
Le processus dure pendant le temps du contrat : douze mois. Un projet alternatif est élaboré. Cela fait deux ans et demi que le personnel dévelope avec énergie et fierté ses créations. Parmi elles, la fabrication de sacs, de costumes pour le Roi de l'Oiseau au Puy-en-Velay par exemple. Plus de 530 tonnes de matière par an sont récupérées dans 60 conteneurs, chez les partenaires (Le Relais, le Secours catholique, les déchetteries) et à travers des dons provenant de partout.
90 % de la marchandise est réutilisée, elle retrouve une place auprès des consommateurs. Rien que pour Yssingeaux, ce sont pas moins de 5 000 clients à l'année, les arrières comptent 30 ouvriers. Selon le gérant, "notre objectif est dorénavant de nous implanter sur le net, c'est un challenge".
De petits investissements et de nombreuses embauches
Emmanuel Roux n'en est pas à son coup d'essai (Meygal Insertion Travail, St Julien Chapteuil). Il assure être en mesure de pouvoir prospérer davantage et a profité de la rencontre afin d'attirer l'attention des représentants des autorités publiques sur ce qui peut le faire ici évoluer. Il souligne que la mise à disposition de conteneurs supplémentaires offrirait la possibilité de réduire les déchets gérer à présent par la municipalité et d'augmenter indéniablement l'activité.
"La Communauté de Communes des Sucs participe au financement (ndlr : 2000 euros), peut être que les autres pourraient les imiter. Cela nous aiderait pour le carburant, ce serait bienvenu". Jean-Pierre Macron constate : "J'ignorais que l'on peut entrer en formation sans acquis précis, c'est un réel outil d'orientation. Nous devons encourager Pôle emploi a mieux vous solliciter". Le textile est un support, ce système adaptable représente une véritable réussite locale.
E.W.