Vous les avez peut-être entendus sous vos fenêtres ce jeudi matin, si vous habitez ou travaillez en centre-ville du Puy-en-Velay. Près de 800 jeunes se sont rassemblés devant le parvis du public lycée Simone Weil, répondant à l'appel national des organisations lycéennes et étudiantes (Unef, UNL, CGT jeunes, FIDL et SGL). Celles-ci s'opposent toujours au texte, malgré la réécriture du gouvernement de lundi, notamment avec la garantie jeunes, un plan de formation pour aider les décrocheurs à trouver un emploi.
Le sitting devient cortège
Au départ, au lycée Simone Weil, il était prévu un simple sitting, réservé aux élèves de l'établissement pour éviter toute personne extérieure qui pourrait, éventuellement, se transformer en casseur.
Mais ce qui avait été conclu, initialement, avec la direction du lycée a vite dépassé les prévisions. Non seulement, des élèves d'autres établissements sont venus grossir les rangs du rassemblement (principalement du lycée Charles et Adrien Dupuy, mais aussi de Jean Monnet), mais il a finalement été décidé de partir, en cortège jusqu'à la préfecture.
C'est donc dans un joyeux brouhaha que les élèves se sont dirigés vers le centre-ville, au rythme des jets de boules de neige confectionnées avec la poudreuse ramassée sur les toits des voitures le long des boulevards.
----150 000 personnes ont défilé en France selon l'Unef. 69 000 selon la police. 115 lycées ont été bloqués comme plusieurs facs à Paris, Lyon et Bordeaux. Certains rassemblements ont viré à l'affrontement à Rennes et Marseille : 23 personnes ont été interpellées.-----Une déperdition en route
En chemin, un bon tiers des jeunes a rompu les rangs, trouvant des distractions sur son passage. Mais les quelque 400 lycéens restants ont donné de la voix devant les grilles de la préfecture. L'indémodable chant, adaptable à tous les combats, a été entonné avec malice : « El Khomri, si tu savais, ta réforme où on se la met »...
Dans une foule compact, les pétards fusent, les pancartes s'agitent. On peut y lire : « Simone se fout de ses gosses », « Hollande arrête tes Khomri », ou encore « Nous n'avons pas voté pour le Médef. Pourquoi nous dirige-t-il ? »
Au milieu de cette joyeuse cohue, quelques leaders. Parmi eux, Azucena Denis, en terminale S au lycée Simone Weil. Que représente la réforme du code du travail pour elle ?
Elle regrette que certains de ses camarades aient pu avoir peur de manifester. Pour elle, la société apprend à ses jeunes à se taire.
Gabriel Penalva, lui, est en première ES au lycée Charles et Adrien Dupuy (Roche Arnaud). Lui aussi a donné de la voix et ça s'entend.
----Le 9 mars, le défilé avait rassemblé 700 personnes selon la police, 1500 selon les syndicats, jeunes compris (voir notre reportage vidéo).-----Un peu à l'écart, des membres de la CGT, de FO, de FSU, drapeaux à la main... Les syndicats viennent en appui logistique (impression de tracts, conseils d'organisation...) pour des jeunes qui n'ont que peu d'expérience dans ce genre de manifestations. Alors, les jeunes sont-ils manipulés ou récupérés ? La réponse de Gwendal Lebel-Rudel, en seconde à Simone Weil.
Prochain rendez-vous, pour tous - jeunes et moins jeunes -, le jeudi 31 mars pour la journée nationale de grève interprofessionnelle. La manifestation au Puy démarrera à 10h30 de la place Cadelade.
Annabel Walker
Des socialistes opposés à la loi travail
Ce jeudi 17 mars, "Les socialistes à gauche !" de Haute-Loire ont émis un communiqué intitulé "Loi « travai l » : pas en notre nom !" :
"Alors que le gouvernement s’entête dans la rédaction de la loi « travail », nous, socialistes de Haute-Loire, rejetons ce texte et soutenons les mobilisations à son encontre. Si aucune étude n'établit de lien entre la facilité de licencier et le taux de chômage, cet avant-projet en fait pourtant l'alpha et l’oméga. Tous les pays voisins qui ont engagé une telle contre-réforme ont vu leurs taux de précarité et de pauvreté exploser : Allemagne, Italie, Royaume-Uni... Inefficace économiquement et clairement d'inspiration libérale, ce texte remet gravement en cause le droit du travail et les conquêtes acquises au cours de l'histoire en opposant les salariés et les sans-emplois. L'inversion de la hiérarchie des normes (la loi n'assurera plus les droits minimaux) et l'encouragement à recourir aux heures supplémentaires (possibilité d'une majoration de seulement 10% au lieu de 25 ou 50% actuellement) plutôt qu'à l'embauche sont autant d'épouvantails intolérables qui ne doivent cependant pas cacher d'autres mesures plus insidieuses tout autant inacceptables, telles celles qui affaiblissent l’inspection et la médecine du travail. Sous prétexte de réinvestir les expériences nordiques en termes de "flexi-sécurité", le gouvernement organise la flexibilité sans assurer la sécurité qui passerait évidemment par l'organisation d'une formation continue performante et d'indemnités chômage renforcées comme c'est le cas au Danemark. L'alibi que constitue un recours accru au dialogue social est un leurre qui cache un pouvoir supplémentaire accordé aux entreprises et leurs patrons aux dépens de la protection des salariés.
Depuis 2012, les concessions aveugles au MEDEF et les reniements de nos valeurs s'enchaînent. Les socialistes que nous sommes ne peuvent accepter ce nouveau recul et s'inscrivent dans la nécessité de rassembler les citoyens autour d'objectifs communs. Nous ne laisserons pas dévoyer nos valeurs et notre nom par cette rupture idéologique contre laquelle notre parti, dans son ensemble, se serait élevé d'une seule voix il y a 5 ans. Être de gauche, de tout temps, c’est être auprès des plus faibles de France ou d'ailleurs, c’est se battre pour des avancées sociales, conquises de haute lutte ou mises en place par des gouvernements socialistes, c’est vouloir le progrès social et non rêver de devenir milliardaire. Ceci n’est ni passéiste ni archaïque. C’est le généreux et éternel moteur de nos actions.
En Haute-Loire, nous formons aujourd'hui le collectif des « Socialistes à gauche 43 ». Nos valeurs sont celles du progrès social, du partage, qui mettent l’humain au centre de nos décisions, c’est pourquoi nous invitons nos camarades à nous contacter sur socialistesagauche43@gmail.com. Dans les semaines à venir, nous proposerons des initiatives de débat et participerons aux mobilisations."
Pour le collectif, les premiers signataires : Laurent Johanny (Le Puy-en-Velay) ; Agnès Hay (Yssingeaux) ; Gérard Fraquier (Costaros) ; Michel Roche (Langeac) ; Arlette Arnaud-Landau (Le Puy-en-Velay) ; Christian Lafond (Vorey) ; Geneviève Grolleau (Beaux) ; Christian Bourquard (Le Puy-en- Velay) ; Fernand Rosier (Yssingeaux) ; Sabine Chirol (Le Puy-en-Velay) ; Louis Valentin (Chadrac) ; Raymond Vacheron (Brioude) ; Annie Coste (Le Puy-en-Velay) ; Georges Perret (Saint Maurice de Lignon) ; Franck Cortese (Le Puy-en-Velay)...