Les grandes et moyennes surfaces (GMS) de plus de 400 m2 sont désormais dans l'obligation de donner leur invendus consommables. En Haute-Loire, plusieurs associations récupèrent ces produits depuis des années. Leurs responsables examinent ce que la nouvelle loi va changer ou non.
La loi sur le gaspillage alimentaire a été adoptée le 3 février par le Sénat et en mai 2015 par l’Assemblée nationale et effective depuis le 12 février. Il y est mentionné que les grandes et moyennes surfaces (GMS) de plus de 400 m2 n'ont plus le droit de détruire des produits encore consommables, elles ont l'obligation de les donner à des associations.
"Ce sont de bons produits"
Il est 7h30 ce mercredi 17 février 2016 et c'est le top départ habituel pour la collecte de la Banque alimentaire au Puy-en-Velay. Michel, bénévole depuis 17 ans, fait le tour des quelques supermarchés du bassin pour récupérer les invendus. Sur place, les employés le saluent. C'est un habitué des lieux puisqu'il vient tous les lundis et mercredis matins. Ce jour-là, il ramasse des produits frais, des betteraves, des légumes. Puis des fromages en grande quantité dans un autre magasin spécialisé dans le drive. "Ce sont de bons produits. Il y a plusieurs années en arrière, on nous prenait un peu pour une poubelle", explique-t-il. Avec le temps, les gérants de grandes surfaces ont été plus informés de ce dont les associations ont besoin. Les bénévoles insistent : "Maintenant, ce sont de bons produits".
"On ne fait pas le gavage des oies"
La nouvelle loi est une bonne chose en soi, mais dans les faits, la mise en place n'est pas aussi évidente. "On travaille à flux tendu. C'est-à-dire qu'on donne autant que ce que l'on ramasse, explique Jean-Marie Guérault, président de la Banque alimentaire altiligérienne, Si on nous donne plus, on ne peut pas ramasser les produits pour les jeter derrière." La Banque alimentaire n'a pas estimé les quantités qu'elle pourrait être amenée à recueillir. "Oui, on pourra donner plus à chacun, c'est sûr... mais on ne fait pas non plus le gavage des oies", s'inquiète le président. Tous les aliments collectés sont redistribués dans la journée. La Banque alimentaire fournit 13 associations diverses du département et de nombreux CCAS. Au total, cela représente 4 000 bénéficiaires à l'année. "Parfois, quand on a beaucoup de marchandises comme des saucissons, par exemple, nous en donnons à la Banque alimentaire du Puy-de-Dôme", explique le responsable départemental.
L'importance de l'équipement
Pour les collectes, les associations doivent transporter les denrées des points de ramassage jusqu'à leurs dépôts. "On a investi dans un fourgon frigorifique l'an passé", explique le président de la Banque alimentaire. Coût de l'opération : 18 000 euros pour un véhicule d'occasion. Un autre véhicule, non réfrigéré, a été acheté pour la même somme. "Ce sont des investissements considérables pour nous qui n'avons pas de recettes", estime Jean-Marie Guérault. L'association a demandé de l'aide pour financer ses outils de travail, elle espère de l'aide des parlementaires du département. "Un jour comme aujourd'hui, ce n'est pas grave de ne pas avoir de frigo, il fait -1°C. Mais un 15 juillet, ce n'est pas la même chose."
De bons élèves
Certaines enseignes donnent, d'ores et déjà, la totalité des invendus comme Intermarché, à Chadrac. "J'ai toujours connu ça dans notre magasin", explique le directeur Eric Marchand, directeur. Banque alimentaire, Resto du coeur, Secours Populaire, Croix Rouge et Emmaüs viennent collecter les produits chaque semaine. "Et les produits pour animaux sont donnés aux chenils ou à la SPA", précise-t-il. Pour cet établissement, la nouvelle loi sur le gaspillage alimentaire ne fait que graver dans le marbre ce qui se fait déjà. D'autres enseignes en font de même, mais le sujet reste tabou. "Oui nous faisons des choses bien, mais nous ne voulons pas faire de la pub avec", nous répond-on dans un grand magasin de la zone de Chirel.
Depuis plusieurs années, les quantités d'aliments collectées par les associations augmentent de manière générale. Les chiffres de la Banque alimentaire et les Resto du coeur ont pu être récoltés :
Les GMS et les différentes associations n'en sont qu'au stade des négociations au niveau national. La situation pourrait se préciser dans les mois à venir.
Emma Jouve
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