"On ne peut pas répondre à vos questions ! " L'accueil glacial sur le site du Pensionnat Notre Dame de France témoigne de la sensibilité du chantier, en particulier de la Chapelle. La démolition de cette dernière a débuté ce lundi 8 février. Impossible de voir le chantier de plus près, les ouvriers veillent à ce que personne n'entre. Dès notre arrivée, ils informent leur supérieur de notre présence par radio.
Un silence religieux
"On n'arrive pas à en savoir plus", se plaignent certains riverains chez qui nous avons été prendre quelques clichés. La communication est restée complétement verrouillée jusqu'à ce jour. Les services de la mairie et de l'Agglomération ont été contactés. Tous nous ont redirigés vers le service communication. "C'est un sujet sensible... Pas politiquement, mais parce que les gens sont attachés à la chapelle. Et puis parce que ce n'est pas n'importe quel bâtiment, c'est religieux", explique Michel Chapuis, maire du Puy-en-Velay. "C'est vrai que c'est un moment fort, surtout pour les anciens qui y ont vu des cérémonies religieuses", témoigne Bernard Rouchon, président de l'association des anciens du Pensio. Le maire ajoute : "Nous sommes d'accord pour communiquer sur l'ensemble du projet, pas uniquement sur la chapelle. Ce projet a un sens dans sa globalité".
Comment se passe une démolition ?
En général, elle commence par le toit, puis chaque étage est démoli du plus haut au plus bas. Les murs suivent le même rythme. Pour la Chapelle du Pensio, cette technique n'a pas été appliquée. "Il faut que la démolition soit le moins visible possible depuis la rue", nous confie une source sûre. Justement, depuis la rue de la Ronzade, il est possible d'apercevoir au loin quelques murs tomber. Les pans extérieurs rue Latour Maubourg et du frères Théodore sont donc maintenus le plus longtemps possible alors que l'intérieur est en train d'être entièrement détruit. En témoignent des pans de mur abîmés visibles depuis des logements voisins. Ils seront démolis dans les semaines à venir, quatre au grand maximum.
Des pierres qui ont de la valeur
L'Amicale des anciens du Pensio a demandé à ce que plusieurs éléments soient récupérés. "On a eu une rencontre agréable avec les élus pour voir les pierres qu'il serait opportun de garder pour rappeler un jour le souvenir du Pensio", explique le président de l'association. En revanche, les contre-forts et autres pierres de taille devraient être gardés par l'entreprise ligérienne Pugnère & fils. "L'entreprise intervient à un prix peu cher en échange des pierres", nous glisse-t-on. "On ne sait pas encore ce que nous allons en faire", explique l'entreprise. Sur le chantier, l'extraction de ces pierres est considérée comme délicate, mais aussi "une priorité" avant de faire tomber le reste du bâtiment. "Nous ne serions pas surpris si tout n'a pas pu être sauvé, nous savons que c'est particulièrement difficile", relativise Bernard Rouchon.
Petit historique du bâtiment
La chapelle avait été inaugurée le 13 novembre 1898. Le projet de sa construction avait été décidé en même temps que celui du préau, de la salle de musique ainsi que la grande salle. La première pierre avait été bénie par l'évêque de Troyes, originaire du Puy-en-Velay : Mgr De Pelacot. Elle avait déjà reçu une bénédiction du pape Pie IX, 30 ans auparavant. Le bâtiment principal du pensionnat abritait d'autres petites chapelles. Chacune d'elles a été transformée au fil des années. La grande chapelle a même vu l'ordination d'un évêque le 3 juillet 1948 : Pierre Gauthier. Il était ancien élève du pensionnat. Après son ordination, il est parti en extrême Orient. Dans les années 80, la chapelle a été désacralisée et transformée en salle de sport, puis en centre documentaire.
Emma Jouve