"C'est un langage ésotérique", s'amuse en préambule l'ancien Président du Conseil général de la Haute-Loire quand il revient sur son rôle de sénateur, "quand on lit un amendement, il faut nécessairement le traduire". Car il y a les hommes des appareils politiques, formés pour ça (souvent à l'ENA), et ceux qui ont appris la politique "sur le terrain, pas dans les écoles", comme Gérard Roche. Le début de son activité parlementaire n'a pas été aisé car il a dû redoubler d'efforts pour se mettre à jour et apprendre ce langage ésotérique. "Avec le cumul des mandats, on n'a de plus en plus de professionnels de la politique, ça favorise les hommes d'appareils", déclare-t-il. Mais il a lui même cumulé les mandats, alors il n'est peut-être pas très bien placé pour tenir ce propos ? "Au contraire", répond-il, "car je me rends compte que je ne faisais pas très bien le travail pour chacun des deux mandats. La loi interdisant le cumul est une bonne chose et personne ne pourra revenir dessus", prophétise-t-il.
Ehpad : 100 millions d'euros pour diminuer le reste à charge des résidents
Pour les Ehpad (établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes), la loi va permettre de débloquer 100 millions d'euros par an, en fonction des projets de chaque territoire. La Haute-Loire pourrait ainsi bénéficier de trois à quatre millions d'euros chaque année, si les projets et investissements coïncident. Un premier pas seulement pour Gérard Roche.
En Haute-Loire, le prix de journée en maison de retraite est d'environ 60 € (soit 1 800 euros par mois), ce qui coûte cher quand on sait que la retraite moyenne est de 883 euros dans le département, même s'il y a les APL (aide personnalisée au logement) qui viennent absorber une partie de ce surcoût.
"C'est inacceptable, le reste à charge est trop lourd", pour le sénateur, alors que dans ce prix quotidien de 60 €, on estime qu'il y a environ 16 € pour l'amortissement des travaux de construction ou de réhabilitation de l'établissement.
Pour vous, il s'agit d'une anomalie dont la première victime est le résident, n'est-ce pas ? Que peut-on faire pour arriver à prix décent pour le résident ? Comment sont réparties ces subventions ? Quel serait le vrai coût si l'on voulait un service optimal ?
----Un sénateur assidu
Parmi les 348 sénateurs de l'hémicycle, Gérard Roche fait partie des 100 les plus assidus, avec notamment 98 présences en commission et 273 interventions, sur 33 semaines d'activité (source). A titre de comparaison, Olivier Cigolotti a 41 présences en commission, Jean-Pierre Vigier 66 et Laurent Wauquiez 15 seulement... (source)
-----Fin de vie : de longs débats entre les "ultras libéraux et les fervents catholiques"
La loi sur la fin de vie a été l'un des gros chantiers au sénat cette année et a débouché sur de longs débats entre les "ultras libéraux et les fervents catholiques" synthétise le parlementaire, avec d'un côté ceux qui étaient favorables au "suicide anticipé" et de l'autre côté ceux qui s'opposaient à toute sédation. Cette loi devrait être promulguée prochainement après avoir fait la navette entre l'Assemblée nationale et le Sénat.
Elle devrait notamment permettre de "protéger le médecin", explique celui qui a exercé ce métier avant de se lancer en politique, "car cette pratique était déjà mise en oeuvre, mais de façon tacite". Notons d'ailleurs qu'un médecin peut refuser la sédation (c'est sa liberté de conscience), un confrère prend alors le relais.
C'est un débat qui a suscité beaucoup d'émotions et qui a du vous valoir quelques heures de débat et même des nuits blanches non ?
Quel est le rôle d'un sénateur ?
Il y a aujourd'hui un véritable discrédit autour de la classe politique et pour une grande partie de la population, le rôle d'un sénateur est très obscur... On ne le voit plus beaucoup en Haute-Loire et certains pourraient croire qu'il se tourne les pouces en attendant une paisible retraite, mais son rôle ne s'inscrit pas dans le département.
Gérard Roche, pouvez-vous expliquer votre rôle parlementaire ? Si ce travail est si éprouvant, il est alors incompatible avec le cumul des mandats ?
Retraite : partir à 63 ans pour sauver le régime par répartition
Prolonger le dispositif Fillon jusqu'en 2019 pour porter le départ à la retraite à l'âge de 63 ans, c'est selon Gérard Roche le meilleur moyen de permettre de sauver le régime par répartition, "une obligation sociale" selon le centriste qui s'oppose à un régime par capitalisation, "la volonté de la droite". Une disposition "acceptable" selon le sénateur car "la pénibilité va se mettre en place avec déjà quatre critères".
Reste à savoir si la population est prête à une telle concession ? "Elle commence à accepter une réforme", répond-il, "elle comprend que sinon, on va tout simplement perdre notre système de retraites". De là à faire voter une telle loi avant 2017, année d'élection présidentielle, rien n'est moins sûr...
Maxime Pitavy