Si l'entreprise altiligérienne comptait encore 400 salariés il y a une quarantaine d'années, elle avait dû se serrer la ceinture depuis. À la fin des années 90, ils n'étaient déjà plus qu'une petite centaine à avoir conservé leur poste.
Placée en redressement judiciaire à trois reprises au cours de ces dernières années, dont le dernier en mars dernier, l'entreprise Preciturn avait finalement été reprise au cours de l'été, diminuant de nouveau ses effectifs, de 35 à 19 salariés. Sur les 17 départs imposés par le plan de reprise, 14 ont été volontaires. Les trois autres, en revanche, n'ont pas pu être reclassés.
"L'activité était trop en recul et on ne pouvait pas garder tout le monde", souligne Marc Auriol, PDG d'AFF Visserie, "mais le personnel comprend qu'il ne va pas être laissé à l'abandon ; avec mes cadres de Toulouse, on est venu passer plusieurs semaines ici et je crois que les salariés sont aujourd'hui rassurés sur leur avenir".
Un chiffre d'affaire sérieusement amputé... et des salaires rognés
L'entreprise battait déjà de l'aile mais à l'automne dernier, tout s'est accéléré avec la perte d'un client de premier plan : PSA. Le chiffre d'affaires a alors chuté de près de 80 %, même si finalement, la venue de Renault parmi les clients de Preciturn a permis d'atténuer la baisse du chiffre d'affaires, qu'on estimait tout de même diminué de 40 % par rapport à la dernière reprise. Conséquence inévitable : l'activité partielle avait gagné du terrain pour arriver à presque 50 %.
"Il fallait réorganiser l'entreprise en fonction du nombre de commandes et de pièces à réaliser", explique Marc Auriol, ce qui signifie que certains des employés vont avoir de nouvelles tâches à réaliser, "et surtout, on modifie les méthodes de travail pour gagner en productivité, soit en automatisant, soit en réaménageant les espaces et outils".
"On peut difficilement faire de la qualité dans la saleté"
Les premiers travaux entrepris ont consisté à aménager les extérieurs, en taillant les haies et en arrachant le lierre qui courrait sur l'usine. Puis la façade a été rénovée, comme à Toulouse, aux couleurs blanche et grise. A l'intérieur, il a d'abord fallu nettoyer, pour ensuite faire de la place. Lors de sa première visite à Monistrol, l'équipe dirigeante avait avait été frappée par la saleté du sol et des machines. Une lessiveuse autoportée a été achetée pour le sol.
"J'ai demandé à chacun de nettoyer ses machines, ce qui offre un cadre de travail bien plus agréable, surtout qu'on peut difficilement faire de la qualité dans la saleté", juge Marc Auriol, car l'outil de travail avait été un peu négligé. "Il y avait une certaine démotivation du personnel à cause de l'ancien repreneur, qui n'a jamais mis un pied ici et qui n'a pas mis de moyens financiers pour permettre à l'entreprise de s'en sortir", commente-t-il, alors qu'il reste encore quelques fuites à colmater sur certaines machines.
----Le PDG d'AFF Visserie Marc Auriol est en contact avec Renault, qui le sollicite pour monter une unité de visserie du même acabit que celle de Monistrol-sur-Loire à Tanger, au Maroc. Le personnel marocain pourrait ainsi, à moyen terme, être formé à Monistrol et des cadres pourraient également se rendre à Tanger pour parfaire la transition. L'objectif est de se positionner comme un fournisseur international.
-----500 000 euros investis sur l'outil de travail
Puis les cinq cadres venus de Toulouse, assistés par les 19 employés restants, ont fait de la place pour réorganiser l'usine. "On a d'abord vidé tout ce qui ne servait à rien et qui était devenu obsolète, tout ce qui s'était entassé au fil des années", observe le PDG d'AFF Visserie, "donc on a fait place nette, ce qui nous a permis de récupérer un atelier complet, qui va nous permettre de stocker toutes les pièces réalisées en sous-traitance, en traitement thermique pour un confrère, ce qui représente environ 80 Tonnes par semaine".
De plus, pour relancer l'activité, Marc Auriol a investi près de 500 000 euros sur l'outil de travail, avec l'achat d'une rouleuse (260 000 €), d'une laveuse déphosphatante (120 000 €), d'une machine de contrôle en production automatique et sans contact (60 000 €), d'un appareil de surveillance du process (50 000 €) et d'un groupe froid pour refroidir l'huile de trempe (10 000 €).
- Retrouvez ci-dessous notre reportage vidéo sur la nouvelle organisation de l'entreprise :
Maxime Pitavy