Les enseignes prises pour cibles : le Super U, l'Intermarché, le Lidle et l'Aldi d'Yssingeaux, le Carrefour de Saint-Just-Malmont, le Casino d'Aurec-sur-Loire, l'Intermarché de Monistrol-sur-Loire, le Colruyt de Bas-en-Basset, ainsi qu'à Sainte-Sigolène. Certains accès aux parkings ont été bloqués avec du fumier et des pneus.
La sous-préfecture d'Yssingeaux a aussi reçu son tas de fumier devant sa porte.
Et puis si vous vous demandez si les agriculteurs vont vous laisser rouler ce vendredi , la réponse est oui, affirmatif. En tout cas pour ce qui est des adhérents FDSEA et JA de Haute-Loire. Ce vendredi matin, à 9h30, la directrice de la FDSEA43, Florence Augère, nous a confirmé qu'il n'y avait "pas de mot d'ordre de mobilisation, au plan départemental, sur les routes pour la journée de vendredi". Ce qui ne veut pas dire qu'il ne peut pas y avoir d'actions isolées menées par des agriculteurs non membres de la FDSEA ou des JA. Et rien n'est encore décidé pour ce samedi si les négociations nationales ne sont pas satisfaisantes.
----Le point à Yssingeaux à 9h15 :
Lidl est fermé et le parking rempli de fumier;
Aldi est ouvert visiblement, mais personne en vue;
Intermarché a affiché "Impossibilité d'ouvrir dans ces conditions", ouverture prévue pour 13 heures;
Seul Super U avait déjà nettoyé le parking et une partie était ouverte aux voitures;
La sous-prefecture avait quasiment fini son toilettage.-----En Rhône-Alpes, il n'y a plus de blocage ce vendredi matin. En Auvergne, il en reste encore deux dans l'Allier : sur la RN79 à Montmarault et sur l'A71 au diffuseur de Montmarault. En Haute-Loire, les huit barrages filtrants ou bloquants opérés ce jeudi ont tous été levés à 18 heures.
Face à la crise agricole, les politiques locaux réagissent.
Le député-maire du Puy-en-Velay, secrétaire général du parti Les Républicains et candidat à la présidence de la Région Rhône-Alpes Auvergne en décembre, a publié ce communiqué ce jeudi soir :
"Laurent Wauquiez fustige l’inconséquence et l’insuffisance du gouvernement à l’égard de nos agriculteurs.
Suite aux annonces du gouvernement du 22 juillet pour l’agriculture, Laurent Wauquiez a fustigé ces mesures qui sur le fond manquent totalement d'ambition et sur la forme n'ont pour seul objectif que de gagner du temps et de calmer la fronde de nos agriculteurs. En effet, il a commenté : « A juste titre, nos agriculteurs de la région Rhône-Alpes Auvergne sont déçus par ces annonces, et ont décidé de manifester cette déception par des actions autour de Lyon et Clermont-Ferrand. Il faut les soutenir, devant des mesurettes annoncées qui ne sont ni une solution durable, ni une réponse à l'exaspération et la colère légitime de nos agriculteurs. » L’attentisme du gouvernement au début de la crise n’aura permis que d’éluder le problème, mais aujourd’hui, il n’est plus question d’attendre.
Laurent Wauquiez interpelle les membres du gouvernement pour qu’ils s’attaquent au fond du problème pour notre agriculture en France aujourd’hui : un trop plein de normes, un harcèlement administratif décourageant, la question de la régulation du marché européen, l'absence de politique offensive sur l'exportation.
Alors que nous vivons une des plus graves crises agricoles de ces dernières années, Laurent Wauquiez demande que l’on agisse rapidement et fortement pour soutenir les agriculteurs et aider l’ensemble de la filière à regagner de la productivité. Un chèque à la filière ne suffit pas, nos agriculteurs ont besoin d’un accompagnement fort, d’un suivi réel, de réponses à leurs demandes. Pour l’élu de la Haute-Loire, le Ministère de l’Agriculture doit de toute urgence réunir les acteurs de la filière lait afin de leur apporter des réponses et déboucher sur un accord sur les prix à l’image de ce qui s’est fait pour la viande.
De la même manière, il demande la levée immédiate de l’embargo russe qui pénalise aujourd’hui lourdement nos agriculteurs en les privant de débouchés potentiels importants.
Laurent Wauquiez propose également de complètement restructurer l'approvisionnement de la restauration hors foyer dans notre région afin de remettre nos produits locaux dans nos assiettes.
Sur la sécheresse, et alors que notre région dispose de réelles ressources en eau, Laurent Wauquiez insiste sur l’absolue nécessité de très rapidement trouver une solution pour la gestion et le stockage de cette ressource."
Concernant la restauration collective (cantines, scolaires, maisons de retraite, cuisines municipales...), les choses ne sont pas si simples comme nous l'avions évoqué lors d'une table-ronde, le 12 décembre dernier, à l'occasion du premier salon des produits alimentaires de Haute-Loire à Saint-Paulien.
Dominique Chalendard, vice-président de la Chambre d’Agriculture, a exposé les difficultés qu'il rencontre à développer le consommer local dans les cantines avec la plateforme « Saveurs de Haute-Loire », créée fin 2012, qui peine encore à décrocher des marchés publics auprès des collectivités, faute peut-être de volonté politique... Ce à quoi, le sénateur Gérard Roche, alors également vice-président du Conseil général de Haute-Loire (et président jusqu'à l'été 2014) a répondu.
Le conseiller municipal du Puy-en-Velay et leader de l'opposition (PS) a réagi ce vendredi matin.
"Comme son nom l’indique, le plan gouvernemental annoncé mercredi vise à pallier l’urgence de la situation. Cette bouffée d’oxygène ne peut constituer la seule réponse. Notre modèle agricole doit être remis en question, sans quoi la libre concurrence des produits agricoles tuera nos agriculteurs et par la même occasion les spécificités de leurs produits : terroir et qualité. Il s’agit de faire comprendre que la consommation de produits locaux quand cela est possible, bénéficie : au portefeuille, à nos producteurs, à notre santé, à la planète, à l’aménagement du territoire. C’est aussi d’admettre que la politique suivie jusqu’alors a précipité les exploitants dans les difficultés.
Comment accepter de voir des produits laitiers allemands moins chers que nos produits locaux dans les grandes surfaces ? Depuis combien d’années les agriculteurs réclament-ils de pouvoir vivre de la vente de leurs productions et non de subventions ? Depuis combien d’années dénoncent-ils, au moins pour certains, le fait d’être poussé à l’endettement pour produire toujours plus, au détriment de la qualité ?
Nos responsables politiques se doivent de défendre une réorientation de la politique agricole commune pour sauvegarder nos petites et moyennes exploitations qui jouent aussi un rôle indispensable en terme d’aménagement du territoire. La fin des quotas laitiers laisse craindre de nouvelles crises. La baisse du cours du lait n’en est qu’une conséquence et René Souchon, président de la Région Auvergne, a déjà souligné ces dérives. Les libéraux européens ont institué une concurrence féroce entre les productions agricoles qui tirent les prix et la qualité vers le bas. Aux côtés du gouvernement, nous devons œuvrer pour promouvoir une agriculture de proximité et ne pas céder face aux sirènes du productivisme qui impose des fermes-usines.
Remettre en cause ce modèle agricole, c’est aussi changer de mode de consommation : privilégier la qualité au détriment de la quantité. À ce sujet, nos élus locaux ont le pouvoir d’initier ce changement de mentalité à travers la gestion des cantines.
Afin de lutter contre les puissants lobbys (industries agroalimentaires, grandes surfaces), nos politiques doivent légiférer pour les contraindre à respecter les coûts de production des agriculteurs au détriment des marges brutes des grands groupes qui explosent. Ensuite, il est indispensable de développer la coopération entre producteurs pour la vente directe afin de les rendre moins dépendants des fluctuations d’un marché mal contrôlé au niveau européen, de renforcer les appellations de terroirs qui valorisent le travail des agriculteurs.
Lorsque M. Wauquiez raille l’inaction du gouvernement, il oublie de dire que lui-même ne joue pas le jeu puisqu’il n’a pas mis en place, à la différence de nombreuses municipalités, des repas locaux dans les cantines du Puy-en-Velay. J’ajoute que les difficultés sont suffisamment sérieuses depuis des décennies pour ne pas verser dans la récupération politicienne de bas étage. Enfin, sa famille politique œuvre au parlement européen pour la signature du traité transatlantique dans des conditions qui ouvriraient notre marché aux productions américaines. Halte au double-discours !"