C’est un jeune homme au dos courbé qui arrive à la barre ce mardi 9 juin 2015 devant le tribunal correctionnel du Puy-en-Velay. Aujourd’hui âgé de 19 ans, il doit expliquer les détails de cet accident de chasse. La victime était un jeune homme de 22 ans. Il habitait Saint-Cirgues, petite commune près de Lavoûte-Chilhac, dans le Val d'Allier. Sapeur-pompier volontaire, depuis quelques années, il travaillait également à la mairie de Brioude, dans le secteur de l’environnement. Populaire, il était très engagé dans la vie des communes. C’est une famille brisée qui s’est installée sur les bancs du tribunal ce mardi.
A la chasse avec famille et amis
Le tireur, originaire de Chilhac, était chasseur depuis quatre ans. Ce 2 novembre 2014, les deux amis ainsi que le père et le frère de la victime partent à la chasse. Son amie, non-chasseuse, est même venue les accompagner. En tout, 31 chasseurs se sont réunis ce dimanche du mois de novembre. Une première battue ne donne rien. Pour la seconde, les deux amis ainsi qu’un autre chasseur forment une ligne de traque au-dessus d’un chemin.
L'accident se transforme en drame
Les consignes de sécurité sont strictes : les chasseurs ne doivent tirer qu’en contrebas, quand le gibier a traversé le sentier. Un cerf est annoncé. Des coups de feu retentissent. Le jeune Chilhacois ne voit que le gibier et tire. Son ami reçoit le projectile au niveau de la tempe. L'amie et le frère de la victime essayent de le réanimer, sans succès. Choqué et en état de détresse psychologique, le tireur est hospitalisé directement après l’accident au centre hospitalier Sainte-Marie du Puy-en-Velay.
Une faute d'imprudence
A la barre, le responsable bredouille : « Il était au-dessus de moi. » D’après sa déposition, c'est un tir montant qui a été fatal au chasseur et non descendant comme le voudrait la procédure. Par rapport à la ligne de tir, il est interdit de tirer dans un angle de 30° par mesure de précaution. Le président, André-Frédéric Delay, interroge : « Donc vous vous êtes presque retourné ? » L’homme répond simplement : « Oui ». « Vous avez commis une faute d’imprudence aux conséquences dramatiques », commente le président du tribunal.
L’avocat des parties civiles, Me Marcel Schott, dénonce : « Il a été un chauffard de la chasse […] et son permis de chasse n’a pas été suspendu. » L’avocat s’interroge : « Comment imaginer un fusil et des balles dans les mains d’un garçon qui n’a pas compris ce que représentait cette passion ? » Les parties civiles n’ont réclamé qu’un dédommagement des frais de procédure.
« Ni argent, ni peine ne ramèneront la victime »
« C’est une affaire extrêmement dramatique sur plusieurs plans. Et rien ne pourra ramener la victime », commente la représentante du Ministère public, Karima Djemali. Appuyant sur l’absence de casier, cette dernière a requis douze mois d’emprisonnement avec sursis assortis d’une suspension de son permis de chasse et l’interdiction d’en refaire la demande pendant cinq ans (durée maximale autorisée). Elle conclut tristement : « Je pense que sa vie est terminée sur un plan psychologique. » Un homicide involontaire est, d’après la loi, puni de trois ans d’emprisonnement.
Le tribunal a suivi ces réquisitions et a accordé 1 500 euros de dédommagement.
E.J.