"6h45 du mat", le jour se lève timidement. Le ciel est bas et très gris : cela laisse présager une journée pluvieuse. Les conditions météo sont plutôt favorables, le thermomètre affiche deux degrés et pas de gelée nocturne. "Mais, l’eau est froide à cause de la fonte récente de la neige", s’inquiète Nicolas, alias Nico, le pêcheur.
"Quand le bouchon fait tac-tac, on est heureux"
À quelques encablures du hameau de Peyredeyres, commune de Chaspinhac au nord de la préfecture vellave, Nico pose son attirail. Au bord de la Sumène, petite rivière, affluent de la Loire, il éprouve toujours comme à l’accoutumé "le même plaisir à jeter le bouchon pour la première fois de l’année". De même il dit ressentir "un profond bonheur quand le bouchon fait tac-tac, cela signale qu’on a fait une touche."
----Nicolas s’est initié à la pêche avec des amis et grâce aussi à internet pour la technique. Il constate que peu de jeunes de son âge pratiquent la pêche. "Ce sont avant tout des papys, des 50 /60 ans et plus", note-t-il amèrement. "Les jeunes ont beaucoup d’autres possibilités d’activités", selon ses dires.
-----La patience, le maître-mot des pêcheurs
Equipé d’une canne télé-réglable de quatre mètres préparée à l’avance, et bénéficiant d’une bonne pratique, Nico relève néanmoins une seule touche au bout d’une demi-heure. "Il faut être patient, très patient et il ne faut jamais désespérer", se conforte-t-il. Et un petit peu plus tard, "estimant que le bouchon est trop léger", il décide de "refaire sa ligne". Ainsi, armé d’une patience à toute épreuve, il change le bouchon, les plombs et l’hameçon, refait les nœuds. Cet exercice requiert aussi une grande minutie pendant un quart d'heure environ.
Les aléas de la pêche
Optant pour une pêche statique, Nico vague sur un espace restreint. Mais cela ne l’empêche pas de connaître des déboires. Ainsi, au bout d’une heure de pêche, suite à un lancer, le fil reste accroché à une branche d’un arbre situé sur la berge opposée. Nico tiraille alors par à coup sur sa canne pour tenter de débrouiller le fil, mais celui-ci casse. Et le bouchon reste suspendu à la branche de l’arbre inaccessible du fait d’un courant d’eau profond et dense à cet endroit-là. "Ce sont les aléas de la pêche, il ne faut surtout pas se décourager, ne pas paniquer", se console-t-il avec un certain flegme.
Bis repetita : notre pêcheur aguerri doit refaire la ligne de la canne. Seulement, cette fois-ci, l’opération s’éternise. Le fil "récalcitrant" refuse de coulisser dans le bouchon. Et c’est après une interminable demi-heure de persévérance que la canne est à nouveau prête à l’emploi.
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Outre la truite fario, qu'il appâte au ver de terre ou à la teigne (larve), Nicolas pêche aussi l’ablette, le goujon et le gardon. De temps à autre, il pêche encore le brochet au rapala (appât). Il accompagne enfin ses copains qui pêchent la carpe. "Mais je ne suis point carpiste", prévient-il.
-----Une ouverture infructueuse
Le bilan de l’ouverture 2015 est décevant et nullement encourageant. Aucune truite fario, truite sauvage, n'a été prise au piège de l’appât. La besace est donc restée vide.
En guise de soulagement, Nico constate que les pêcheurs rencontrés étaient eux aussi bredouilles. Et, comme lui, ils n’ont pas observé non plus la moindre truite dans la rivière.
"Habituellement, j’en vois beaucoup à cet endroit, mais plus tard il est vrai, au mois de mai", observe Nico, nullement abattu. Bien au contraire, il est décidé plus que jamais à remettre ça, comme il le fait assidûment depuis huit années maintenant.
"Pour le plaisir d’attraper du poisson", insiste-t-il tout en précisant bien que
"ce n’est pas une compétition pour moi". Et il précise encore :
"Je continue à pêcher pour la détente, le calme au milieu de la nature, toujours tout seul". Et il savoure :
"On entend que le bruit de l'eau, c'est génial !".
G.D.