"On a peur d'une chose aujourd'hui, c'est l'abstention", explique Gérard Roche en préambule de la conférence de presse donnée à sa permanence ce vendredi matin. Il va même plus loin, en se déclarant favorable à l'attribution d'une amende contre le citoyen qui ne vote pas, comme ça existe déjà pour le système des grands électeurs.
Autre important motif d'inquiétude : le sentiment généralisé, depuis quelques années, de l'inutilité de la collectivité. Un sentiment auquel le gouvernement ne serait pas étranger, puisqu'il a proposé de supprimer les conseils généraux dans le mille-feuille administratif, "mais ce sont des collectivités vouées à perdurer", assure le sénateur centriste.
----Gare à l'abstention... qui profite toujours aux mêmes partis
Selon un sondage paru la semaine dernière, un tiers des français ne sait toujours pas qu'il y a des élections en mars. Selon un autre sondage, les trois quarts des moins de 25 ans n'ont pas l'intention d'aller voter. En Haute-Loire, en 2011, les élections cantonales avaient enregistré une participation de 41 %.-----Une assemblée qui joue un rôle important dans le quotidien des Altiligériens
Pour Gérard Roche, qui a présidé le Conseil général pendant plus de dix ans, "le citoyen lambda pense que ça ne sert à rien et que ça va être supprimé. Mais au final, le seul changement pourrait concerner le ramassage scolaire, et encore, on pourra faire une convention pour que la compétence demeure au Département", explique-t-il. Ce qui devrait être le cas dans un territoire rural comme la Haute-Loire.
Enfance, économie, routes, social, tourisme, agriculture... autant de compétences qui devraient rester dans l'escarcelle du Conseil Départemental, qui remplacera le Conseil Général à la fin du mois de mars. "La collectivité dispose d'un budget de 250 millions d'euros pour gérer le quotidien des Altiligériens, il faut donc réfléchir à la meilleure façon de les redistribuer dans l'intérêt commun", ajoute-il.
- Pourquoi est-il indispensable d'aller voter les 22 et 29 mars prochains ?
Un inquiétant glissement de la France vers la droite
Alors que la probabilité de voir le Département basculer à gauche, voire à l'extrême droite, demeure très faible, le sénateur de Haute-Loire analyse : "la gauche tend à se complaire dans l'opposition et on relève un glissement de la France vers la droite, mais le FN se moque de ses électeurs, en présentant notamment des membres d'une même famille dans huit cantons". Beaucoup de binômes se présentent également sans étiquette... de quoi déboussoler l'électeur et favoriser l'abstention ?
"Je ne crois pas", répond-il, "je suis personnellement un anti-militantiste forcené et je suis farouchement opposé au bipartisme. Au cours de ma Présidence, j'ai tout fait pour le gommer", avant de tempérer : "il faut quand même que l'on sache quelle est la sensibilté politique de chaque candidat, même s'il n'a pas d'étiquette ou qu'il n'est pas encarté".
Un front républicain assumé pour faire barrage au FN
Alors que le FN présente des scores importants dans les intentions de vote, l'ancien Président du Conseil Général explique : "je respecte les électeurs du FN mais son noyau dur est quand même composé d'idées malveillantes". Pour lui, le risque principal de le voir émerger concerne surtout le croissant est du département et il s'interroge sur sa progression dans le monde agricole : "combien d'agriculteurs pourraient encore vivre de leur métier en Haute-Loire sans les aides de la PAC ? Il y a un mécontentement, certes, mais les solutions préconisées par le FN mèneraient le monde agricole droit dans le mur".
Alors qu'il avait déjà exprimé il y a plusieurs mois être favorable à des alliances de la droite et de la gauche dans les cantons où le FN a une possibilité de l'emporter, il confirme l'importance d'un front républicain face à un parti qui "n'a pas de programme".
- Quels seraient les risques de voir le FN encore gagner du terrain ?
- Le Département ayant de fortes compétences en matière sociale, quelle pourrait être la politique menée par le FN dans ce domaine ?
----Le "grand merci" de Gérard Roche
Gérard Roche ne se représente pas dans son canton du Mézenc, mais soutient Philippe Delabre, le maire de Saint-Front, pour lui succéder. "Depuis 1975, Fay-sur-Lignon me fait confiance. J'ai toujours essayé de faire mon travail consciencieusement, je ne crois pas avoir trahi mes électeurs et je les remercie car ils m'ont permis d'accéder à la Présidence du Département, où je me suis éclaté, et aujourd'hui au poste de sénateur. Je leur dis donc un grand merci".-----"Le Département ne peut pas être une simple goudronneuse et ne faire que des routes"
Quant à la parité des binômes, une particularité imposée par la réforme, il se positionne sans concession et très favorablement pour l'arrivée de femmes dans la collectivité : "compte tenu de nos compétences, ce sera un enrichissement du débat, notamment pour les volets social et culturel, où la présence féminine fera le plus grand bien, même si on sait que leurs compétences touchent bien d'autres champs, comme l'économie par exemple. Le Département ne peut pas être une simple goudronneuse et ne faire que des routes", conclut-il.
- Aujourd’hui, l’assemblée départementale comporte 7 femmes pour 28 hommes. Au printemps prochain, ils seront 19 hommes et 19 femmes à siéger. Pourquoi êtes vous si favorable à la féminisation des élus du Département ?
- Une féminisation certes, qui ne se traduit cependant pas par un rajeunissement. Est-il impossible d'intéresser les plus jeunes à la vie politique ?
Maxime Pitavy