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Quand les antennes 4/5G se construisent au détriment des maires

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 08/11/2022 à 12:00

Si beaucoup de 1er édiles encouragent la présence des pylônes 4 et 5G dans leur commune, certains s’y opposent fermement à l’instar de Laurent Bernard, à Vals-Près-Le-Puy. Mais la marche forcée des opérateurs téléphoniques semble tranquillement fouler du pied tous les outils à disposition des maires réfractaires.

L’automne, c’est la saison des champignons et des feuilles qui se ramassent à la pelle. C’est aussi celui des relais téléphoniques qui poussent comme les eucaryotes pluricellulaires des sous-bois. Entre celui en projet dans la zone de Chirel ou un autre vers l’Institut Médico-Educatif des Cévennes à Mons, c’est du côté du Carmel que l’inquiétude grandit.

Cette fois, ce n’est pas un collectif d’habitants constitué à la hâte qui se dresse contre le projet mais le maire lui-même. À travers un communiqué, Laurent Bernard, Maire de Vals-près-le-Puy, en décrit l’historique, démontrant au passage comment les opérateurs peuvent, en toute légalité et sans aucune pression, ériger leur pylône métallique.

Laurent Bernard demande des preuves et des analyses chiffrées. En vain.

Le 4 mars 2022, un représentant de l’opérateur de téléphonie « Free » a rencontré le Maire de Vals concernant la recherche d'un terrain dans le but d'y implanter une antenne 5G. Laurent Bernard questionne alors l’entreprise sur la réelle nécessité de construire une antenne sur la commune.

D’après lui, l'opérateur argumente en dénonçant un mauvais taux de saturation sur le territoire valladier. Laurent Bernard demande alors des preuves et des analyses chiffrées. À ce jour, aucune de ces données n’a été transmise au Maire de Vals. Il émet donc un avis défavorable pour cette antenne qu’il juge inutile.

En zone urbaine, d'après la loi, l'implantation de ces équipements est libre. L’'opérateur Free a ainsi pu consulter le cadastre et contacter courant avril des propriétaires détenant des terrains susceptibles d'accueillir leur antenne.

Devant le mur municipal inflexible, Free va donc voir ailleurs. L’opérateur toque ainsi à la porte de propriétaires privés pour savoir s’ils seraient intéressés de gagner 30 000 euros en 10 ans en échange d’un bout de terrains. Tous refusent. Sauf un. « Un propriétaire qui n'habite pas la commune a accepté la proposition en contrepartie d’un loyer », affirme Laurent Bernard.

« La mutualisation avec le pylône de Orange de la zone de Chirel n'est pas possible »

Ensuite ? Ensuite tout s’enchaîne. Le 6 juillet, un dossier d'information d'implantation d'une antenne 5G est déposé par Free. 5 jours plus tard, la mairie exige de l’opérateur une étude de simulation de l’exposition aux champs électromagnétiques que les habitants subiront.

Le 13 juillet, « nous recevons un mail de l’opérateur Free qui nous confirme que la mutualisation avec le pylône de Orange de la zone de Chirel n'est pas possible, livre Laurent Bernard. Cela malgré notre demande express ». À noter que la structure de Chirel sera distante que de 900 mètres à vol d’ondes.

« Seuls les opposants se déplacent et la parole est monopolisée par ceux qui parlent le plus fort »

Ce même jour du 13 juillet, le Maire, impuissant devant cette installation que rien en semble interdire, contacte les associations environnementales « Robin des toits », « FNE » et « Priartem ». Il informe également la presse qu’un registre, déclaré en préfecture, est disponible en mairie pour pour recueillir les doléances des habitants.

Le 18 et 21 juillet, en dépit des demandes de Laurent Bernard, Free ne souhaite aucune rencontre avec les habitants. Leur explication, selon un mail reçu par les services de la mairie de Vals, est : « Je vous confirme que Free Mobile n'anime plus de réunion publique. Ces rencontres ne sont jamais constructives, seuls les opposants se déplacent et la parole est monopolisée par ceux qui parlent le plus fort. »

Selon le site Ariase, Orange a ainsi déployé sur le département 174 antennes, SFR 160, Bouygues Telecom 146 et Free 152. Chaque antenne contient un ou plusieurs opérateurs.

La commune du Puy-en-Velay possède :

  • 4 antennes 5G dont 1 utilisant la nouvelle bande de fréquence à 3,5GHz.
  • Orange dispose actuellement de 5 antennes mobiles dont 5 en 4G+.
  • SFR compte 3 antennes mobiles dont 2 en 5G.
  • Bouygues Telecom est présent sur 2 antennes mobiles dont 2 en 5G.
  • Free a équipé 2 antennes mobiles dont 1 en 5G (3,5GHz) avec une vitesse théorique pouvant atteindre 1Gb/s.

Les Architectes des Bâtiments de France désarmés

Le 21 juillet, l’étude de simulation de l’exposition aux champs électromagnétique tombe enfin. La réponse de l’opérateur est la suivante : « Nos équipements indiquent de faibles niveaux. Les seuils réglementaires varient de 700 MHz à 2600MHz ».

Quatre jours après, la mairie demande de l’aide aux Architectes des Bâtiments de France (ABF). Ces derniers leurs répondent : « Aux termes de la loi ELAN de novembre 2018, l'avis de l'architecte des bâtiments de France devient consultatif sur les projets de relais téléphoniques ou antenne 4/5G. Par ailleurs, il sera difficile de s'opposer à ce projet ».

La Préfecture également sans solution

L’étau se resserre et la présence de l’antenne apparaît de plus en plus incontournable. Devant cette frustration et ce sentiment de poings liés, Laurent Bernard se tourne vers les services de l’État.

Le 28 juilet, il demande à la Préfecture que Free renonce à construire ce relais et occupe plutôt celui en projet à Chirel avec les autres opérateurs. Mais la réponse de la Préfecture en date du 1er août est loin de satisfaire sa demande : « Après vérification, il apparaît que installation de cette antenne ne relève pas des programmes du Gouvernement. Nous n'avons pas la main sur cela donc ».

« Le 8 septembre, nous recevons un mail de l'opérateur SFR / Bouygues qui indique lui aussi être à la recherche d'un lieu d’implantation d'une antenne. Ce message confirme que que les opérateurs sont informés de leurs implantations réciproques ». Laurent Bernard

Free attaque le défrichement du terrain sans déclaration préalable de travaux

Le Maire du Vals-près-le Puy indique que Free a déposé en Préfecture une demande de défrichage du terrain. Malgré le combat de la municipalité, malgré une pétition d’environ 140 signatures par les riverains du Carmel à Vals, l’État accepte le chantier car pas en mesure de le refuser. « Après vérification par l’Huissier de Justice, les travaux de défrichage sur le terrain ont commencé le jeudi 13 octobre dernier, mentionne Laurent Bernard. A ce jour, la Mairie n'a pourtant pas encore reçu la déclaration préalable de travaux ! »

« Nous devons rester vigilants face à ces situations qui se multiplient. Nous sommes démarchés par d'autres opérateurs qui souhaitent également s'implanter sur la commune. Ces opérateurs prennent des initiatives outre la décision du Maire ». Laurent Bernard

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