« Je suis d’abord passé par la pharmacie Centrale du Puy, décrit Jérôme, diabétique insulinodépendant depuis 13 ans. Je voulais avant tout une boite d’Apidra. Ce sont des stylos remplis d’insuline qui me sont absolument vitales. La pharmacienne m’a dit qu’ils avaient les aiguilles, les capteurs mais pas d’insuline ».
Il déroule encore sa journée du 20 décembre : « Ensuite, j’ai tenté celle en haut du Breuil. Même topo. Là, j’ai commencé à m’inquiéter un peu. Je suis redescendu et j’ai demandé à l’officine en face de la pharmacie Centrale. Ils m’ont répondu qu’eux non plus n’avaient plus d’insuline. Mais que je pouvais en commander et que la boite serait là le lendemain ».
« Oui, il y a énormément de ruptures de médicaments de tout type ! »
À l’instar de ce traitement que tous les diabétiques connaissent et qui s’avère indispensable à leur survie, bien d’autres médicaments semblent être confrontés à cette rupture de stock. Une des deux pharmaciennes de l’officine du Pôle Santé Hello Pharmacie, fait le constat de cette tendance qui apparaît prendre une courbe ascendante.
« Oui, il y a énormément de ruptures de médicaments de tout type !, lance-t-elle sans hésiter. C’est énorme, en fait ! » Elle continue : « Les raisons de cette pénurie sont de plusieurs ordres. Déjà, les médicaments ne sont pas assez onéreux en France et les laboratoires préfèrent donc se tourner vers des pays qui les achètent 10 fois plus chers. Ici, on vend une boite d’Amoxicilline seulement 3.03 euros ! Comment voulez-vous que le labo, le grossiste et le pharmacien puissent gagner leur vie avec. Impossible ! »
« C’est très complexe car cela chargerait la sécurité sociale et, par ricochet, tous les français »
La pharmacienne partage également : « Les laboratoires en ont marre de ne rien gagner en France. D’autant plus que le gouvernement a imposé aux labos de nouvelles baisses de prix ce qui va aggraver plus encore le problème. C’est très complexe car cela chargerait la sécurité sociale et, par ricochet, tous les français ».
La pharmacienne l’affirme : « C’est très inquiétant ! Et le gouvernement n’agit pas ».
« Nous importons presque toutes les molécules actives d’Asie »
Une autre explication évoquée par la professionnelle est la fabrication même des médicaments. « En France, nous n’en faisons quasiment plus car la production est trop chère. Nous importons presque toutes les molécules actives d’Asie. Or, durant le Covid, toutes les usines d’Inde et de Chine étaient à l’arrêt pendant de longs mois. Les effets ont été des retards énormes de production d’où, peut-être, cette carence en conséquence ».
Elle conclut : « Voilà où nous en sommes en France ».