"Ce ne sont pas des fermetures, ce sont des ouvertures qui ne se font pas, ce qui est très différent", observe en préambule Jean-Williams Semeraro. Et les classes sont appelées divisions. Au final, ça ne change pas grand chose puisqu'il devrait bien y avoir sept divisions en moins à la rentrée prochaine.
Pour autant, l'Inspecteur d'Académie se veut rassurant : "c'est pas comme si on fermait sept classes dans le département en demandant aux enseignants de se débrouiller avec les élèves. On n'a pas les mêmes effectifs que l'an dernier. Par exemple, dans un collège X, si l'on avait 34 élèves, il fallait deux divisions. S'il n'y a plus que 30 élèves cette année, on n'a plus besoin que d'une division".
Les moyens sont répartis en fonction des capacités d'accueil des établissements et du nombre d'élève et "au regard des seuils qu'on applique pour les classes, le nombre d'élèves présents à la rentrée prochaine nous conduit à ne pas ouvrir ces sept divisions dans le département. Bien évidemment, si le nombre d'élèves avait nécessité ces sept divisions par rapport aux seuils, nous aurions ouvert", assure-t-il.
----Le plan arrêté pour l'instant conduit à sept fermetures de classe en Haute-Loire pour une seule ouverture, à Landos. "Tout le reste, c'est du maintien", conclut-il.-----Pourquoi n'y avait-il pas d'ouverture lorsque les effectifs étaient en hausse ?
Ce jeudi, les syndicats ont déploré que lorsque les effectifs étaient en hausse, il n'y avait pas de création de classe... alors que dès que la tendance s'inverse, il y a aussitôt des suppressions. "Les structures existantes étaient suffisantes pour accueillir les élèves, il n'y avait donc pas besoin d'ouvrir de nouvelles divisions", riposte-t-il, "si une classe passait de 22 à 26 élèves, il n'y avait pas d'ouverture correspondante".
Alors peut-on avoir la garantie qu'en cas de recrudescence des effectifs l'an prochain, ces classes seront réouvertes ? "Bien sûr, mais seulement à partir du moment où les seuils sont dépassés", répond-il.
Un taux d'encadrement avantageux en Haute-Loire... surtout en zone rurale
Le taux d'encadrement en Haute-Loire, pour chaque niveau du collège, est de 25 élèves par classe (24,66 exactement), alors qu'il est inférieur dans le premier degré. En France, ce taux est de 28 élèves par classe et au niveau de l'académie, il est de 30 élèves par classe. La Haute-Loire bénéficie donc d'un taux d'encadrement plutôt avantageux, mais il s'explique par la structuration du département.
En effet, beaucoup d'établissements ruraux bénéficient d'un effet de seuil, qui leur permet de conserver leurs classes alors qu'ils ne scolarisent qu'une quinzaine d'élèves par division (un établissement de Haute-Loire dispose même d'une classe de neuf élèves). "Pour compenser au niveau départemental, je suis contraint de monter à 30 élèves dans les structures urbaines les plus importantes", se justifie l'Inspecteur d'Académie.
----"J'ai aujourd'hui une très très faible marge de manoeuvre car j'ai déjà réparti tous les moyens, en fonction de la structure et de l'offre de formation".-----Une discussion avec les trois chefs d'établissement du bassin du Puy
Un autre argument avancé par les syndicats était le risque de voir l'enseignement privé renforcé par la fermeture de ces classes, les collèges publics du Puy n'étant plus en mesure d'accueillir de nouveaux élèves avec toutes leurs classes saturées à 30 élèves. "Déjà, le collège Lafayette ne peut pas accueillir plus de 28 élèves par classes, à cause de la configutration de ses locaux", rectifie-t-il, "mais il y a deux autres établissements sur le bassin du Puy, il faut donc mener une réflexion avec les trois chefs d'établissement pour savoir comment on organisera la rentrée prochaine. Les discussions ne sont pas fermées".
Ce qui signifie qu'une ouverture serait finalement envisagée sur l'un de ces trois établissements ? "Si les effectifs le justifient et que j'ai la possibilité d'ouvrir une classe sur l'ensemble de l'agglomération du Puy, je le ferais volontiers, en concertation bien sûr avec les trois chefs d'établissement et dans l'intérêt général du territoire. Quoi qu'ilen soit, on ne laissera pas d'élève dehors, si un élève souhaite intégrer un établissment public sur le Puy, il l'intégrera".
Quel regard porte-t-il sur ce seuil de 30 élèves ?
Tous les manifestants rencontrés jeudi à l'inspection d'académie, qu'ils soient enseignants ou parents d'élèves, s'accordent à dire que ce seuil de 30 élèves est indécent. Qu'en pense Jean-Williams Semeraro ? "Quand vous avez été habitués à avoir des classes de 20-25 élèves, vous avez trouvé un fonctionnement, une pratique pédagogique. Quand on vous en ajoute cinq de plus, ça change la donne, effectivement, au niveau de la gestion de la classe, des copies à corriger, etc. Je comprends les enseignants, ça change profondément leurs pratiques et ils font un métier difficile. Mais quand on regarde le reste de la France, où on trouve des classes à 33 élèves, dont la plupart ont des difficultés sociales et culturelles, le métier n'est plus le même non plus".
Mais trouvez-vous ce seuil de 30 élèves indécent ? "Non", répond-il après une brève hésitation, "j'ai connu des conditions d'enseignement beaucoup plus dures et beaucoup d'enseignants y arrivent avec 30 élèves. Ce ne sera pas simple de s'adapter, ça va demander du travail mais il ne faut pas oublier non plus les caractéristiques de la Haute-Loire", en l'occurence un département peu dense, un des plus sécurisés de France, et avec "des taux d'encadrement très enviés dans tout le pays".
"Il y a de gros efforts fournis par l'Education Nationale, mais la Haute-Loire ne s'en aperçoit pas"
Enfin, Jean-Williams Semeraro appelle au calme car pour l'instant, rien n'est définitif et tout dépendra de l'évolution des effectifs scolaires dans les mois à venir. Pour conclure, où en est-on des promesses du gouvernement socialiste en matière d'éducation ? : "le gouvernement actuel fait un gros effort", répond-il, "il y a énormément de moyens qui sont délégués pour l'école, notamment en création de poste.
Les bénéfices de l'effort gouvernemental ne sont pas encore perceptibles en Haute-Loire, alors qu'ils le sont dans d'autres territoires, qui étaient bien plus sinistrés que le notre sur le plan de l'éducation. Le rôle de l'Etat, c'est de rétablir une égalité sur l'ensemble du territoire mais on ne peut pas dire aujourd'hui qu'il n'y a aucun effort de fournis par l'Education Nationale, ce serait injuste. Il y a de gros moyens de délégués, mais la Haute-Loire ne s'en aperçoit pas"
Maxime Pitavy