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4G à Mazeyrat : « Nous sommes passés d’une centaine de vaches à plus rien »

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 21/12/2023 à 06:00

Le dernier rapport judiciaire commandé pour expliquer la surmortalité du cheptel du Gaec de Coupet à Mazeyrat d’Allier a été remis entre les mains de l’éleveur Frédéric Salgues. Malgré une analyse au profit de l’agriculteur, les opérateurs téléphoniques en ressortent gagnants. 

Le rapport de justice est lourd de 49 pages. Il oppose le Gaec de Coupet, installé à Mazeyrat d’Allier, à tous les opérateurs téléphoniques utilisant un relais 4 et 5G. Sans entrer dans les détails de cette histoire qui a généré des dizaines d’articles des médias locaux et nationaux, l’implantation d’une antenne relais en juillet 2021 coïncide avec un effondrement de la production de lait du Gaec et une surmortalité de son troupeau de vaches.

Un drame animal, économique et humain

Après des mois de combats, des coups de théâtre, des actions en justice et des actions dans la rue, des victoires des uns et des victoires des autres, le dernier rapport judiciaire rend sa copie pour trouver les causes du drame. Un drame à la fois animal, économique et surtout humain.

« Nous avons tout perdu. Nous n’avons plus aucune vache aujourd’hui. Nous ne vivons que des cultures. Plus de l’élevage. Nous n’avons plus d’animaux », Frédéric Salgues.

« Aucune cause médicale, sanitaire, alimentaire ou zootechnique n’a pu être identifiée »

Après d’innombrables analyses sur les animaux, sur leur alimentation, sur le sol et le bâtiment, sur l’eau et les fourrages, sur les médicaments et la production de lait, le rapport de justice indique : « Aucune cause médicale, sanitaire, alimentaire ou zootechnique n’a pu être identifiée. »

Et encore : « Les vérifications électriques sur l’installation n’ont révélé aucune anomalie, aucun courant de fuite ni continus, ni alternatifs, ni au niveau de l’antenne, ni au niveau des bâtiments d’exploitation du Gaec n’ont été mis en évidence ».

« Le laboratoire TOXSEEK spécialisé dans les dosages des terres rares a établi le 26 janvier 2022 un lien avec la pollution électromagnétique due à cette antenne 3G/4G », selon le rapport judiciaire.

Refus de couper l’antenne pour constater ses effets

Mais une seule expertise n’a pas pu être faite : que l’antenne soit coupée pendant quelques semaines afin de constater ou pas les effets délétères des ondes émises.

« L’ordonnance du Tribunal Administratif de Clermont-Ferrand en date du 23 mai 2022 nous accordait l’autorisation de fermeture temporaire de l’antenne, est-il indiqué dans le rapport de justice. À la suite des vives protestations des opérateurs téléphoniques, cette ordonnance a finalement été annulée par le Conseil d’État. Cette situation a empêché de confirmer que l’antenne 3G/4G litigieuse n’était pas impliquée dans le sinistre subi par le Gaec de Coupet. »

« Mes clients ne sont pas du tout hostiles à ce type d’antennes dont ils comprennent parfaitement l’intérêt général. Ils avaient d’ailleurs refusé de signer une pétition contre l’installation de cette antenne », précise l’avocat du Gaec de Coupet.

« Ils ont gagné par l’argent »

Frédéric Salgues, amer, nous révèle : « Au mois de septembre, on nous indique qu’il nous faudrait débourser 7 000 euros si nous voulions approfondir les analyses. Deux mois après, les opérateurs téléphoniques estiment qu’une prochaine expertise coûterait 30 000 euros et que c’était à nous de les financer ! »

Il ajoute : « Je suis écœuré par ces gens, écœuré par leur méthode. Car pour nous, il est impossible de trouver une telle somme ! Ils ont gagné par l’argent. »

« C’était juste de l’enfumage, de la langue de bois et du mépris »

L’éleveur affirme avoir rencontré « les plus grands du pays ». « J’ai échangé quatre fois avec le ministre de l’agriculture, dit-il. Je me suis même entretenu avec Emmanuel Macron, accompagné par cinq autres éleveurs qui ont subi la même chose que moi. »

Il souffle : « J’avais vraiment l’impression que le Président entendait mon problème et me soutenait. Je me suis rendu compte ensuite que c’était juste de l’enfumage, de la langue de bois et du mépris ».

« Personne ne veut arrêter l’antenne ! »

Frédéric Salgues souligne encore : « Aujourd'hui personne ne veut arrêter l’antenne ! On a fait toutes les démarches. Le préfet de l’époque ne pouvait pas. Le ministre de l'Agriculture ne pouvait pas. On est allé au tribunal administratif qui l’avait ordonné. Et c’est le Conseil d’État qui a cassé l’ordonnance ».

« Il nous ont juste octroyé une chose. Le droit de mourir en silence »

À présent, lui et sa famille comprennent pourquoi le Ministère de l'Économie et des Finances s’est rangé du côté des opérateurs téléphoniques. Emmanuel Macron défend lui-même son poulain dans une vidéo. « À la décharge des ministres, je vais vous expliquer pourquoi on met des antennes relais. Parce que tout le monde dans la ruralité a besoin de capter et nous demande d’implanter des antennes. C’est un immense investissement. »

Frédéric Salgues, dépité, termine alors par ces mots : « Il nous ont juste octroyé une chose. Le droit de mourir en silence. »

Sur la vidéo ci-dessous apparait une partie de l'entretien entre Frédéric Salgues (devant la dame avec une veste rose) et Emmanuel Marcron :

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