Ils sont une quarantaine à tenir drapeaux et discours devant les escaliers de l’Inspection académique au Puy-en-Velay. Aux côtés de Force Ouvrière, de la FSU, de la CGT, de Sud Solidaires et de la Snalc (Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur), les « profs » des quatre lycées professionnels publics et des deux privés de Haute-Loire se dressent ensemble contre la réforme de Carole Grandjean, ministre déléguée à l’enseignement et la formation professionnelle.
« Ces formations seront au service du patronat local. »
Louise Pommeret, cosecrétaire départementale à la FSU, explique les trois « dérives », selon ses termes, de cette réforme. « La plus grave à mon sens est que la nouvelle carte des formations passera sous l’autorité du préfet, des sous-préfets, le tout en concertation avec les chefs d’entreprise ! Autrement dit, ce sont eux qui vont décider quelles filières pro devront être développées selon les besoins des entreprises départementales et celles qui disparaîtront. »
Son camarade de Force Ouvrière, Laurent Berne, complète : « C’est très grave car ces formations seront au service du patronat local. À la sortie de leur cursus, ils n’auront pas un diplôme qualifiant susceptible de leur ouvrir des portes et des possibilités diverses. Ils auront simplement un emploi, taillé sur mesure pour un poste bien précis et uniquement pour celui-ci ».
Moins de cours en classe, plus de stage en entreprise
Le deuxième point de crispation développé par les syndicats est la réduction des heures d’enseignement en classe pour les élèves au profit des stages en entreprise. « Ils vont perdre 170 heures de cours aussi bien dans le général que dans le professionnel !, déplore Louise Pommeret. Ça correspond à environ 7 semaines de cours sur l’ensemble du bac pro en trois ans ! »
Laurent Berne ajoute de son côté : « Ils sortiront avec un bac+1 et les formations ne seront reconnues ni par l’État, ni pas les conventions collectives. Au terme de leur parcours professionnel, ils ne seront qualifiés que pour occuper le poste dans l’entreprise qui a, en quelques sortes, commandé cet emploi ».
D’après les syndicats, les textes de la réforme GrandJean passeront au Conseil supérieur de l’Éducation nationale le 14 décembre pour une application pour la rentrée 2024
« Tout est dans le flou le plus total »
Le dernier « coup de gueule » porte sur la condition des enseignants. « Moins de temps en classe, c’est bien évidemment la crainte de suppressions de postes, soulève Louise Pommeret. C’est aussi la crainte de reconversions forcées. Les enseignants sont inquiets concernant leur emploi du temps et leurs horaires de travail. Et tout est dans le flou le plus total ».
Le militant de Force Ouvrière développe sur le sujet : « Des filières vont être supprimées donc, logiquement, des postes d’enseignants vont sauter. Et étant donné qu’il y aura plus de stages en entreprises et moins de temps passé en classe, les profs vont devoir des heures à l’Éducation nationale. C’est le statut tout entier des professeurs de lycées professionnels qui est remis en cause avec cette réforme ! »