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Le maïs : levée de bouclier de la chambre d’agriculture Haute-Loire

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 13/12/2023 à 06:00

Suite à l’article de Zoomdici intitulé, « Le maïs, vampire de la rivière Allier et de la retenue de Naussac ? », le président de la Chambre d’agriculture 43 a souhaité s’exprimer sur ce sujet majeur. Aux côtés de Landry Marsaud, conseiller environnement, Yannick Fialip liste en ce sens toute une série d’arguments pour démontrer, selon lui, que le maïs est une culture d’avenir.

« L’article nous avait choqué notamment par cet aspect qu’il semblait mettre les cultivateurs de maïs au rang de principaux responsables de la pénurie d’eau en France », explique le Président de la Chambre d’agriculture de la Haute-Loire, Yannick Fialip.

En dépit de cette piquante introduction, la rencontre avec Yannick Fialip et Landry Marsaud a été courtoise et fournie. L’article de presse évoqué par les deux personnages tourne autour de la dense culture du maïs dans la plaine de la Limagne au Puy-de-Dôme. La particularité de ce secteur est la rivière Allier qui traverse sur des centaines de kilomètres toute cette région naturelle.

Le maïs, avide d’eau au mauvais moment

Si le cours d’eau permet de fournir près de 2 millions d’habitants en eau potable et de contribuer au refroidissement des centrales nucléaires en aval, d’innombrables agriculteurs se branchent sur son lit pour irriguer leurs cultures.

Appuyé sur des études officielles, il est démontré que le maïs très exploité en Limagne n’est certes pas la céréale la plus assoiffée des plants. Mais la problématique réside dans son calendrier d’irrigation.

Dans un article du Monde par exemple, Marc Dufumier, agronome et professeur honoraire à AgroParisTech, souligne : « Le vrai problème du maïs, c’est d’exiger de l’eau en été. C’est une plante tropicale. Et sous les tropiques, les saisons chaudes c’est la saison des pluies. Chez nous, les saisons chaudes sont les saisons où il pleut le moins ».

Landry Marsaud et Yannick Fialip, de la Chambre d'agriculture de la Haute-Loire.
Landry Marsaud et Yannick Fialip, de la Chambre d'agriculture de la Haute-Loire. Photo par Nicolas Defay

« Nous avons les mêmes quantités de précipitations d’année en année en Haute-Loire »

Yannick Fialip et Landry Marsaud apparaissent conscients du changement climatique à l’œuvre mais tiennent à nuancer certains faits. « Il faut savoir que nous avons les mêmes quantités de précipitations d’année en année en Haute-Loire mais de façon moins diffuse, tient à soulever Yannik Fialip. Néanmoins, il faut reconnaître que notre département n’est pas très sujet aux pluies car nous sommes protégés par les montagnes du Cantal et que les phénomènes cévenols s’arrêtent en limite de l’Ardèche et de la Lozère ».

Il ajoute : « Les constatations les plus marquantes sont plutôt les hausses de températures et un vent de plus en plus violent ».

« Nos agriculteurs en Haute-Loire utilisent 1.8 millions de m³ pour leur irrigation. C’est seulement 1 % de la quantité d’eau de Naussac ! C’est extrêmement faible ! » Yannick Fialip

Près d’un million de m³ d’eau dans les retenues collinaires de Haute-Loire

À la question cœur du sujet, c’est à dire l’irrigation des cultures en Haute-Loire et surtout celle du maïs, Yannick Fialip assure « qu’elle est maîtrisée et qu’elle est faible. 75 % des cultures altiligériennes sont des surfaces en herbes et donc pas irriguées. Pour les autres surfaces agricoles qui nécessitent une irrigation, nous avons la chance d’avoir cette énorme retenue d’eau qui est Naussac ».

Il met alors en surbrillance : « La retenue contient environ 185 millions de m³ d’eau. Nos agriculteurs en Haute-Loire utilisent 1.8 millions de m³ pour leur irrigation. C’est seulement 1 % de la quantité d’eau de Naussac ! C’est extrêmement faible ! »

Yannick Fialip ajoute encore : « Le second point, c’est que nous avons en Haute-Loire un nombre considérable de retenues collinaires. Sur les 110 comptabilisées, 80 sont utilisées. Au total, cela représente environ 800 000 m³ d’eau stockés ».

« On a essayé d'autres cultures à la place du maïs comme le sorgho par exemple. Mais en cas de grosse température, la plante meurt. Et idem lors des coups de gel ». Landry Marsaud

« Les champs de maïs rafraîchissent l’atmosphère »

Landry Marsaud rappelle de son côté que le maïs est la plante qui produit le plus de biomasse de toutes les cultures en France. « Déjà, c’est une plante exotique qui s’adapte par nature au changement climatique en cours. D’autre part, quand il est arrosé l’été, le phénomène de photosynthèse lui permet de capter du carbone. Enfin, les champs de maïs rafraîchissent l’atmosphère ».

Il précise sur ce point : « Quand vous lui mettez 20 millimètres d’eau, 10 seront évaporés par transpiration de la plante. Ces 10 là repartent dans le ciel et retombent en pluie plus tard ».

« Plus les zones sont arrosées et vertes, plus il y a de précipitations. C’est une logique que nous voulons défendre. Si on laisse un sol nu, on aura forcément de la sécheresse. Comme dans un désert ». Yannik Fialip

Une irrigation qui fait tâche

Un écueil que soulignent les deux intervenants sur le maïs est le coté visuel de l’irrigation. « Au milieu des champs de maïs, il y a un gros canon qui balance de l’eau sur de larges surfaces, décrit Yannick Fialip. Pour ça, il y a beaucoup de pression, ce qui donne l’illusion aux gens que des quantités d’eau effroyables sont usées pour nourrir les plants de maïs. Pourtant, c’est seulement 20 m³ qui sont projetés à l’heure par ce même canon. Ce qui est peu ».

« On estime que sur l’ensemble du bassin Haute-Loire, Puy-de-Dôme et Allier, seulement 10 % de ce qui est stocké en Naussac est utilisé pour l’irrigation des cultures ». Landry Marsaud

« Les hommes politiques n’ont pas pris conscience qu’il fallait eux aussi qu’ils adaptent leur politique »

Le second regret est la déconnexion des pouvoirs publics sur la question. « Je pense sincèrement que les hommes politiques n’ont pas pris conscience qu’il fallait eux aussi qu’ils adaptent leur politique au changement climatique, s’alarme Yannick Fialip. Ils sont encore sur des références normatives qui ne sont plus à l’ordre du jour. C’est grave et irrespectueux pour les agriculteurs et la société tout entière ».

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