En voilà une question de société qui fait débat. Doit-on faire évoluer la loi Claeys-Leonetti pour se diriger vers le suicide assisté à l’instar de la Suisse ou l’euthanasie comme en Belgique ? Quelles seraient alors les limites à imposer ? Et comment mettre dans le même sac sa liberté individuelle et une législation collective ?
Ou encore, est-ce que la famille pourra décider de l’euthanasie d’un de ses membres en état d’inconscience totale même si ce dernier n’a pas informé son avis sur la question ? Pourra-t-on avoir accès à un produit mortel pour se donner la mort soi-même et à domicile à l’instar de la Suisse ? Ou, si on choisit le modèle belge, quel professionnel de santé prendra la responsabilité d’appuyer sur la seringue ?
Une question de vie et de mort
Si, d’après un sondage Ifop demandé par l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité en février 2022, une majorité des français souhaiterait bien la mise en place d’une assistance à mourir, l’association Alliance Vita s’oppose totalement à l’idée. « Déjà, il faut se méfier des instituts de sondage car, selon le demandeur, les questions seront forcément orientées », explique Raphaëlle de Rorthays, responsable de l’antenne de Haute-Loire.
Sondage sur la fin de vie 2022.pdf
Elle poursuit : « D’ici la fin de l’année, le gouvernement veut présenter un projet de loi qui viserait à légaliser le suicide assisté. Aujourd’hui, ici comme dans 50 villes en France, nous nous regroupons pour pousser un cri de protestation face à cette idée contre nature ! »
Alliance Vita ? C’est ça...mais aussi ça...(Cliquez sur la croix pour dérouler les deux facettes de cette association créée il y a exactement 30 ans)
Sur la vitrine, Alliance Vita, ça donne ça :
« Elle se préoccupe de la protection des plus vulnérables : personnes âgées, personnes isolées, dépendantes, malades, handicapées, bien souvent délaissées dans notre société. Elle reconnaît la pleine humanité de l’embryon et du foetus. Notre association est aussi mobilisée pour soutenir les personnes qui traversent des situations difficiles : grossesses imprévues, annonce d’un handicap, infertilité, deuils ».
Mais dans l’arrière boutique et différentes sources, ça semble aussi ça :
Alliance Vita milite contre l’avortement, contre le mariage pour tous, contre l’euthanasie, contre toute union juridique du même sexe et contre l’adoption d’enfants par les couples homosexuels. Pour la contraception ? « On est en France depuis longtemps sur une forme d’illusion quant à la prévention de l’avortement par la contraception, s’exprime Caroline Roux, Secrétaire d’Alliance Vita en 2012. (…) La contraception n’est pas une assurance tout risque. Et il faut rappeler qu’être enceinte n’est pas une maladie ».
« Sans jamais lui laisser croire que le suicide serait la seule solution à ses épreuves »
Ce samedi 2 décembre, ils sont ainsi une quinzaine à battre le pavé devant l’Hôtel de ville à 10h30, debout contre le potentiel changement de la législation en vigueur. Pour cela, outre les banderoles et les pancartes, ils ont partagé leurs arguments en public, le visage masqué du « Cri », peint en 1893 par Edvard Munch.
« Nous manifestons notre attachement à la prévention de tout suicide !, lance Raphaëlle de Rorthays. Nous voulons réaffirmer à tous nos concitoyens que leur vie est plus précieuse que tout. Que chacun mérite d’être accompagné, épaulé et soulagé sans jamais lui laisser croire que le suicide serait la seule solution à ses épreuves ».
En ce sens, elle rappelle que « seul un tiers des français ont accès aux soins palliatifs alors que la loi Claeys Leonetti garantit ces soins pour toutes personnes en fin de vie ou en cas de maladie qui le nécessite ».
« La différence entre la sédation profonde et le suicide assisté ? C’est l’intention. Dans la sédation profonde, c’est le corps du malade qui part tout seul. Dans le second, c’est une substance létale qui est injectée pour faire mourir la personne ». Raphaëlle de Rorthays
« Tel est le sens de ces masques qui symbolisent notre effroi ! »
Un à un, les membres d’Alliance Vita 43 ajoutent leur « Cri » sur les marches de la place du Clauzel. « Tout suicide est une drame, appuie Fleur. Celui de la désespérance, de la solitude ou de l’abandon. Tout suicide est un douloureux échec pour notre société ! »
Pour sa camarade Anne-Sophie : « Abandonner une personne suicidaire relèverait d’une non assistance à personne en danger ».
Quant à Ginette, « on sait que plus de la moitié des français en fin de vie qui auraient besoin de soins palliatifs n’y ont pas accès faute de services disponibles ou mis en place. Aussi, on ne peut que trembler à l’idée que cette lacune peut valoir incitation au passage à l’acte suicidaire ». Elle souligne alors : « Tel est le sens de ces masques qui symbolisent notre effroi ! »