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Brives : un industriel à la rescousse des seuils de la Loire

, Mise à jour le 20/03/2014 à 17:05

Le maire sortant Jean-Claude Ferret a annoncé en début de semaine ce qui s'apparente à la fin du calvaire pour la commune, avec l'arrivée d'un industriel qui prendrait en charge la maintenance et la responsabilité des seuils qui enjambent la Loire à Brives, tout en assurant la sécurité qui y incombe.
Depuis la crue de 2008, ils n'avaient pas été réparés, l'Etat s'étant désengagé. Finalement, une enveloppe de 500 000 euros du ministère de l'Ecologie avait permis de débloquer le dossier (lire) : ces deux dernières années, les seuils des Minoteries et de La Chartreuse ont finalement été réparés.

Aucune collectivité ne veut en prendre la charge, pourquoi pas un indutriel ?
Mais personne ne veut pour autant en assurer la maintenance : l'Etat a demandé à une collectivité locale d'en prendre la charge, Brives ne pouvait pas l'assumer seule et a sollicité l'agglo, le Département et la Région, sans obtenir gain de cause. De plus, en en prenant la responsabilité, on devient responsable de la sécurité, un risque important quand on connaît les dégâts des dernières crues à Brives.
C'est là que l'idée d'un industriel assumant ces charges (environ 150 000 euros) a gagné du terrain. Après avoir établi des premiers contacts en Haute-Loire, Jean-Claude Ferret s'est finalement vu contacter par Yann Jarleton, un industriel du Puy-de-Dôme.

----En cas de crue, la turbine, qui est normalement à plat, se retourne à la verticale pour ne pas être endommagée. Jean-Claude Ferret assure que "l'équipement est silencieux, peu visible et ne représente aucune inconvénient pour la faune aquatique". Rappelons qu'il s'agit d'une énergie 100 % renouvelable et que la production est dépendante du débit de la Loire et du volume d'eau.-----Un investissement d'un million d'euros qui pourrait être rapidement amorti
Ce dernier a proposé l'installation d'une turbine hydro-électrique au fil de l'eau sur le seuil principal, celui des Minoteries. L'investissement pour acquérir l'outil, ainsi que les travaux, sont estimés à un million d'euros, une somme intégralement prise en charge par l'industriel qui compte ensuite revendre l'électricité produite à EDF "au tarif le plus favorable".
Grâce aux bénéfices générés, il espère amortir rapidement cet investissement (même si l'exploitation devrait se faire sur une période supérieure à 80 ans), mais il aura aussi des charges fixes, liées à la maintenance de l'outil, qui devrait par ailleurs créer un à deux emplois, ainsi qu'à la mise en sécurité du site.

----Le seuil de la Chartreuse permet au club de Canöe-kayak de fonctionner, il est aujourd'hui réparé et opérationnel, même s'il n'a pas fonctionné l'an dernier car il ne dispose pas de passe à poissons. "On espère que l'Etat nous permettra d'en installer une", relate le maire de Brives, "et que l'industriel en prendra la charge".-----Brives voudrait que l'indutriel prenne aussi le seuil de La Chartreuse
Dans le contrat tripartite envisagé, suite à la visite au ministère de l'environnement du 12 mars dernier d'une délégation brivoise, l'Etat devrait rétrocéder l'ensemble des trois seuils à la commune de Brives-Charensac, mais c'est bien l'industriel, via cette convention, qui serait le responsable juridique du seuil des Minoteries et qui devrait en assurer la maintenance. Brives serait alors responsable des deux autres seuils. Deux opportunités s'offrent alors à la commune dans le cadre de ces négociations : soit l'industriel leur reverse un loyer, sous forme d'un certain pourcentage des bénéfices, soit il prend également en charge le seuil de La Charteuse.
C'est clairement pour cette deuxième option que penche Jean-Claude Ferret : "plutôt que récupérer un peu d'argent, on préfère qu'il s'occupe aussi de ce second seuil", nous confie-t-il. L'industriel serait alors responsable, comme pour le seuil des Minoteries. C'est donc dans le cadre de cette négociation tripartite entre l'Etat, Brives et l'industriel que ces détails devraient être prochainement réglés.

Le seuil d'Audinet pourrait ne jamais être réparé
Reste enfin le seuil d'Audinet, qui n'est toujours pas réparé : les travaux sont estimés à près de 400 000 euros. Pour ce dernier seuil, le maire de Brives reconnaît : "rien n'est gagné, on n'a guère d'autre solution que de le laisser en l'état, c'est ce qu'on nous a laissé entendre au Ministère de l'environnement".
Une situation qui pourrait même être définitive puisque personne ne s'engage à le réparer : la commune ne peut pas, l'Etat ne veut pas. L'industriel alors ? Ce n'est clairement pas sa priorité. En tout cas, même si l'indutriel devait prendre en charge un second seuil, pas plus d'une turbine ne sera installée.

"L'objectif, c'est que ce soit opérationnel pour l'été 2015"
En attendant que l'opération ne puisse aboutir, Jean-Claude Ferret se félicite de l'opportunité pour l'Etat et la commune : "la totalité des directeurs de services, au ministère, étaient enthousiastes car ça va décharger l'Etat de la maintenance et de la responsabilité. Quant à la commune, elle va enfin pouvoir avoir le plan d'eau d'une dizaine d'hectares toujours plein, ce qui permettra de cacher les stigmates et tous les ciments qui découlaient des creusements qui avaient été faits... C'est une vrai bouffée d'oxygène".
Mais quand Brives-Charensac pourra-t-elle respirer à gorge déployée ? "Il faut entre neuf mois et un an pour installer l'équipement", répond le premier magistrat de la commune, "sachant que l'industriel est prêt à attaquer dans le trimestre". Mais il faudra d'abord attendre la fin des négociations tripartites, qui ne devraient reprendre qu'après les élections municipales. "L'objectif, c'est que ce soit opérationnel pour l'été 2015", tranche Jean-Claude Ferret.

Encore bien des zones d'ombres à l'approche des négociations
Enfin, la question du barrage n'est pas réglée : il faudrait le remonter pour cet été et l'industriel pourrait de nouveau être sollicité, "puisque l'Etat ne veut plus le faire, argumentant que la maintenance a coûté l'an dernier 30 000 euros pour fonctionner seulement quatre mois". Au final, vous l'aurez compris, l'industriel pourrait, selon l'avancée des négociations, prendre en charge deux seuils et le barrage, alors que l'engagement initial ne concernait qu'un seuil...
"Notre intérêt, c'est que deux seuils sur trois fonctionnent et on veut remplir notre plan d'eau de 10 hectares toute l'année", termine Jean-Claude Ferret, "sachant qu'on aura au minimum un seuil relevé, le plan d'eau rempli toute l'année et la sécurité assurée par le gestionnaire pour le seuil des Minoteries".

Pour l'opposition, "la Loire n'est pas à vendre"
Pour l'opposition, notamment la liste "Un nouvel Elan", menée par Gilles Delabre, "la Loire n'est pas à vendre". Elle dénonce une manoeuvre électoraliste à quelques jours du premier tour des municipales dans un communiqué que voici :
"sortir un projet uniquement pour des raisons électorales est d'un autre temps. Soit on ne s'est pas occupé du sujet et on veut le cacher, soit on s’affole et pour gagner des élections, on crée des arguments sans rien vérifier. Le projet de microcentrale : c'est du domaine de l’Etat qui seul a la légitimité de ce dossier. A-t-il été officiellement sollicité ? On s'est renseigné mais à ce jour aucune trace. Nulle part une demande officielle.
Pire : dans le cadre de la loi sur la gestion de l’eau, les autorisations administratives nécessitent une délai d’environ 2 ans. On nous l'annonce pour dans moins d’un an, c'est dire les approximations lancées aux Brivois dans la précipitation. Dans notre liste « Un nouvel Elan », Jean-Paul Bringer Chef d’Agence à ERDF, très compétent sur les énergies renouvelables, a vérifié la réglementation de ce type d’ouvrage : "la micro centrale ne peut être un obstacle à l’écoulement des crues". Ce type de turbine exige au moins une hauteur de chute de 1,50 m". Comme vous pouvez le comprendre, cette technique nécessite un minimum d’infrastructure. Cela sera aussi une contrainte supplémentaire relative à la gestion de la circulation des poissons et à l’écoulement des crues. Tous ces éléments alourdiront le coût de ce projet et par conséquent la rentabilité qu'on nous annonce sera amoindrie.
Comme nous nous y sommes engagés lors de notre campagne, nous trouverons la solution pour que la Loire retrouve son effet miroir à Brives. Cela passe bien sur par une concertation avec les collectivités : L’ Agglo, Le Conseil Général, l’Etat, l’EPALA. Dans tous les cas, ce n'est pas à un privé d'en profiter. Notre patrimoine collectif doit bénéficier aux Brivois. La Loire, à Brives, n'est pas à vendre
".

"La maîtrise ne doit elle pas en rester publique ?"
L'autre candidat à la mairie pour le Front de Gauche, Yves Prat, nous a également confié sa surprise de voir cette annonce faite à l'aube des municipales alors que l'idée avait été émise en conseil municipal il y a presque trois ans : "Aujourd'hui, le maire organise une conférence de presse sans en informer les conseillers municipaux. Voilà la démocratie et la transparence en œuvre à Brives-Charensac, démocratie et transparence dans lesquelles semble s'inscrire Maurice Valentin… Sur le montage du projet lui-même, nous pouvons nous interroger sur son portage.
S’agissant de la production d’énergie renouvelable, mais aussi du fonctionnement de dispositifs visant à la sécurité des habitants (effacement des seuils en cas de crue), la maîtrise ne doit elle pas en rester publique ? Cela mérite un débat approfondi et ne peut pas faire l’objet d’un argument jeté à la va-vite dans le cadre d’une campagne électorale. C’est une question de respect que l’on doit aux citoyennes et aux citoyens
".

Maxime Pitavy

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