Gilles Delabre a accompagné durant deux mandats Jean-Claude Ferret comme conseiller municipal, jusqu'en 2008, et décide cette année de présenter un nouveau projet pour la commune dans une liste sans étiquette, "qui comprend des gens de gauche, des militants syndicaux ou encore des gens de centre droit, mais nous ne voulons pas politiser Brives-Charensac".
Entretien avec Gilles Delabre, le candidat de la liste "un nouvel élan", qui croit clairement en ses chances de réussite pour remporter la mairie brivoise et "retrouver toute sa place" au sein de la communauté d'agglomération du Puy, étape indispensable pour le développement de la commune.
- Gilles Delabre, pensez-vous que la Loire sera au coeur de cette campagne ?
Je ne sais pas si elle sera au coeur mais c'est un souci majeur et elle mérite qu'on fasse quelque chose pour elle, c'est notre compagne, elle traverse Brives et nous avons actuellement des soucis gigantesques, notamment au niveau des seuils, qui sont toujours au plus bas sauf un qui a été remonté, il y a aussi des problèmes de propreté, d'entretien des bords de fleuve... Et puis on veut développer une thématique autour de la Loire qui sera prochainement dévoilée avec des idées fortes.
- Début janvier, il y avait une réunion à Brives (lire) pour expliquer aux habitants le retour d'une grande partie de la commune en zone inondable, avec le risque de dévaluer les biens et le foncier et d'empêcher l'expansion de la commune... Une nouvelle vraiment préjudiciable pour la commune ?
Brives-Charensac vit avec la Loire, on sait que ça peut poser quelques problèmes mais ce nouveau plan affecte la commune beaucoup plus que précédemment. Le problème, c'est qu'avec la tempête Xynthia et quelques autres intempéries un peu partout en France, l'Etat prend son parapluie géant pour se couvrir à l'extrême, l'Etat est maximaliste dans son approche et ça perturbe fortement les habitants. Je discutais avec une femme qui a acheté à proximité de la digue il y a à peine deux ans et son bien se trouve fortement dévalué. La réunion organisée par la municipalité a permis d'informer mais on se rend compte que rien ne va bouger... On attend maintenant les réglementations à propos de l'urbanisme et il faut être prêt à lutter pour que l'on puisse construire quand même, avec des précautions à prendre, au moins pour les zones oranges.
- Si vous preniez les rênes de la municipalité, disposeriez-vous de leviers sur cette problématique ?
Malheureusement non, sur cette problématique, je ne crois pas que l'on puisse faire des choses magiques.
- Quels sont les points sur lesquels vous souhaitez apporter un changement ?
Déjà autour de la convivialité, on estime que Brives-Charensac est un peu devenue une ville dortoir et qu'il faut contribuer à ce que les gens se rapprochent, pour favoriser les liens inter-générationels, inter-quartiers et inter-rives. Il y a aussi le secteur économique, qui est primordial : aujourd'hui, il y a plus de 1 000 emplois à Brives-Charensac, il faut absolument conforter ce tissu économique, même si ça ne dépend pas que de nous. Les chefs d'entreprises, les commerçants, ont un savoir-faire et on se doit de les accompagner.
- Il y a par exemple la TLPE (lire) qui les a particulièrement affectés...
Oui, ça a été un grand sujet de discorde, il faut que la municipalité ait un positionnement plus ouvert et plus démocratique, en discutant davantage avec les commerçants et en ne faisant pas les choses de manière abruptes.
- Si vous deveniez maire de Brives, cette taxe pourrait être allégée ?
Non, je ne crois pas qu'elle pourrait être allégée, mais ce n'est pas de ma compétence de le dire, je me suis entouré d'une belle équipe, notamment d'un expert comptable, qui est plus à même de réfléchir aux finances publiques et de nous donner les grandes lignes donc je ne peux pas m'engager aujourd'hui dans ce sens là mais seulement dans le sens de la concertation avec les commerçants.
- Brives est la plus grande commune de la communauté d'agglomération, après Le Puy, et ces élections ont un enjeu intercommunal. Parmi vos objectifs, un siège à l'agglo vous semble-t-il indispensable ?
C'est absolument primordial, plusieurs sièges seront affectés à Brives-Charensac et on voudrait retrouver notre position précédente à l'agglo avec une vice-présidence. Nous sommes très fermement et très clairement positionnés pour travailler à l'agglo en relation plus stable. On a bien vu la politisation qui a été faite autour de la mutualisation (lire), qui m'a semblé excessive, mais mes colistiers qui seront proposés à l'agglo sont des gens compétents et capables de donner leur point de vue, dans l'intérêt de Brives-Charensac, mais aussi de s'opposer lorsqu'il y a des points de désaccord. Notre objectif, c'est d'être en synergie avec l'agglo et non plus en bisbille permanente, comme ça a été le cas, ce qui ne permet de faire avancer Brives-Charensac.
- Vous voulez donc renouer les liens avec l'agglo ?
Ils le seront naturellement car il y a dans notre liste des gens qui connaissent les élus de l'agglo donc on va clairement avancer dans ce sens, celui de la reconciliation, et c'est très important à la fois pour Brives et pour l'agglo car nous avons évidemment des intérêts communs. En tout cas, on veut en finir avec cette politique stérile, qui ne fait pas avancer les choses et qui, bien au contraire, plombe l'avancée des dossiers.
- Il est de toute façon difficile d'avancer sans le soutien de l'agglo ?
Absolument, ne serait-ce que pour la Loire, qui traverse une bonne partie de l'agglo. Les gens de Brives profitent certes de la Loire mais il n'y a pas qu'eux, on voit bien tous les gens qui se promènent sur ces bords de Loire, qui attirent toute la périphérie urbaine.
- Pour vous, quels sont les principaux atouts de Brives-Charensac ?
C'est une magnifique commune qui a de nombreux atouts : déjà son site pittoresque, c'est magnifique, avec la Loire, le mont Brunelet, qui entoure Brives et dont la cime offre une magnifique vue sur tout le territoire. Mais la Loire n'est pas assez mise en avant, ses seuils sont cassés et il faudrait revenir aux seuils miroirs, et créer tout autour des pôles de tourisme, car c'est un volet qui n'a pas assez été développé. Le camping est à bout de souffle par exemple...
- Mais le tourisme est une compétence de l'agglo...
Oui mais on n'a peut être pas assez travaillé en synergie avec eux pour faire avancer les choses de façon positive à Brives. Il faut recréer de la synergie avec l'agglo et avec l'Europe, pour que les gens s'arrêtent à Brives-Charensac.
- Parmi les autres forces de la commune, on peut citer la zone commerciale qui demeure la plus importante du département ?
Oui, même si actuellement, elle est de plus en plus talonnée par celle de Chirel qui s'est fortement développée ces dernières années. Brives-Charensac doit rester la principale zone de chalendise de l'agglo, il faut recréer de la dynamique avec une association de commerçants, pour l'instant un peu en sommeil, qui doit renaître de ses cendres. A Brives-Charensac, il y a un pôle dont on ne parle pas mais qui est très très important, c'est celui de la restauration rapide : il faut les encourager à continuer car on a un super rapport qualité/prix, qui s'adresse davantage aux locaux qu'aux touristes. Après, il manque un restaurant gastronomique à Brives, clairement.
- Je crois que François Gagnaire cherche une nouvelle aventure...
(rires) Oui, je lance un appel à mon ami et ancien élève : si nous sommes élus, on lui facilitera la tâche pour qu'il puisse s'implanter à Brives !
- Avant de passer aux faiblesses de la commune, comment se porte la démographie à Brives ?
Brives est en expansion légère et a gagné une quarantaine d'habitants cette année, c'est positif de ne pas perdre des habitants et il faut souligner qu'il y a de nombreux étudiants avec le pôle Paradis / La Chartreuse / Corsac, qui va de la maternelle aux BTS. On a donc une population scolaire importante, ce qui induit une économie indirecte pour la restauration rapide tout autour, les commerces ou encore les transports en commun.
- On arrive alors aux faiblesses de la commune : quelles sont les principales selon vous ?
Déjà en corrolaire, ce sont les seuils qui sont morts : cette Loire n'est pas vivante, elle ne brille pas et c'est à mon sens l'un des problèmes majeurs. Ensuite, on sent que Brives est devenue beaucoup moins propre qu'avant, les bords de Loire sont sales, jonchés de détritus et les rues ne sont pas exemptes de tout reproche non plus : il y a dans ce domaine là un effort à faire incontestablement. Après, des faiblesses, il y en a surement d'autres mais je pense qu'il y a plus d'atouts à Brives et nous voulons donner un élan supplémentaire... Après 25 ans, le souffle manque peut être un peu pour l'équipe de Jean-Claude Ferret, au fil des mandats, le regard s'émousse, il y a une certaine usure du pouvoir et nous voulons poser un regard neuf.
- Comment se porte le tissu associatif à Brives ?
Il est très important, avec les clubs sportifs et culturels qui marchent très bien mais je souhaiterai créer davantage de rencontres entre la municipalité et les animateurs pour voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, pour savoir ce que l'on peut amener car on peut parfois régler de petits détails très facilement, comme la gestion des infrastructures, le problème des incivilités... Il faut globalement une approche plus serrée. Quant à la culture, la Maison Pour Tous est incontestablement l'un de nos points forts, sur lequel il faut continuer de travailler car on peut faire encore mieux, sachant qu'il y a déjà un deficit important qu'il ne faut pas creuser davantage : il faut proposer des événements pas très chers mais fédérateurs. Il y a toute une réflexion à engager si nous sommes élus.
- Parmi les thématiques souvent abordées à l'aube de ces élections, il y a aussi la sécurité. Fait-il bon vivre à Brives ou la commune est-elle concernée par les problèmes d'insécurité ?
Globalement, il fait quand même bon vivre, Brives, c'est pas Chicago, mais comme il s'agit d'une grosse zone commerciale, il faut forcément se protéger et les commerçants ont installé des rideaux de fer et des alarmes. Après, il arrive encore ponctuellement qu'il y ait des attaques de truands sur des commerces, aujourd'hui, la délinquance est partout mais elle n'est pas excessive à Brives. Je pense que créer davantage de convivialité, c'est aussi un moyen de renforcer la sécurité, un peu comme le principe du voisin vigilant.
- Un point de vue sur la vidéoprotection ?
Pas vraiment non, même si dans les zones de chalendise, des caméras dissuasives, ça peut être intéressant mais je n'ai pas vraiment d'idée sur la question.
- Brives est peut être plus impactée par les problèmes de sécurité routière ?
Oui, sur le champ de la sécurité, c'est plutôt sur la route qu'il faut agir car il y a beaucoup de passage à Brives et dès qu'il fait un peu sombre, certains passages piétons deviennent dangereux, il faudrait revoir l'éclairage pour protéger les piétons. Et puis il y a aussi des zones où les véhicules circulent beaucoup trop vite, certains roulent comme des sauvages et il faut alors faire appel au civisme.
- Toujours sur le thème routier, l'un de vos adversaires propose la gratuité des transports en commun sur l'agglomération du Puy[A ce propos, Zoomdici avait réalisé un dossier et chiffrer cette gratuité : lire]. Est-ce envisageable selon vous ?
La gratuité, étant de fibre social, j'y suis forcément favorable mais est-ce vraiment réalisable ? Je n'en sais rien et je n'ai pas les chiffres en tête mais dans l'idéal, ce serait très bien puisque ça permettrait aussi de décongestionner la circulation routière et puis il faudrait aussi des transports en commun le dimanche.
- Reste enfin le contournement du Puy, qui impacte fortement Brives...
C'est un souci majeur et j'ai plusieurs sons de cloches. Je n'ai pas assez fouillé pour savoir qu'en dire mais je déplore qu'on ait pris autant de retard, même si je comprends qu'il y a des facteurs qu'on ne maîtrise pas, comme le glissement de terrain à Mons. Pour Brives, le problème, c'est surtout la desserte et je rejoins l'avis des élus : il n'y a pas assez de dessertes à Brives, attention car il faut que notre zone commerciale puisse être desservie au maximum. Je suis un militant d'une sortie à Brives à La Chartreuse, je ne sais pas pourquoi ça a été sorti de l'ordre du jour mais on s'en retrouve clairement lésé. Il faudra voir à l'usage mais je crains que ce ne soit un petit moins pour Brives-Charensac et sa zone commerciale, qui perdra en lisibilité.
- Un moins pour Brives et un plus pour Le Puy...
Exact.
- Et que pensez-vous alors de la mutualisation ?
En elle-même, elle est bonne, comme par exemple pour l'achat d'une machine pour entretenir un terrain de sport, qu'on se la partage semble logique. Idem pour des achats groupés de matière première par exemple mais je sais bien qu'il y a eu des tensions car on estimait que trop de choses allaient au Puy-en-Velay. Jean-Louis Exbrayat, à juste tire, a défendu notre territoire sur ce plan là mais la mutualisation, je suis personnellment pour si elle sert les intérêts de tout le monde. Après, il y a d'importants écarts entre les diverses communes de l'agglo et chacune doit y trouver un peu son compte, en fonction également du nombre d'habitants, puisqu'une grosse commune paye plus d'impôts qu'une petite. Mais par définition, la mutualisation, c'est positif si ça permet de faire baisser les coûts.
- Plutôt favorable mais Brives semble avoir été plutôt lésée par cette mutualisation ?
Oui, mais c'était aussi lié à des discordances politiques et c'est ce qui a finalement porté préjudice à la commune de Brives. Prenez l'exemple du suivi des seuils, qui coûte 140 000 euros par an, l'agglo n'a pas voulu venir à la table... Si on ne s'entend pas du tout, c'est compliqué...
- Pour conclure, que peut-on vous souhaiter pour cette année 2014 ?
D'avoir une bonne santé d'abord, c'est indispensable pour mener de petits combats et des campagnes comme celle-là, et puis de gagner cette élection pour emmener Brives sur de bons rails en gérant la commune le mieux possible.
Propos recueillis par Maxime Pitavy