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Commerces ruraux : « Les villages meurent »

Par Clara Serrano , Mise à jour le 23/11/2023 à 17:00

À Raucoules, le dernier commerce sort les rames, à Beauzac des locaux sont vides dans l'attente d'accueillir de nouveaux bouchers et dentistes, à La Séauve-sur-Semène, habitants et élus se battent pour sauver leur pharmacie. Dans ces communes comme dans de nombreuses autres, les commerces ferment, et laissent derrière eux des villages sans vie. 

À Raucoules, le bar-tabac des Chasseurs est le dernier commerce toujours ouvert. Denis Montellimard, gérant depuis 1998 a repris l'entreprise de ses parents. Fier de la relation qu'il a su tisser avec les riverains, l'homme se montre dévoué : « Le bar-tabac est ouvert 7/7j. Dès que quelqu'un a besoin de quelque chose, je l'aide si je peux, sinon je le guide. »

« J'essaie de ne pas faire crever le village », Denis Montellimard

Dernier rempart à l'exclusion quasi totale des raucoulois, Denis Montellimard a voué sa vie à son commerce et à son village. « Mon rôle est de servir le village, de créer et de garder un contact relationnel avec ses habitants et de les accompagner, en particulier les personnes âgées. Je n'ai jamais pu faire grand chose de ma vie privée mais je suis fier de représenter mon territoire et ses alentours. » 

Une habitante, attachée au bar-tabac et à la convivialité qu'elle y trouve, déclare d'ailleurs : « S'il ferme, nous n'aurons plus rien. »

« Si le bar-tabac ferme, c'est la fin. »

Aujourd'hui, le bar-tabac Les chasseurs est donc le seul commerce restant, mais cela n'a pas toujours été le cas. Auparavant, associations et commerces de proximité permettaient aux habitants de la commune d'éviter les déplacements à Montfaucon (3 minutes en voiture mais 25 à pied). Denis Montellimard se souvient d'ailleurs : « Lorsque les gens le veulent, Raucoules peut être un village très vivant. Avant, j'organisais un évènement accueillant 3 à 4 000 personnes, à l'occasion d'un dimanche par an. »

Un évènement qui comme beaucoup a cessé d'exister, par manque de moyens et de bénévoles. Mais ce n'est pas pour autant que l'homme baisse les bras. « J'essaie de ne pas faire crever le village, souligne le commerçant désemparé. Ne ce serait-ce que lorsque je dois m'absenter, je vois bien la différence. Si le bar-tabac ferme, c'est la fin. »

Le bar-tabac Les chasseurs est le dernier rempart à l'exclusion des raucoulois. Photo par Denis Montellimard

« Des charges trop importantes et des aides mal orientées »

Lorsqu'on lui demande quelles raisons trouve-t-il à la disparition des commerces ruraux, Denis Montellimard évoque deux réponses. D'abord, il dénonce un manque criant de subventions, vouées à soutenir les petits commerçants en difficulté, et pourtant essentielles au maintient de l'activité dans les communes. « Il n'est pas normal que les commerces des petits villages ne soient pas aidés par l'État. Après avoir payé le loyer, l'électricité, le gasoil, et toutes les autres charges, que reste-il pour vivre ? »

Et d'ajouter : « À l'époque, mes parents avaient sauvé une épicerie dans le village. Je l'ai ensuite reprise, mais quand les choses ont commencé à aller mal, on m'a dit qu'il n'existait pas d'aides pour les commerces indépendants. »

« Il ne faut pas compter ses heures. Les gens ne sont plus prêts à vivre ainsi. »

Selon le commerçant, une autre raison pourrait expliquer la disparition des commerces en zones rurales, et surtout l'absence de repreneurs par leur manque de dévouement. Il soulève notamment le fait qu'il est nécessaire, selon lui, d'entretenir un rythme soutenu, « que les gens ne sont plus prêts à tenir aujourd'hui. »

« Je ne suis pas du tout contre la concurrence, au contraire. Entre petits commerçants, on se soutient. Mais je suis désespéré de voir que les gens ne sont pas prêts à s'investir suffisamment pour maintenir un commerce à flots. »

En effet, l'homme souligne : « Le bar-tabac Les chasseurs est ouvert tous les jours. Il est tellement important pour moi que j'ai délaissé ma vie privée. Bien sûr, j'ai pensé à laisser tomber. Mais j'en suis incapable. » 

Les derniers SOS

En ce sens, et à l'initiative de Bernard Souvignet, maire de la commune, le village avait inscrit en février 2023 sa boulangerie à l'opération SOS Villages, organisée par le JT de TF1. Selon le groupe, celle-ci permet de mettre en relation des repreneurs et des commerçants de tous les villages de France.

Contacté, le maire de Raucoules, Bernard Souvignet, également président de l'AMF43 n'a pas souhaité répondre à nos questions sur le sujet

Mazerat-Aurouze, Le Bouchet-Saint-Nicolas, Vorey, Chilhac, Sauques, Monistrol-sur-Loire, Aurec-sur-Loire, Le Chambon-sur-Lignon, Bas-en-Basset, Brives-Charensac, Montfaucon-en-Velay, Saint-Pal-de-Chalencon, Cayres, Sainte-Sigolène, Chanteuges et Saint-Christophe-d'Allier. Au total, 18 commerces annonces de rachats, reprise ou cession de fond de commerce ont été publiées en Haute-Loire sur le site de SOS Villages. 

Un chiffre pourtant encore bas, compte tenu du nombre réel de commerces qui ferment ou cherchent un repreneur.

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