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Journée mondiale du diabète : une maladie qui pique

, Mise à jour le 15/11/2023 à 04:00

5 millions, c’est le nombre de diabétiques en France (presque 10 % de la population). À l’échelle mondiale, c’est une pandémie tant les cas se révèlent de façon exponentielle. À l’occasion du 14 novembre, Journée mondiale du diabète, Nicolas et Émilie, ponots et tous deux diabétiques de type 1, confient leur quotidien rythmé par une surveillance de tous les instants.

Lui a 46 ans et est diabétique insulinodépendant depuis « seulement » 8 ans. Pour elle, 36 ans, c’est durant l’enfance que la même maladie s’est emparée de son corps, à l’âge de 8 ans. Certes, Nicolas et Émilie ne sont pas forcément les bons ambassadeurs pour parler de ce mal qui ronge les humains partout sur la planète. Le duo est atteint d’une forme rare de diabète à savoir le type 1 (6 % des cas), appelé aussi DID (Diabète Insulino Dépendant).

Néanmoins, chaque heure qui compose leur journée ressemble tout de même à ce que vivent un demi-milliard de personnes sur Terre.

Deux diabétiques, deux méthodes

Si Nicolas, journaliste au Puy, est plutôt dans le style old school, se piquant encore 10 fois le doigt par jour pour connaître son taux de glucide, Émilie, commerciale dans la cité pavée, s’avère être une patiente 2.0. « Je suis équipée d’un dispositif en boucle fermée depuis maintenant plus de 3 ans, explique-t-elle. Un capteur de glucose envoie ses données en direct à ma pompe à insuline. En fonction des informations, elle gère l’arrêt ou l’administration d’insuline. Une véritable révolution ! »

Pour l’anecdote, Emilie a été appareillée en juillet 2021 à Avignon, bien avant qu’apparaisse ce genre de dispositif en Haute-Loire. Elle a été la première diabétique du 43ème département à posséder cet attirail ultra moderne.

« Je me pique la peau environ 10 fois pour le contrôle et 5 à 6 fois pour l’insuline. Tous les jours. »

Quant à Nicolas, il utilise ce que nombre de diabétiques connaissent pour vérifier son taux de sucre dans le sang : le glucomètre. « Le geste est de se piquer le doigt pour générer une goutte de sang, décrit-il. Cet échantillon est déposé sur une bandelette disposée dans le glucomètre. Au bout de 5 secondes, je sais si je dois ingérer du sucre ou si je dois au contraire m’injecter de l’insuline. »

Dépourvu de pompe à insuline, il s’administre lui-même les unités d’insuline adéquates. « Je me pique la peau environ 10 fois pour le contrôle et 5 à 6 fois pour l’insuline. Tous les jours. »

À jeun, le taux de glucose normal doit être compris entre 0.7 g/l et 1.06 g/l.
À jeun, le taux de glucose normal doit être compris entre 0.7 g/l et 1.06 g/l. Photo par Nicolas Defay

« Mon champ de vision devenant totalement noir pendant cette phase d’hypoglycémie »

D’après les termes employés par Nicolas, un diabétique est un funambule, en équilibre entre l’hypoglycémie et hyperglycémie. « Les biens portants ne peuvent comprendre ce que nous ressentons quand nous entrons en hypoglycémie, souffle Nicolas. Ce mot paraît anodin pour le profane, une simple baisse de tonus qui se règle en mangeant un sucre. Pourtant, c’est loin d’être ainsi ! »

Il approfondit en ce sens : « En fait, à divers degrés et selon les personnes, nous pouvons sombrer dans une fatigue immense, longue, presque incapable de se mouvoir et de réfléchir (le cerveau est l’organe le plus demandeur de glucose, Ndlr). Moi, par exemple, je perds mes facultés visuelles, mon champ de vision devenant totalement noir pendant cette phase d’hypoglycémie ».

« Nous avons conscience d'être nés dans le bon pays et à la bonne époque. Dans les années 1950, en France, les gens mourraient rapidement du diabète. Aujourd'hui, en Afrique, beaucoup de personnes décèdent, faute d'avoir tous les équipements et l'insuline disponibles chez nous », Nicolas.

Le cerveau, dévoreur de sucre

Pour couronner le tout, l’activité physique ou l’ingestion d’aliments ne sont pas les seuls facteurs qui rendent le câble des funambules plus lâche encore. Les émotions aussi. La peur, la surprise, la joie, l’exaspération, les rêves et les cauchemars...tout ce qui se joue dans la boîte crânienne influe sur la gestion du glucose.

« Tout ce qui compose une journée doit être pris en compte par le diabétique »

« Maintenant que je suis équipée avec la boucle fermée, je suis moins éprouvée par cette surveillance constante, soulève Émilie. Mais cette charge mentale continue, je l’ai subie pendant des années. »

Elle confirme les propos de Nicolas : « Impossible pour quelqu’un de non diabétique de comprendre les angoisses d’un malade. Car un diabétique se doit de tout anticiper. Faire du sport ou promener son chien, aller au restaurant ou au cinéma, se rendre à un rendez-vous professionnel ou faire ses courses...tout ce qui compose une journée doit être pris en compte par le diabétique pour qu’il ajuste, selon son taux de glucose ! »

Nicolas conclut en ces mots : « La vie d’un diabétique est un combat qui ne s’arrête jamais. Il porte un véritable boulet invisible attaché à son pied et à sa tête, sans répit et sans pitié ». À noter tout de même que, parce que la maladie recouvre la planète entière et prend de plus en plus d'ampleur, la recherche ne cesse de faire des progrès. Le "Saint Graal" se trouverait du côté des cellules souches. 

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