Inventés à la fin des années 1960, les distributeurs automatiques de billets (DAB) se sont progressivement répandus dans le pays jusqu’à la fin des années 2000. En 2010, on comptait environ 60 000 automates en France, contre 46 249 en 2022. Soit une suppression de près de 14 000 automates en 12 ans.
Beaucoup de ces suppressions ont été réalisées dans les grandes villes, où les DAB étaient présents en nombre, parfois même trop. Mais le phénomène frappe aussi et en particulier les villages et petites communes. Selon la Banque de France, 56,3 % d'entre eux, soit 19 632 villages, ne disposent d'aucun point de retrait d'argent liquide.
Pourtant, ce sont dans ces communes rurales que la monnaie risque le plus d'être utilisée, que ce soit sur les marchés ou dans les petites boutiques, qui ne paient pas de frais de transaction de carte bancaire.
« Notre service se dégrade de manière progressive », Alain Debard
« Fin mai la direction locale de la Poste vient de m’apprendre que le distributeur de billets n’est plus aux normes »
Le Mazet-Saint-Voy a été victime de ces suppressions en ce début d'année. Le maire, Alain Debard, explique : « Fin mai la direction locale de la Poste vient de m’apprendre que le distributeur de billets n’est plus aux normes et doit être arrêté définitivement. Ceci sans concertation préalable avec la commune qui avait proposé il y a trois ans de participer financièrement au besoin, à la modernisation de ce DAB, indispensable pour nos habitants ».
Une pétition a été créée dès l'annonce de l'arrêt et a reçu « plus d'une centaine de signatures en quelques jours ». Mais rien n'y a fait
« La Poste faillit simplement dans ses missions et obligations en zone rurale »
Heureusement, la commune dispose toujours d'un distributeur de billets, mais ce n'est pas le cas de toutes, y compris à proximité des villes plus importantes. Et l'élu ne décolère pas pour autant. « La Poste faillit simplement dans ses missions et obligations en zone rurale, notre service se dégrade de manière progressive et le retrait du DAB en est un élément supplémentaire », lance le maire.
Avant de conclure : « La commune réclame le maintien de ce service public, elle est prête comme elle l’a déjà fait par le passé à soutenir financièrement les évolutions nécessaires (modernisation du DAB) qui permettront, à terme, de donner encore plus de satisfaction à nos concitoyens. »
Des solutions pas évidentes
Pour tenter de maintenir l'accès à ce service, des commerçants se positionnent comme relais. Ils sont partenaires de réseaux bancaires, qui proposent des services annexes de distribution d’espèces aux seuls clients de ces réseaux. Quatre groupes bancaires proposent un tel service, mais ceux-ci sont peu efficaces, puisqu'ils ne permettent qu'aux clients de la banque en question, d'obtenir de l'espèce.
L'accès aux espèces est donc impossible, à moins de se déplacer en voiture.
Le fossé des générations
Pourtant, les Français ne semblent pas prêts à abandonner leur moyen de paiement favori, puisqu'aujourd'hui encore, selon la Banque de France, 50 % des achats se font en liquide.
Mais la grande diminution de ce type de transactions est en partie dû à un changement d'habitudes selon les générations. Puisque toujours selon la Banque de France, 7 % des Français ne vont plus du tout au DAB, alors qu'ils représentent 15 % chez les personnes âgées de moins de 35 ans.