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Dans le secret des francs-maçons au Puy-en-Velay

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 09/11/2023 à 06:00

Un trésor fabuleux issu des Templiers, des choses inavouables, une élite intouchable, des soirées obscures où une vierge est sacrifiée sous le grand œil de la société secrète... Les fantasmes qui entourent la franc-maçonnerie sont aussi nombreux... que faux.
Deux membres de la loge ponote le Réveil anicien nous ont ouvert les portes de leur temple. Plus d’une heure d’entretien devant des hommes ordinaires lancés dans une noble quête de liberté, d’égalité et de fraternité.

Assurément, ils conspirent à l’ombre le soir tombé. Ils sont sûrement drapés de longs manteaux noirs, leurs têtes recouvertes de capuches sombres, tenant dans leurs mains d’antiques bougies dont la faible lumière danse sur leurs visages anguleux. Et il est certain aussi qu’ils se réunissent en rond, les nuits de pleine lune, pour chanter des incantations magiques, des psaumes émanant d’anciennes coutumes puisées en des temps anciens... Ça, ce sont certaines des représentations que beaucoup se font depuis des siècles de la franc-maçonnerie.

Mais si la franc-maçonnerie, plus grande société secrète internationale du monde, n’était en réalité qu’un groupe d’individus, de tous horizons, de toutes couches sociales, de toutes générations, se réunissant ponctuellement pour simplement débattre de sujets de société. Et surtout pour « tenter de s’améliorer sans cesse en améliorant les autres », comme le confient deux membres de la loge maçonnique du Réveil anicien au Puy.

Pour la petite histoire, c’est du côté de l’Angleterre qu’il faut se tourner pour voir apparaître les premières briques de cette désormais immense société. En 1723, avec la constitution d’Anderson, les obédiences sont créées et les constructeurs et bâtisseurs de l’époque se regroupent alors, en ce sens. Lentement, ils acceptent dans leur fraternité des personnes appartenant à d’autres professions, tous concentrés sur un seul but : faire évoluer le monde.

« Nous ne sommes pas des constructeurs, admet le président du Réveil anicien, association qui existe depuis 1893. Mais nous nous construisons nous-mêmes en construisant aussi nos frères et sœurs et, in fine, toute la société. »

Si vous n’avez rien à cacher... pourquoi vous cachez-vous alors ?

Le Réveil anicien : « Le terme « cacher » n’est pas exact. Nous entretenons plutôt de la discrétion, ceci pour protéger la vie privée des membres. Cette attitude vient des évènements dramatiques qui ont profondément terni l’histoire de France. Sous le régime de Vichy, toutes les loges maçonniques étaient traquées et interdites car beaucoup de francs-maçons servaient la Résistance. Depuis, nous avons gardé cette discrétion et nous y tenons beaucoup. »

Il ajoute : « D’autre part, parce que nous défendons ardemment les valeurs de la République, nous sommes régulièrement attaqués par ses ennemis. Les extrémismes radicaux politiques, l’Église, les extrémismes religieux, le conservatisme, le dogmatisme...Nos adversaires sont nombreux et virulents. Nous incarnons la liberté, l’égalité et la fraternité qui sont des idéaux que nos ennemis ne supportent pas. Pour cela, nous entretenons cette discrétion pour protéger notre loge, notre temple et nos adhérents. »

« La franc-maçonnerie est l’inverse d’une secte. Il est difficile d’y entrer, l’adhésion est soumise à nombre de débats avec les membres en amont. Une fois rentré, il est très aisé d’en partir. Pour une secte, extrêmement facile est d’y entrer. Mais presque impossible d’en sortir. » Le Réveil anicien

Qui sont les francs-maçons ?

Le Réveil anicien : « Déjà, pour donner quelques chiffres, nous sommes une quarantaine à être dans la loge du Réveil anicien au Puy sous l’obédience du Grand Orient. En Haute-Loire, deux autres loges existent, situées à Brioude et à Monistrol-sur-Loire. Au total, nous sommes environ 300 francs-maçons toutes obédiences confondues. Concernant le Grand Orient, nous ne comptons pas moins de 52 472 membres actuellement. »

« Nous n’acceptons pas les personnes avec un casier judiciaire. Nous ne voulons pas non plus les personnes antirépublicaines et tous les extrémistes de tous bords. Un extrémiste a un système de pensée très restreint. Nous, nous encourageons au contraire l’ouverture sur le monde. » Le Réveil anicien

Il poursuit : « Les francs-maçons sont des médecins, des agriculteurs, des militaires, des avocats, des garagistes...Il y a des intellectuels et des manuels, des femmes et des hommes, des jeunes et des beaucoup moins jeunes. Il y a des gens aisés et d’autres pas du tout. C’est cette diversité qui fait la richesse de notre entité ! Nous nous enrichissons des autres comme les autres s’enrichissent de nous-même. »

« Avant d’entrer dans l’Atelier qui est notre local de travail, nous laissons sur le palier notre vie du quotidien en suivant un rituel garni de symbole. Une fois fait, nous sommes totalement à égalité pour échanger et partager nos idées. » Le Réveil anicien

Que font les francs-maçons quand ils se retrouvent ?

Le Réveil anicien : « En ce qui concerne notre loge, nous nous réunissons environ deux fois par mois. Dans l’Atelier, nous travaillons sur ce qu’on appelle des planches, qui sont en fait l’exposé sur lequel nous allons réfléchir et débattre. Chaque personne peut proposer un sujet. Cela peut être un personnage, un fait de société, un symbole, une valeur. »

Il continue : « Chaque année, des sujets sont choisis à l’Assemblée nationale. Ce sont en général des thèmes qui préoccupent la société comme l’eau, la laïcité, la fin de vie, les mouvements extrémistes... Chacune des 1 400 loges du Grand Orient en France planche sur un sujet. Une synthèse nationale est ensuite rédigée et confiée au ministère concerné. »

«  En se confrontant à ces gens que nous n’aurions pas forcément choisi pour constituer notre cercle d’amis, nous nous enrichissons intensément. Et si on améliore l’autre, on améliore la société toute entière. » Le Réveil anicien

Comment adhérer à la franc-maçonnerie ?

Le Réveil Anicien : « Simplement en demandant. Il suffit d’écrire ses motivations sur le site du Grand Orient de France qui transférera la requête à la loge géographique concernée. Ensuite, ce candidat rencontrera des francs-maçons de son département. Son profil sera étudié par les membres de la loge en question, débattu, dépiauté. Ils délibéreront pour donner un avis positif ou négatif qu’ils partageront ensuite au président de la loge. C’est après ce stade que la personne connaîtra enfin l’avis de la loge maçonnique. »

Il répète : « Comme je vous l’ai dit, et pour casser toutes les idées reçues sur la franc-maçonnerie, nous sommes l’antipode d’une secte, ceci sur tous les points. Il est difficile d’y entrer mais facile d’en partir. Et le plus important, c’est d’accepter de faire grandir son esprit tout en faisant grandir celui des autres ».

 

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