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Mois sans tabac : faut il passer à la cigarette électronique ?

Par . . , Mise à jour le 02/11/2023 à 06:00

La huitième édition du mois sans tabac commence ce mercredi. Tous les fumeurs sont désormais invités à passer trente jours sans fumer et à trouver le meilleur moyen de mettre un terme à leur addiction. Pour se faciliter la tâche, certains utilisent la cigarette électronique. Mais aide-t-elle vraiment à arrêter de fumer ? Est-elle plus saine ? Nous avons tenté d'en savoir plus. 

Depuis 2016, en prenant exemple sur son voisin d'outre-manche, la France a fait du mois le plus triste de l'année, Novembre, "le mois sans tabac". Le principe est simple. En se basant sur des études qui démontrent que lorsqu'un fumeur parvient à tenir un mois sans fumer, il a cinq fois plus de chance d'arrêter définitivement, il s'agit de mettre au défi les adeptes du tabac, tout en leur proposant une palette de substituts ainsi qu'un accompagnement personnalisé.

L'impact de cette grande campagne de santé publique est positif dès son lancement et le nombre de fumeurs prêts à relever le défi ne cesse de croître d'année en année. Depuis sa création, un million de personnes ont déjà participé à l'opération. 

" Le tabagisme en France, c'est 200 morts par jour environ " Dr Anne Weess, cardiologue et tabacologue

Pour le Docteur Anne Weess, cardiologue et tabacologue que nous avons contactée pour l'occasion, la raison d'être de cette initiative est salvatrice tant les avantages liés à l'arrêt du tabac sont nombreux : "Le tabagisme en France, c'est 200 morts par jour environ, précise-t-elle. Il est à l'origine de multiples pathologies mortelles comme le cancer du poumon ou l'infarctus du myocarde. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'arrêter de fumer permet de réduire considérablement ces risques". 

D'après cette spécialiste, "le bénéfice cardio-vasculaire lié à l'arrêt du tabac est très rapide, puisqu'au bout d'un an d'arrêt effectif le risque coronaire est divisé par deux. Quant au risque de développer un cancer, il diminue également quoique plus doucement". 

Arrêter la cigarette c'est bien. C'est même nécessaire. Incontestablement. Mais comment le faire en douceur ? Comment ne pas replonger ? Depuis 2005, un nouveau substitut au tabac semble vouloir s'imposer sur le marché : la cigarette électronique, l' e-Cig pour les geeks.

La cigarette électronique c'est quoi ?

" Le vapoteur inhale de la vapeur, puis il la rejette sous forme d'un gros nuage blanc " Edith, responsable de la boutique Vaponot

E-cig VS cigarette

Utilisateurs :

500 000 pour l'E-cig

16 millions pour la cigarette

Budget moyen :

50 euros par mois pour l'E-cig

200 euros par mois pour la cigarette

Composants :

La E-cig vaporise du propylène de glycol.

La cigarette contient 50 composants cancérigènes.

 

Pour Edith, qui tient avec sa sœur Cécile, l'espace de vente Vaponot au Puy, "le principe d'une cigarette électronique consiste à produire de la vapeur à l'aide d'une résistance chauffante, l'atomiseur, qui vient chauffer un e-liquide". Elle poursuit : "Lorsque ce e-liquide s'évapore, le vapoteur inhale la vapeur, puis il la rejette sous forme d'un gros nuage blanc qui rappelle la fumée de cigarette mais qui n'a aucune odeur". Finies donc, les vieilles odeurs de tabac froid sur les vêtements. 

Les e-liquides sont vendus sous forme de flacons d'une contenance allant de 10 à 100 ml. Ce sont des mélanges aromatisés qui se composent généralement de propylène-glycol, de glycérine végétale, d'arômes et de nicotine sous différents dosages.

Des appellations un peu barbares, qui peuvent rebuter certains consommateurs. Une appréhension qu'Edith balaie d'un revers de la main : " Le propylène et la glycérine, on en consomme tous les jours, sans le savoir forcément. Ce sont des molécules qu'on utilise beaucoup dans l'industrie alimentaire et pharmaceutique ou dans certains produits cosmétiques". 

"Les dangers éventuels de la combustion de la cigarette électronique n'ont rien à voir avec les dangers bien réels de la cigarette" Dr Anne Weess

Pourtant, d'après certaines études, notamment anglo-saxonnes, lorsque ces liquides sont chauffés, il s'en dégagerait certaines substances dont l'inhalation pourrait porter atteinte, à long terme, à la santé des utilisateurs. Pour le Dr Weess, "les normes sanitaires anglo-saxonnes sont beaucoup moins strictes que les normes françaises et européennes en matière de qualité des liquides", ce qui pourrait expliquer certaines de ces conclusions, "et quoiqu'il en soit, les dangers éventuels de la combustion de la cigarette électronique n'ont rien à voir avec les dangers bien réels de la cigarette dont la combustion provoque la formation d'énormément de substances toxiques, dont des goudrons, des gaz toxiques et des métaux lourds". 

La cigarette électronique, un allié contre le tabagisme ?

Dans le commerce d'Edith et de Cécile l'ambiance est accueillante, à mi-chemin entre un bar branchouille et ... une salle d'attente. Deux clubs en velours, séparés par une petite table sur laquelle prônent quelques revues spécialisées, se font face. Ici on reçoit les clients, on aurait presque envie de dire les patients, pour une consultation personnalisée. Cécile en est persuadée, son commerce à un rôle à jouer en matière de santé publique.

Une ambiance accueillante, à mi-chemin entre un bar et une salle d'attente Photo par jfp

"Notre but, c'est vraiment de les aider à dépasser cette dépendance" Cécile, responsable de la boutique Vaponot

Et les deux sœurs s'en donnent les moyens : "On reçoit des gens âgés de 18 à 70 ans, issus de toutes les catégories sociales. Leur seul point commun, c'est que ce sont tous, en grande majorité d'anciens fumeurs ou des gens qui cherchent à arrêter. Quand ils viennent pour la première fois, on essaye d'établir avec eux leur degré de dépendance au tabagisme et à la nicotine. Notre but c'est vraiment de les aider à dépasser cette dépendance et de les accompagner dans leur démarche de sevrage en baissant progressivement le taux de nicotine présent dans leur liquide".

Un élément de langage à visée commerciale ? 

"C'est indéniable, la cigarette électronique est désormais devenue un allié incontournable dans la lutte contre le tabagisme" Dr Anne Weess

Le Dr Weess n'a aucun mal à reconnaitre que ce type de commerce puisse jouer un rôle en matière de santé publique : "C'est indéniable, la cigarette électronique est désormais devenue un allié incontournable dans la lutte contre le tabagisme. Le Haut Conseil de la santé publique la décrit comme un bon moyen de sevrage pour un fumeur qui souhaite arrêter le tabac sans l'aide d'un professionnel de santé. C'est un outil d'aide très efficace pour les victimes du tabac, qui est encore plus efficace s'il s'intègre à une prise en charge par un professionnel de santé".

Le Ministère de la Santé semble également aller dans ce sens, puisqu'il envisagerait d'ouvrir aux pharmaciens la possibilité de prescrire certaines cigarettes électroniques comme substituts au tabac.

700 000 personnes ont arrêté de fumer grâce à la cigarette électronique en 2017

Quoi qu'il en soit, et d'après les résultats d'un sondage de Santé Publique France publié au début de l'année 2021, 15 % des fumeurs ont utilisé une cigarette électronique lors de leur dernière tentative d'arrêt ou lorsqu'ils ont arrêté de fumer et 76 % des personnes interrogées ont déclaré que la cigarette électronique les avait aidées à arrêter de fumer. L'agence nationale de santé publique estime quant à elle, qu'en 2017, 700 000 personnes ont arrêté de fumer grâce à la cigarette électronique.

En 2017, 700 000 personnes ont arrêté de fumer grâce à la cigarette électronique Photo par jfp

"Beaucoup de mes patients hésitent encore à s'approprier ce substitut, certains en ont même peur" Dr Anne Weess

Paradoxalement, la même étude relève que plus de la moitié des personnes interrogées considèrent pourtant la cigarette électronique comme autant voir plus nocive que la cigarette traditionnelle. Un constat que partage également le Dr Weess : "Beaucoup de mes patients hésitent encore à s'approprier ce substitut. Certains en ont même peur. Alors que toutes les études démontrent que le fait de vapoter est beaucoup moins dangereux que le fait de fumer, la perception du risque chez les gens semble aller dans le sens contraire. On me parle beaucoup de complications cardiaques possibles du fait d'un usage exagéré de la nicotine. Mais il faut savoir qu'en France, le dosage en nicotine est fixé légalement. Même avec le dosage le plus important, en achetant du liquide aux normes françaises, votre risque de développer une maladie cardio-vasculaire est nul"!

"Elisabeth Borne est notre meilleure ambassadrice"

" Nous avons doublé notre chiffre d'affaires en 5 ans " Cécile

L'an dernier, 41% des 18-75 ans déclaraient avoir déjà expérimenté la cigarette électronique. La France compte aujourd'hui 5,5% de vapoteurs quotidiens, soit le double des chiffres de 2016 et le double de la moyenne européenne. Il s'agit d'un marché en pleine croissance. Ce que confirme Cécile : "Nous avons repris cette affaire il y a 5 ans, et depuis nous avons doublé notre chiffre d'affaires". Une croissance impressionnante qui fera sans doute rire jaune d'autres catégories de commerçants.

La raison d'un tel engouement?

Pour Cécile, "la clope, c'est de plus en plus ringard et c'est très cher, trop cher pour toute une catégorie de gens. La cigarette électronique, par contre, en plus d'être un produit qui permet de se détacher du tabac et de ses méfaits, est un produit ludique et bien plus économique que le tabac". 

Et de conclure, sourire aux lèvres, " Elisabeth Borne est notre première ambassadrice, elle vapote sur les bancs de l'Assemblée-Nationale".

Elisabeth Borne vapote sur les bancs de l'Assemblée Photo par AFP

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