La CGT, la FSU, l’Unsa, Sud et Force Ouvrière (FO). Devant la gravité du drame survenu à Arras, où l’enseignant Dominique Bernard s’est fait massacré par un terroriste islamiste le 13 octobre, les différents syndicats de Haute-Loire s’étaient mis d’accord pour s’unir en pleine humanité. Sans drapeau à l’effigie de chacun, sans couleur, sans badge. Juste humain.
Avant ce moment de recueillement, ils avaient préparé un discours commun, qui devait être lu paragraphe par paragraphe avec une voix différente, chacun son tour. Et ensemble, il devait porter la gerbe de fleurs afin qu’elle soit déposée devant l’Arbre de la Liberté, celui dont l’écorce, les branches et les feuilles sont emplies des symboles et des valeurs de la France.
« Nous voulions faire un discours commun, humain et solidaire. Eux ne voulaient pas »
« C’est l’Unsa à l’origine de cette idée de fraternité, confie une adhérente de la FSU. Comme un peu partout dans le pays, nous avions convenu de faire un hommage citoyen et sûrement pas politique ou revendicatif ».
Le syndicat FSU poursuit : « La CGT, la FSU et Sud se sont aussitôt ralliés à l’Unsa. Mais FO n’était pas emballée. Finalement, après trois jours de travail et devant notre union, Force Ouvrière a finalement cédé, mais avec des contreparties. Nous, nous voulions faire un discours commun, humain et solidaire. Eux ne voulaient pas, préférant un texte plus revendicatif, montrant du doigt les défaillances du ministère. Quoi qu’il en soit, personne ne devait afficher son appartenance à tel ou tel syndicat ».
« Il est parfois nécessaire de cacher les drapeaux et les couleurs pour montrer que nous sommes avant tout des frères et des sœurs, main dans la main, ensemble contre la barbarie ». L’intersyndicale (sauf FO)
« Ce soir, devant la mairie du Puy comme devant toutes les mairies de France, cet hommage n’appelait qu’à l’unité »
La militante de la FSU, au titre de l’intersyndicale, répète alors : « Ce n’était pas le lieu ni le moment de faire le discours préparé par FO. Plus tard, nous en viendrons. Mais là, ce soir, devant la mairie du Puy comme devant toutes les mairies de France, cet hommage n’appelait qu’à l’unité. Il est parfois nécessaire de cacher les drapeaux et les couleurs pour montrer que nous sommes avant tout des frères et des sœurs, main dans la main, ensemble contre la barbarie ».
Nous avons tenté de contacter Vincent Delauge, secrétaire général FO, présent à l’hommage de ce lundi 16 octobre. En vain. Nous avons joint le siège de FO. Leur réponse : « Nous ne voulons pas revenir sur le sujet et nous n’avons rien à déclarer »
« Je pense qu’ils se sont clairement tirés une balle dans le pied »
Alors que la CGT, la FSU, l’Unsa et Sud respectent à la lettre l’accord intersyndical, FO dévoile alors ses grands drapeaux rouges devant plus de 200 personnes tout en lisant son propre discours sur sa propre sono.
Dans le public, les réactions ne se font pas attendre. « Je suis sidéré par cette récupération !, partage un homme. Ecœuré ! » Une autre dira : « FO n’a rien respecté. Les autres, par contre, ont été très dignes ». Ou encore : « Ce sont les seuls avec leur drapeau ! Sérieux ! Ils ont pas honte ? »
« Je pense qu’ils se sont clairement tirés une balle dans le pied, ce soir, se désole un troisième. D’ailleurs, ils ont vite rangé les drapeaux pour partir aussitôt. Et j’espère que cette image déplorable va leur coller à la peau pendant un sacré long moment ».