Quand Cyril Thomas de l’Inspection académique se tient devant les dizaines d’enfants, scolarisés du CP au CM2 à l’école de la République à Brives, ces derniers se semblent pas vraiment comprendre le poids des mots distillés dans la cour.
Ils écoutent en silence ce qu’il s’est passé, là-bas, à Arras, le vendredi 13 octobre 2023. Ce jour là, comme il y a trois ans déjà, un homme a massacré un autre homme. Ce jour-là, un homme a poignardé une profession et toute la République.
« Trois ans après, ça recommence ! »
Le 13 octobre 2023, comme le 16 octobre 2020 avec la mort de Samuel Paty dans le Val d’Oise, ces jours seront funestement inscrits dans les livres d’histoires.
« Quand on voit qu’il y a des gens capables de tuer pour des idées contraires aux vôtres, des visions différentes ou des arguments opposés, c’est d’une gravité sans nom, déplore Gilles Delabre, maire de Brives-Charensac. Trois ans après, ça recommence ! On avait vraiment l’impression de vivre dans un autre temps, de vivre au moyen-âge ».
Dur de saisir la gravité d'un tel acte pour des jeunes enfants de 8 ans.
Photo par Nicolas Defay
« Il faut qu’on arrive à éradiquer tous ces gens fichés S »
À la question de savoir comment l’État pourrait agir contre ces actes terroristes, Gilles Delabre répond : « Je souhaite que le gouvernement légifère rapidement sur le sujet. Il faut qu’on arrive à éradiquer tous ces gens fichés S, tous ces gens dangereux pour la France. On ne peut pas laisser tuer les gens comme ça, sans réagir, sans qu’il y ait une réponse à hauteur de l’acte ignoble perpétré ».
Les hommages envers Dominique Bernard et Samuel Paty se multiplient à travers le département. Un rassemblement est prévu ce lundi 16 octobre à 18h30 devant la mairie du Puy-en-Velay. Une gerbe de fleurs sera déposée devant l'Arbre de la Liberté.
« Nous ne faisons qu’Un, face à ce genre de situation. On fait face, ensemble »
Parmi les personnes présentes, une partie de l’équipe municipale de Brives se tient aux côtés des élèves et des enseignants. Véronique Roche, directrice de l’école publique, confie son ressenti sur le dramatique évènement. « La présence de l’inspecteur de l'Éducation nationale démontre l’union de notre profession, souffle-t-elle. Cela rappelle que nous ne faisons qu’Un, face à ce genre de situation. On fait face, ensemble ».
« Parfois, on reçoit des paroles terribles des élèves. Des paroles qui vous restent en tête. Je me souviens qu’un élève du CM m’avait demandé si les attentats du Bataclan signifiaient la fin du monde. À chaud, on ne sait quoi répondre ». Véronique Roche
« Nous en discutons pour nous mais aussi pour savoir comment en parler aux élèves »
Véronique Roche poursuit : « Oui, j’éprouve un sentiment d’effroi. Peut-être de peur. Mais à l’opposé, cela nous persuade encore plus à accomplir notre mission. Celle d’inculquer aux enfants les valeurs de la République comme l’humanisme et la laïcité, par exemple ».
Elle ajoute aussi : « Entre enseignants, nous en discutons pour nous mais aussi pour savoir comment en parler aux élèves. Les enjeux sont importants car il nous faut leur répondre de la manière la plus adaptée possible pour leur âge et leur sensibilité ».
« Il existe des livres forts que les élèves peuvent aisément comprendre »
À la fois directrice et enseignante au CE2, Véronique Roche explique que des textes seront étudiés en classe pour aborder le sujet. « La littérature nous aide beaucoup en ce sens, termine-t-elle. Il existe des livres forts que les élèves, en dépit de leur jeune âge, peuvent aisément comprendre ».
Ci-dessous, l'hommage rendu à Dominique Bernard par l'Inspection Académique de la Haute-Loire, la municipalité de Brives-Charensac et les élèves et enseignants de l'école de la République ▼
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