En ce beau dimanche du 8 octobre, ils sont 250 à avoir répondu à l’appel de l’association La Puycyclette. Le point de rendez-vous, la gare du Puy-en-Velay. Le départ, 15 heures. L’objectif de cette Vélorution, sensibiliser le plus grand nombre sur les bienfaits de l’usage du vélo pour se déplacer, que ce soit sous un aspect de loisir que professionnel.
Jusque là, rien de nouveau par rapport aux opus des années écoulées. Sauf un détail. La notation colorée des zones urbaines en fonction de leur degré accidentogène. Vert signifie que tout roule. Rose indique un point acceptable mais nécessitant des équipements pour passer au vert. Et rouge pour les candidats au suicide tant le secteur s’avère des plus dangereux.
Plus de 200 personnes ont fait leur Vélorution, ce 8 octobre, au Puy-en-Velay.
Photo par Nicolas Defay
« Il reste de graves et nombreuses anomalies dans l’Agglomération du Puy »
« Nous rencontrons presque tous les mois des élus de différentes municipalités de l’Agglo et du département pour faire le point sur la mobilité cycliste, explique Pierre Sahuc de l’association Puycyclette. Notre objectif aujourd’hui est de les sensibiliser sur les bons points et les mauvais »
Il poursuit : « Tout n’est pas à jeter. Des panneaux M12 (qui octroient aux cyclistes de marquer un feu tricolore comme un cédez-de-passage) se multiplient dans la ville. Des aménagements comme les arceaux à Simone-Weil sont également à souligner positivement. Mais il reste de graves et nombreuses anomalies dans l’Agglomération du Puy, entre autres ».
« Notre objectif final est de voir plus de pistes cyclables au Puy. Le boulevard du Breuil, par exemple, est une verrue totalement anachronique dans une ville si touristique. Il comporte 6 voies (4 roulantes et deux de stationnement) seulement pour les voitures ! » Magalie Fraisse, de la Puycyclette
Toutes les générations étaient là pour le grand rendez-vous.
Photo par Nicolas Defay
Ils ont traversé le pont de la mort
Les centaines de vélos, les engins à propulsion musculaire, leurs cousins électriques, les tricycles, les cargos, les tandem, les vélos couchés...ont parcouru une longue boucle d’environ 8 km pour cette Vélorution. Ils sont d’abord partis de la gare multimodale du Puy pour atteindre la Zone de Chirel.
Les cyclistes, des plus jeunes aux plus sages, ont ensuite emprunté l’avenue de Vals, la rocade d’Aiguilhe et l’avenue des Champs Elysées à Chadrac. Point de peur, ils ont traversé le pont de la mort à côté du stade de Rugby, pour remonter la route de Montredon et s’échouer dans le centre du Puy vers 16h30.
La Puycyclette invite les habitants de l’agglomération à signaler des équipements qui mériteraient leur carton. Pour cela, cliquez sur ce LIEN.
Magalie Fraisse et Pierre Sahuc, tous deux dans le collège de la Puycyclette.
Photo par Nicolas Defay
Et les nominés sont…
Concernant les secteurs qui ont reçu leur carton coloré, trois rouges, deux roses et un vert ont été délivrés. Le quartier du Val-Vert prend un rouge car « rien n’est prévu pour les vélos alors que la loi LOM oblige normalement les collectivités à y prévoir un aménagement vélo dans ce cadre », soulève Magalie Fraisse.
Un rouge également pour le Breuil avec ses accès dédiés aux seules voitures et camions.
Enfin, le dernier cancre est la piste cyclable à proximité du gymnase Quincieux. « L’aménagement existe, c’est vrai, admet Pierre Sahuc. Mais la piste débouche directement sur la voie automobile ce qui est très dangereux ! »
Le bas du Breuil s’en sort mieux avec la présence récente d’un panneau M12. « L’idée, là, n’était pas de sanctionner mais de dire qu’il y a du potentiel d’amélioration », précise Pierre Sahuc.
Le second rose revient à l’avenue de Vals. « Il y a, à la fois, la combinaison d'une rue qui est extrêmement passante pour les voitures et un trottoir gigantesque sur lequel une voie cyclable pourrait s’y greffer à la perfection sans gêner personne », lance Magalie Fraisse.
Enfin, le bon élève est le secteur de Simone Weil. Un vert pour la pose des arceaux à vélo. « C’est un gros effort fait à ce niveau là et on espère qu'il va continuer encore », félicite Pierre Sahuc.
La Puycyclette et ses 250 adhérents ? Ce sont eux ▼▼▼ (Cliquez sur les flèches pour dérouler l’info)
Créée en octobre 2021, c’est l'association des usagers de la bicyclette au quotidien sur le Puy-en-Velay et son agglomération. Elle regroupe près de 250 adhérents. Ses actions sont nombreuses : vélorutions, ateliers participatifs, cartographie des aménagements et points noirs cyclables, dialogue avec les élus dans le cadre des aménagements de voirie… Son but premier : développer l'usage du vélo au quotidien.
La Puycyclette est également adhérente de la FUB, Fédération Française des Usagers de la Bicyclette, elle-même à l’origine de nombreuses initiatives pour encourager la pratique du vélo (Vélo École, aide pour la création de stationnement, accompagnement des employeurs pour la mise en place de mesures incitatives…)
Grâce à la FUB, la Puycyclette a accès à une expertise de haut niveau sur les bonnes pratiques dans la création d'aménagements cyclables et propose ses conseils aux collectivités pour tous les aménagements de voirie.
« Ce n’est pas en mettant quelques coups de peinture blanche sur la route que ceux qui décident pour nous vont s’acheter une conscience. De la peinture ne protège pas les cyclistes ». Nathalie, "vélorutionneuse"
La Vélorution s'est terminée devant l'Hôtel de ville du Puy-en-Velay.
Photo par Pierre Sahuc
« Est-ce qu’un élu aura assez de courage ? »
Nathalie, participante à l’évènement, insiste : « Il faut que les autorités prennent enfin conscience que de plus en plus de personnes utilisent un vélo pour se déplacer. Quand est-ce qu’un élu aura assez de courage pour faire appliquer des choses avec la réalité du terrain ! »
Elle ajoute : « Ce n’est pas en mettant quelques coups de peinture blanche sur la route que ceux qui décident pour nous vont s’acheter une conscience. De la peinture ne protège pas les cyclistes. Ce sont de vrais aménagements que l’Agglo se doit d’engager. Pour le respect des cyclistes mais aussi pour les automobilistes qui se sentiront plus à l’aise en partageant la même chaussée ».
Pierre Sahuc termine en ces mots : « Un aménagement cyclable mal fait, c'est de l'argent public gaspillé. On a tous intérêt qu’ils soient réellement utiles, bien pensés et réellement utilisés. Si personne ne s’en sert car inadaptés, à quoi bon ? Tout le monde est perdant ».
